The Gates Of Slumber - The Wretch
Chronique
The Gates Of Slumber The Wretch
Aaaah, le plaisir de se prendre une fessée… inattendue ? Pas vraiment, The Gates Of Slumber étant devenu un de mes groupes à suivre depuis Conqueror, de ceux qui offrent exactement ce que tu pars y chercher à savoir du heavy/doom/club de la loose tellement jouissif que t'en oublies la balle dans le pied Sanford Parker. Mais, ô joie, ce dernier s'en est allé produire d'autres plus adaptés à son travail (les excellents Bloodiest et Indian par exemple). O surprise, le trio de l'Indiana a tourné sa veste sur The Wretch en effectuant un retour aux sources ! Un choix étrange au regard de la réussite de Hymns Of Blood And Thunder et sa musique délaissant un peu plus la lourdeur pour l'épique Manowarien, qui s'explique par une volonté assumée (cf. le discours à la fin du livret de l'album et les divers messages sur facebook agrémentés de vidéo de trad doom façon « le bon vieux temps ») et une succession de merdes arrivées en 2010 (départ du batteur Iron Bob Fouts au profit de J. Clyde Paradis, déprime générale après leur tournée). En résumé, ça va mal et tu vas l'apprendre ! The Wretch est doom, deal with it, LE doom expliqué en huit leçons pour autant de baffes.
Alors, le doom, c'est quoi ? En premier lieu, des références assumées. The Gates Of Slumber laisse les armes, vaincu, pour l'église sabbathienne qu'il n'a jamais vraiment quittée, celle gardée par le Reverend Bizarre, vénérant le Saint Vitus. Le meilleur endroit pour avoir une Revelation comme chacun sait, qui s'inscrit en nous dès les premières secondes de « Bastards Born » où les cartes tombent sur la table : groove et alcool triste pendant près d'une heure. Si l'on remarque une certaine menace rappelant les guerres d'autrefois (située principalement en introduction à l'image de l'avthentiqve « The Scovrge Ov Drvnkeness » et sa batterie rampante), les musiciens finissent toujours accoudés au bar, leurs gros doigts d'ouvrier quadra sur le visage, prouvant à qui en doutait que…
… le doom est du hardcore moins les muscles, plus la bedaine. Minimaliste, The Wretch joue ténu et en longueur, l'élévation de tempo sur « Coven Of Cain » étant une incartade dont les vrombissements empêchent la baisse d'attention au milieu de long-formats recueillis. Les instruments sont parfaitement maitrisés, signe que ce qu'on nomme communément le savoir-faire conduit l'œuvre. Karl Simon susurre, piaule, hausse le ton avec une sincérité désarmante (ce ricanement sur l'éponyme... deux secondes dont l'amertume marque au fer). C'est globalement le jeu dans son entier qui a atteint un niveau que Hymns Of Blood And Thunder ne laissait que présager. The Gates Of Slumber arrive à allier feeling et justesse à l'aide de rythmiques de plain-pied, soli pertinents bien que multiples et symbiose entre guitare et basse (interprétation superbe de Jason McCash sur « The Scovrge Ov Drvnkeness » et « Castle Of The Devil » notamment). Raison pour laquelle il ne paye pas de mine au départ, sa domination utilisant l'aisance au lieu du catchy pour s'imposer. Les critiques se révèlent progressivement vaines face à ce disque qui accumule les titres grandiloquents les uns sur les autres sans se vautrer (et toujours véridique dans leur grandeur, il n'y a qu'à écouter l'esseulé « Castle Of The Devil » ou lire les paroles de l'éponyme pour s'en rendre compte).
Mais surtout, le doom, c'est beau, beau comme du Oxbow. The Wretch n'est pas une nostalgie ironique, il est naïf dans sa ferveur. D'une grâce constante jusqu'au terme d'un « Iron And Fire » impressionnant par sa durée et son final en feu d'artifice, il se pose en frère de ces maîtres qui ont chanté avant lui l'abandon avec cette sensualité rêche si touchante dans sa ringardise, généreuse dans son émotion. La production confiée à Jaime Arellano (Ghost, Angel Witch) est enfin à la hauteur des aspirations du groupe : chaude, limpide tout en érodant les riffs, donnant un son vinylique aux compositions où le vieux ne délaissent pas la puissance. Une dernière qualité asseyant The Gates Of Slumber sur le trône du traditionnel, seule alcôve encore capable de transmettre ce frisson que procure l'émerveillement. Car le doom, c'est du metal, du rock et surtout du blues et de la soul, qui depuis des dizaines d'années paraissant des siècles fait dadadudoom et continuera à faire dadadudoom sans rien y changer, toujours avec le même sentiment d'éternité et ce même cœur qui bat lentement, fort.
| lkea 4 Juillet 2011 - 3185 lectures |
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