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Iskald - Revelations of Reckoning Day

Chronique

Iskald Revelations of Reckoning Day
Le syndrome de la page blanche… C'est un truc que l'on redoute tous, quand on doit écrire. On peut essayer de se dire que ça n'arrivera pas, qu'on aura toujours une idée d'intro qui fera se pâmer le lecteur d'admiration et que le développement suivra comme par magie… Mais non. Elle finit toujours par arriver, cette maudite page qui ne veut pas se noircir.

On peut toujours se rassurer, se dire que ça peut arriver aussi aux musiciens, aux graphistes… Dans cette situation, il n'y a qu'une seule chose à faire : prendre sa plume, et se forcer à avancer, quitte à écrire n'importe quoi, composer n'importe quoi, dessiner n'importe quoi, multiplier les figures de style les plus lourdes qui soient, jusqu'à finir par capter cette petite particule d'inspiration qui passait par là, et retrouver enfin son génie coutumier.

Sauf que parfois, pas de bol, on fini par avoir noirci sa page sans jamais avoir eu l'Idée, le petit truc qui donne vie à une œuvre ; là, c'est très probablement l'histoire de ce Revelations of Reckoning day que je viens de vous conter.

Cet album est le second de Iskald, jeune duo norvégien composé de Simon Larsen au chant, aux guitares, à la basse et aux claviers (uniquement présent lors des interludes) ainsi que de Aage André Krekling à la batterie et aux backings, œuvrant dans un black mélodique qui se veut à la fois recherché et glacial, mais peut-être aussi un peu trop ambitieux… Dès la première écoute, on sent que le groupe a voulu donner un coté très épique à son album : les morceaux sont longs et composés de très nombreux riffs différents, les parties rapides, qu'elles soient mélodiques ou plus frontales, s'enchaînent aux parties mid-tempo, et surtout nous sommes en présence de deux guitares ne jouant jamais la même chose, mais qui cherchent la complémentarité.
De par le coté mélodiques des riffs et la construction des morceaux, une référence vient rapidement à l'esprit : le Immortal de At The Heart Of Winter. Cependant, on se rend compte que les influences d'Iskald sont principalement à aller chercher du coté de la Suède, les guitares venant souvent tenter de se frotter aux références que sont Sacramentum, Setherial ou Thy Primordial.

Et c'est là que le bat blesse. Nos norvégiens n'ont en effet ni le talent, ni la maturité musicale pour aller chasser sur les terres de leurs aînés… Par la faute d'une ambition trop grande, le groupe ne parvient à nous offrir qu'un album monolithique et poussif au possible. S'il est un pari qu'Iskald a su tenir, c'est celui de nous offrir une musique glaciale : pour être gelée, elle l'est. Rien ne bouge tout au long de ces neuf titres, dont deux interludes, le tempo est désespérément constant d'un morceau à l'autre, les lignes de chant sont toutes strictement identiques (et parmi les plus soporifiques jamais entendues dans le black metal), les patterns de batterie ne sont guère plus variés et les riffs s'enchaînent sans aucune cohésion ni vision d'ensemble, aucune progression ne se faisant sentir : les différentes parties semblent n'être jetées au sein des morceaux que par hasard, et sont répétées deux ou quatre fois avant de laisser place à la suivante, empêchant ainsi toute amorce de mise en place d'ambiance. L'exemple le plus éloquent est Dommedag, qui vient clore l'album en se terminant pitoyablement en fade out, sans réel final, donnant ainsi l'impression de partir en s'excusant après avoir tourné en rond pendant cinq minutes.

Mais ce qui gène le plus dans ce Revelations est paradoxalement ce qui aurait pu, et du, être sa plus grande qualité, à savoir l'interaction entre les deux guitares. Là où Sacramentum a su toucher au divin, voire même établir de nouvelles normes de divinité, et ce avec un naturel confondant, Iskald ne semble qu'essayer d'appliquer une formule, mais sans en avoir compris l'essence. Chaque riff semble artificiel et forcé, les juxtapositions de mélodies sont souvent très maladroites et parfois même vulgaires, sans jamais que la sensation d'emphase nécessaire au genre ne soit rien qu'esquissée.
Le jeu très mécanique et désincarné de Simon ne fait que renforcer cette impression de manque de naturel, et une interrogation vient se profiler : l'album n'aurait-il pas été composé à partir de copier-coller erratiques de mélodies sur Guitar Pro (un logiciel d'écriture de tablatures très simple d'emploi et extrêmement répandu) ? Le manque de logique et de cohérence de bien des parties de guitare de cet album y trouverait son explication, ainsi que l'interprétation qui semble très marquée par le « feeling » de lecture de ce logiciel.
Dès lors, on comprend mieux la construction bancale de l'album : quasiment chaque riff, qu'il soit rapide ou non, est totalement interchangeable, car dénué de sens qui lui soit propre ou de fonction ; tous semblent indépendants les uns des autres au lieu d'être composés dans le but de créer une progression, pourtant indispensable dans le cadre de morceaux longs de six minutes en moyenne. Et jamais un riff au feeling naturel ou aux guitares à l'unisson de venir redonner de l'intensité…

Bien sûr, tout n'est pas à jeter chez Iskald : bien que leur musique ne soit jamais transcendante, ni même vraiment enthousiasmante, elle n'est pas non plus réellement désagréable, certains riffs réussissant tout de même à tirer leur épingle du jeu avant que leur effet ne soit irrémédiablement gâché par le suivant. Seul Journey in Hell se détache du lot : le groupe laisse plus de place aux ambiances en exploitant un peu plus intelligemment les répétitions et les enchaînements, et fait preuve de plus de maturité en cherchant moins à caser le maximum de riffs possible, pour ne retenir que ceux qui fonctionnent ensemble avec cohérence. A ce titre, ce morceau laisse entrevoir un avenir un peu plus prometteur pour Iskald s'ils continuent dans cette voie.
D'un point de vue technique, et hormis l'horripilant chant, on ne peut rien reprocher à notre duo, qui joue parfaitement en place à défaut de le faire avec imagination. De même pour la production, certes impersonnelle et sans âme, mais claire et concise, elle permet en particulier de bien distinguer le travail de chacune des guitares.

Iskald nous livre donc avec ce Revelations of Reckoning Day un album qui, à défaut d'être bon, n'en est pas pour autant mauvais, mais qui souffre d'un manque complet de flamboyance dans la composition, nos norvégiens s'étant montrés beaucoup trop ambitieux : pour convaincre, le groupe devra veiller à la cohérence de ses compositions, plutôt que de nous présenter de simples collections de riffs. Si à l'avenir ils réussissent à canaliser leurs idées, peut-être leur troisième album sera-t-il intéressant, mais en l'état, rien ne reste réellement en mémoire, même après un bon nombre d'écoute.
Iskald a en quelque sorte réinventé l'encre invisible : même après avoir noirci des pages et des pages de papier à musique, elles n'en restent pas moins vierges…

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Iskald
Black metal mélodique
2008 - Indie Recordings
notes
Chroniqueur : 5/10
Lecteurs : (3)  7.67/10
Webzines : (18)  7.83/10

plus d'infos sur
Iskald
Iskald
Black Metal mélodique - 2005 - Norvège
  

tracklist
01.   Ruin of Mankind
02.   A Breath of Apocalypse
03.   Warriors of the Northern Twilight, Part II
04.   Endtime
05.   The Orphanage
06.   Det Stilner Til Storm
07.   Tartarus
08.   Journey to Hel!
09.   Dommedag

Durée : 48'00

line up
parution
29 Septembre 2008

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