Friends Of Hell - Friends of Hell
Chronique
Friends Of Hell Friends of Hell
Grand fan de Sami Hynninen alias Albert Witchfinder, guettant régulièrement son actualité, je ne pouvais que me jeter sur ce premier album de Friends of Hell où il tient le micro, accompagné de Tas Danazoglou (Satan’s Wrath et ex-Electric Wizard, initiateur du projet), Taneli Jarva (ancien Sentenced et Impaled Nazarene) et Jondix (guitariste méconnu, membre du groupe de heavy metal Mercury Gates). D’autant plus que ce disque marque le retour au premier plan du label Rise Above, ces derniers temps plutôt discret, Tonton Lee ayant été visiblement plus occupé à la création de son magasin (Rise Above Records & Relics, situé à Londres).
L’histoire n’aura pas échappé aux amateurs de doom. Fondé il y a peu, Friends of Hell est né avec l’objectif de faire revivre une certaine idée du doom traditionnel, aujourd’hui tombée en désuétude. Rares sont de nos jours ceux décidant de faire brûler la flamme apportée par les Pentagram, Witchfinder General (dont les plus perspicaces auront compris que Friends of Hell rend directement hommage, son nom étant issu du deuxième album des Anglais), Saint Vitus, Trouble ou encore les débuts de Candlemass. C’est clairement dans cet héritage-là que s’inscrit le quatuor, celui s’étalant des années 80 au milieu des années 90, quelques influences du Cathedral époque Carnival Bizarre pouvant également se faire sentir (cf. « Evil They Call Us » par exemple).
Avec son line up présenté comme prestigieux – alors que, Albert excepté, les noms ne sont pas ici parmi les plus marquants –, on pourrait ranger rapidement ce premier album au sein de ces projets parallèles sans grand intérêt réunissant des vieux de la vieille capitalisant plus sur leur renommée que sur ce qu’il crée ensemble. Rien de tout cela en vérité, Friends of Hell laissant penser ici qu’il a choisi son nom non seulement en référence à une époque révolue du doom metal mais aussi pour appuyer l’amitié qui lie les personnes le constituant. Il y a ici une joie palpable de jouer les uns avec les autres, la bande usant avec un plaisir affiché des codes du genre (jusqu’à des paroles délicieusement kitsch rappelant l’humour particulier que le Finlandais appréciait déjà utilisé dans Reverend Bizarre). Clairement, ceux qui chercheront au sein de ces quarante minutes une sensation de nouveauté en seront pour leurs frais : avec ses riffs AOC, sa voix solennelle, tantôt perchée, tantôt incantatoire, sa batterie toute en régularité, mid-tempo groovy et accélérations rock, ce disque reste dans les clous scellant le cercueil de ce doom si typique. À vous de voir si cela est un problème pour vous ; pour moi, au contraire, réside ici une des qualités de cette musique faisant sienne la mission de ressusciter un style malheureusement trop absent de nos jours.
Surtout que c’est avec un talent certain que Friends of Hell use de cette charte éthique du « vrai doom metal ». Il est impossible de ne pas relever la tête de nombreuses fois, l’envie de chanter à tue-tête, notamment lors de refrains particulièrement réussis (mention spéciale à « Into My Coffin », « Gateless Gate » ou encore le morceau-titre), venant régulièrement. À ces lignes de chant mémorables (Sami n’est pas le plus technique des chanteurs du genre mais clairement un des plus charismatiques) s’ajoutent des guitares accrocheuses, chaque titre pouvant prétendre au statut de single. Aidé d’un format resserré visant le « All killer ; No filler », l’ensemble paraît ne jamais perdre son temps – on ne rigole pas au fond, c’est tout à fait possible dans le doom –, s’appuyant sur la diversité de ce doom pouvant se montrer, derrière les clichés monotones qu’on lui colle d’habitude, enfiévré, dansant, emphatique, fier, éploré… et constamment jouissif, à l’image du satanisme ému de « Orion’s Beast » montrant que la troupe n’est pas là que pour faire sourire béatement (une lourde atmosphère d’occultisme rance parsème l’ensemble, ajoutant ce qu’il faut de sérieux à ce jeu nostalgique).
De bonbon dédié aux amateurs d’un doom metal canonique dont on peine à trouver de quoi se rassasier aujourd’hui – hé ! Purification ne peut pas sortir un album toutes les deux semaines –, ce premier jet de Friends of Hell passe rapidement d’indispensable de cette année, tant il dépasse une première impression trop scolaire pour au final apprécier à quel point il s’est approprié son propre sujet imposé. S’il manque ici un peu d’ambition, possiblement un ou deux titres cherchant à montrer son amour pour le doom en grand format (encore que, « Wallachia » convainc sur ce point), cette révérence finit par s’imposer comme une belle manière de rendre hommage à ce style. Puisse-t-elle ne pas être la seule de leur part !
| lkea 18 Juillet 2022 - 2004 lectures |
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