Ça fait quelques jours qu’on est sans nouvelles de Bernard. Lui qui était premier sur la déconne, toujours là pour te poser une main virile sur l’épaule quand ça n’allait pas, ce jovial-bon-vieux-frère-que-t’as-pas-Nanard ne donne plus signe de vie. Les rares qui ont pu le voir rapportent qu’il reste cloitré chez lui et que d’ailleurs il devrait faire le ménage parce que sa maison croule sous les déchets, non mais ! Il a changé, perdu l’envie de toute chose... Pour quelles raisons ? Déprime, crise, enfants d’Éthiopie ? Du tout ! Bernard a écouté
Infernal Wizardry. Malheur.
Des fois que tu n’aurais pas lu ma chronique de
Pathways Into Darkness, resituons rapidement. The Wizar’d peut s’assimiler à une version adolescente de Reverend Bizarre, une parodie où l’épique devient fainéantise et le son vintage une atteinte à la propreté, le tout mené par un chanteur s’attachant à miauler de la manière la plus trve-crétin-ov-hell possible. Ils ont même poussé le vice jusqu’à recruter une femme pour s’occuper de la basse, c’est dire comme ça s’applique à être ridiculement cliché ! Immédiatement sympathique pour peu que t’aies goût au poussiéreux débile en somme, mais que cela ne te trompe pas sur la marchandise :
Infernal Wizardry est con, ça ne l’empêche pas d’être un (bon) disque de doom.
Alors que
Pathways Into Darkness montre un The Wizar’d incorporant heavy metal et tempo catchy à sa recette,
Infernal Wizardry se coltine majoritairement aux durées longues et mélodies en première à la limite du calage, obstiné à rester dans un doom vitusien où la seule course est celle à la régression. Fiers de leurs riffs qui n’en ont que l'allure (« Horned Lord », une belle flaque), les Australiens jouent affalés sur le canapé de leur manoir transylvanien. Trop fatigués pour élever leurs sections rythmiques, « Crushing Gothic Slime » et le break de « The Megalomaniac » donnent des coups de mollusque, une batterie et des guitares plus rapides qu’à l’accoutumée tapant malgré tout avec le poids du cul tombant sur le sofa. De vraies feignasses, mais avec un petit palpitant qui fait peine à voir car quand les vermisseaux décident de te faire pleurer, ils sortent le grand jeu sur « Witchwither » et « Depressive Holiday », deux morceaux aux leads interminables d’impuissance mettant sans trop se forcer un nuage gris au dessus de ta tête.
Bien que le charme du sale gosse inonde déjà ce premier album, je garde une préférence pour
Pathways Into Darkness, la paresse de
Infernal Wizardry virant parfois à la complaisance (la guitare principale du titre-éponyme et le début de « The Megalomaniac » par exemple). La formation revendique l’hommage, c’est sans doute trop lui demander que de changer de ton par endroit ! Cependant, de nombreux soli et arpèges – deux exercices dans lesquels la troupe excelle – sauvent toujours de l’ennui. Et bon dieu, cette voix de gargouille abattue, des paroles à faire passer Darkthrone pour des mecs pondérés (« Crushing Gothic Slime »... inutile de développer), une pochette et un livret cheap ou des passages beaux comme la tradition font vite oublier des moments finalement mous parmi les mous !
« Born Too Late » ? « Born tout court » plutôt, et ça les emmerde ! Pourtant on parle une nouvelle fois de plaisir à tous les degrés, le même qu’un Doomed Beast (heavy metal provenant également du pays des boomerangs, tout aussi abrutissant dans un genre différent), où le cerveau se retrouve plus délavé qu’après une finale de Secret Story. Je t’ai pas dit, mais ce qui inquiète le plus ceux s’étant rendus chez Bernard est qu’assis sur son trône insalubre, il avait l’air heureux. Brrrr.
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