J'ai toujours un petit pincement au coeur quand sort un nouvel album de Chimaira. Le gang de Cleveland fait en effet partie des groupes, aux côtés de Coal Chamber (on ne rigole pas, merci!) qui ont réussit à me faire revenir dans le metal après deux-trois années d'errance.
The Impossibility Of Reason m'avait mis une grosse mandale par une efficacité hors-norme.
Chimaira montrait lui un groupe plus mature aux compositions plus riches. Qu'allait nous réserver ce
Resurrection? J'en mouillais ma culotte rien que d'y songer...
Surtout qu'exit Kevin Talley, peu à sa place dans une formation power/thrash et welcome back Andy Herrick, batteur des débuts. Forts désormais d'une fanbase large et bien établie ainsi que d'une assurance impressionnante, les Américains avaient tous les ingrédients en mains pour nous sortir le grand jeu et un opus qui dépasserait peut-être
The Impossibility Of Reason, toujours leur plus belle offrande à ce jour.
Malheureusement ce n'est pas tout à fait le cas. Sans être mauvais, bien au contraire,
Resurrection s'est avéré en fait une petite déception compte tenu de mes attentes. Chimaira n'a pas vraiment changé de recette mais après un éponyme ambitieux, j'attendais que le combo de l'Ohio enfonce le clou. Au contraire, c'est plutôt un retour en arrière que nous propose le sextuor. Moins complexe et sombre que le full-length précédent,
Resurrection recourt davantage à l'efficacité qu'à des compositions alambiquées et épiques. Ce qui aurait pu s'avérer payant si les morceaux avaient été aussi foutrement jouissifs que ceux de
The Impossibility Of Reason. Pas de bol, l'efficacité est moindre et on s'ennuie à plusieurs reprises lors de l'écoute, à cause de certains titres pas très inspirés ni convaincants et même parfois trop mous (un "Pleasure In Pain" anecdotique, "Killing The Beast" qui ne décolle jamais, "End It All" à part un bon refrain, "The Flame" malgré un riff original vers la troisième minute...). Au lieu de jouer la carte de la rapidité ou de la dextérité, la bande à Hunter choisit souvent la facilité en nous aspergeant à tout va de saccades à la double certes puissantes et efficaces (merci la production!) mais vite soûlantes. Une des grandes forces de
Chimaira, les soli, est ici un peu mise de côté. On a bien encore le droit à quelques échappées mélodiques solitaires ("Resurrection", "Worthless", "Six", "No Reason To Live", "End It All", "Black Heart", "Needle", "Empire", "Paralized") mais rien de comparable et surtout, c'est bien moins inspiré. On notera également qu'une nouvelle fois, à part sur l'intro de "Six", la basse chez Chimaira, on s'en fout! Autre doléances au niveau du chant cette fois, un manque de refrains fédérateurs (exceptés les
Never back down, never back down, destroying everything de "Six" et celui d'"End It All") des effets vocaux inutiles ("Six"), parfois même irritants ("The Flame") mais surtout un retour des chants clairs pas vraiment les bienvenus ("Resurrection", "Pleasure In Pain", "Six", "Killing The Beast", "End It All", "Empire"). Mark Hunter est un très bon hurleur mais dès qu'il s'agit de vraiment chanter, c'est une autre histoire et ça gâche pas mal de morceaux. Le pire restant "Killing The Beast" dont les voix claires à 2' font penser à du Linkin Park! J'aime bien Linkin Park (ouais je sais, trop la honte!) mais ce n'est pas tout à fait ce qu'on attend de Chimaira. Au delà de ça, Hunter crie toujours aussi bien avec son timbre arraché facilement identifiable, se permet même quelques growls à la Bo Summer ("Worthless") ou des murmures qui laissent la place à un peu de variété ("Resurrection", "Six", "End It All", "Needle", "Empire"). Dernier reproche, la durée beaucoup trop longue du disque (près d'une heure). Pourtant il y avait de quoi tailler...
Présenté comme ça, avec un acharnement légèrement excessif, on pourrait penser que
Resurrection est un gros ratage. Je n'irai pas jusque là. Une déception, sûrement mais pas si grosse que ça, les défauts évoqués n'étant là que pour souligner cette déception. C'est comme ça quand on attend un album, on en attend peut-être trop et on a tendance à exacerber les points noirs! Parce que
Resurrection malgré tous ces petits ratés, n'en reste pas moins un bon album, efficace et taillé pour le live, avec tout plein de bons riffs rentre-dedans, des compos et des rythmiques variées, même si j'aurais aimé plus d'accélérations thrashy. Une bonne agressivité se dégage de l'opus, on a même le droit à quelques blast-beats bien sentis ("Resurrection", "Empire"), tout en gardant de la place pour quelques belles mélodies entêtantes ("Six", "Black Heart", "Empire", "Kingdom Of Heartache"). Et
Resurrection garde un peu de la trace sombre héritée de l'éponyme. Concernant l'ambiance d'ailleurs, les samples discrets mais omniprésents de Chris Spicuzza prennent tout leur sens lors d'écoutes attentives au casque. Pour une fois, ils servent vraiment à quelque chose! Voyez que même si l'opus n'atteint pas tout à fait l'objectif que je lui avais fixé, il s'en sort tout de même très bien. Chimaira continue ainsi à sortir des albums de qualité et à se construire une belle renommée. Toutefois, les notes descendent petit à petit depuis un
The Impossibility Of Reason toujours inégalé. Le prochain album,
The Infection, devrait être déterminant...
4 COMMENTAIRE(S)
23/01/2011 13:59
14/07/2009 17:52
27/04/2009 15:49
The Impossibility Of Reason restera LA claque du groupe pour ma part.
Et puis le dernier album... je préfère attendre lachronique
27/04/2009 15:33
The infection est mou par contre...sacrément chiant. j'attends ta chronique de pied ferme!