Alors que sa scène Black ne cesse de prendre de l’ampleur et de gagner en notoriété l’Islande reste paradoxalement peu présente au sein du metal de la mort, malgré qu’elle ait eu des formations de qualité dans ce style, notamment les regrettés SORORICIDE qui n’ont malheureusement pas eu la carrière qu’ils étaient en droit d’espérer. Cependant depuis déjà une décennie BENEATH a brillamment reprit le flambeau en devenant la tête de gondole du genre dans son pays, il faut dire qu’après deux albums de haute tenue (les excellents
« Enslaved By Fear » et
« The Barren Throne ») les espoirs autour du quintet ont été largement comblés, et celui-ci revient aujourd’hui avec sa nouvelle réalisation qui va surprendre un peu lors des premières écoutes, mais tout en confirmant son grand talent. Car force est de reconnaître qu’on était un peu dans l’expectative quand la nouvelle du départ de Ragnar Sverrisson a été annoncée, le batteur étant par son jeu puissant, carré et technique un des éléments clés de la bande et le remplacer n’allait pas être une mince affaire. Mais plutôt que de perdre du temps à trouver un titulaire au poste, le quartet restant a décidé de faire appel à un frappeur de session, et c’est Mike Heller (actuellement dans MALIGNANCY et FEAR FACTORY) qui a été retenu et qui sort une prestation remarquable du début à la fin, tout en conservant la patte de son prédécesseur. L’autre point étonnant est la durée courte de cette galette, puisqu’avec à peine neuf titres pour trente-six minutes celle-ci est la plus courte jamais enregistrée par les Scandinaves, plutôt habitués jusqu’alors à faire durer leurs compositions, tout le contraire d’ici où une seule dépasse les cinq minutes. Du coup comme on va s’en apercevoir ce nouveau bébé est plus compact et direct, mais sans perdre sa puissance et ses riffs de qualité signés des deux Sigurdsson qui se sont surpassés poussant le reste de leurs acolytes à en faire autant.
En effet tout au long de l’écoute la linéarité sera absente, malgré de nombreuses cassures et de variations de rythmes qui ne tombent jamais à plat, d’ailleurs d’entrée on entend cette brutalité couplée à des breaks ravageurs via le court « Constellational Transformation » qui met tout le monde d’accord. Outre une précision impeccable du frappeur qui n’hésite pas à enchaîner les roulements pour plus de variations, on remarque également la voix impressionnante du jeune Benedikt Natanael Bjarnason qui a fait définitivement oublier Gisli Sigmundsson, et a encore gagné en tessiture et en force, via des growls caverneux qui n’ont plus rien à envier aux ténors d’outre-Atlantique. Pas de quartier donc en guise de démarrage et c’est tant mieux, peu de ralentissements également au bout de cet opus avec « Medium Obscurum » qui en à peine deux minutes trente n’a pas le temps de se poser de questions et d’en faire trop, pourtant au milieu de ce déluge de furie sonore éphémère les gars arrivent à placer des passages lourds et écrasants, comme pour montrer que rien ne leur fait peur, avant d’enchaîner ensuite sur « Amorphous Globe » ultra-rapide et explosif mais qui n’oublie pas de ralentir, même si la priorité va encore à la violence et aux missiles blastistiques. Mais entre ces deux extrémités le reste va se faire plus apaisé et la brutalité bien que toujours présente, se retrouve plus disséminée et enveloppée au milieu d’ambiances plus aériennes et de lourdeur totale à en faire mal à la nuque. On peut facilement citer le morceau-titre tant son découpage en trois parties est redoutable, et laisse les passages massifs et les tapis de double en début et fin faire leur job avec facilité et efficacité, sans oublier en son milieu des moments plus remuants et rapides, et le constat est le même pour « Alignments » qui suit. Ici une place importante est laissée libre au jeu mélodieux, aérien et spatial des guitaristes qui ne se privent pas de se faire plaisir, le tout avec des passages bourrins et écrasants avant et après cela, pour une tuerie totale qui s’avère une des meilleures compos de cet album. Dans le même esprit « Guillotine » est un peu la suite logique de ce précédent titre, sauf qu’ici la vivacité est moins mise en avant car la bande mise d’abord sur les ambiances et les passages plus posés, pour un rendu là-encore parfait, à l’instar de « Multiangular » au schéma quasiment similaire où les deux extrémités s’accordent parfaitement et sont en symbiose totale. Le summum est atteint avec le long et prenant « Cities Of The Outer Reaches » qui met en avant toutes la palette technique des descendants Vikings et de son marteleur Américain, sans jamais souffrir de redondance et de répétition, et qui montre qu’ils ont franchi un cap.
Si leurs deux premières livraisons étaient déjà de haut niveau celle-ci les surpasse et prouve qu’ils ont encore progressé dans leur écriture tout en montant encore d’un cran dans la hiérarchie du Death actuel, qui devrait enfin leur donner une reconnaissance méritée et légitime. S’il est vrai que le gang de Reykjavik souffre de la vague noire de ses compatriotes il devrait enfin tirer son épingle du jeu, avec ce qui est à ce jour son meilleur disque, le plus touffu et complet, où la mélodie trouve également sa place sans faire tâche avec le reste. Autant dire que la longue attente en valait la peine, et que les espoirs placés sur eux par Unique Leader (qui les suit depuis leurs débuts) sont largement confortés. Avec en prime une production moderne, puissante et chaude, qui ne tombe pas dans le plastique comme c’est trop souvent le cas sur le label, et ses membres qui jouent une musique d’une grande technicité sans tomber dans la branlette de manche et le trop-plein bourratif, ce « Ephemeris » est une réussite totale de A à Z qui confirme s’il le fallait encore, que le pays de la glace est un des meilleurs pourvoyeurs de talents actuels, et que le Death de 2017 est d’un cru millésimé et hautement qualitatif.
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