Europe - Last Look At Eden
Chronique
Europe Last Look At Eden
En cette rentrée classique où le nombre déraisonnable de sorties metal et assimilés porte dangereusement atteinte à l'intégrité physique du portefeuille, la tentation est forte de faire l'impasse sur l'acte III du retour aux affaires des maîtres du hard FM suédois. EUROPE donc, la sensation du milieu des années 80 qu'un hit planétaire improbable, « The Final Countdown » a propulsé un temps au rang de challenger officiel des léopards sourds, pas encore auréolés du carton à venir d'un « Hysteria » écoulé ensuite par palettes entières. EUROPE dont le comeback en 2004 pouvait prêter à sourire, pour ne pas dire plus. Mais là où tout le monde guettait l'abus de claviers kitschouilles à souhait, la bande à Joey Tempest et John Norum (revenu au bercail après une longue parenthèse solo) a eu l'intelligence de faire profil bas : guitares lourdes, ambiance mélancolique – voire sombre sur un titre comme « flames » - et tendance à l'épure, la renaissance du groupe s'opérait alors sur des bases hard rock classiques plutôt réussies, en l'absence de véritables refrains fédérateurs comme à la grande époque.
Avec un « Start From The Dark » en forme de contre-pied idéal, EUROPE s'est donc racheté une conduite et effaçait du même coup le souvenir mitigé de deux sorties lointaines (« Out Of This World » en 1988, « Prisoners In Paradise » en 1991) bien en peine de reproduire la formule gagnante de 1986. Ayant fait l'impasse sur « Secret Society », j'étais curieux de voir l'évolution d'un groupe attachant mais tombant parfois dans le panneau des pseudo-ballades typées AEROSMITH, comme c'est le cas ici sur « Only Young Twice ». Un titre assez plaisant mais qui porte en lui toutes les forces (des riffs de guitare mordants très seventies dans l'esprit, des solis bien fluides et catchy) et faiblesses (des orchestrations pop déplacées, des refrains parfois un peu légers) de « Last Look At Eden ». Car là où « Start From The Dark » s'écoutait d'une traite sans qu'aucun morceau ne se détache véritablement, la séparation entre le grain et l'ivraie est ici beaucoup plus nette : les inévitables chamalows de service déjà, sans être infâmants, rappellent que l'exercice du slow n'a jamais été le point fort d'EUROPE, à l'exception peut être de « Open Your Heart » sur « Out Of This World » (et « Carrie » alors? Bah non, je préfère largement le film de DePalma). « In My Time » et « New Love In Town » sont donc très classiques, bien exécutées mais sans saveur particulière, le second nommé cassant même le rythme d'un album qui peine à décoller malgré un title track accrocheur qui ferait le bonheur du générique de Téléfoot. Pré-chorus habilement torché, refrain irrésistible, solo impeccable, tout serait parfait si les gravures de mode suédoises n'abusaient pas de ces orchestrations génériques dont le genre pop rock use à tout bout de chant, ce qui a pour effet de dénaturer le son du groupe. C'est d'autant plus regrettable que lorsque Mic Michaeli revient à ses premières amours sur l'excellente « No Stone Unturned », le phoenix du EUROPE passé renaît de ces cendres l'espace d'un break sensationnel (à 2:50) ou John Norum, trop sage dans l'ensemble, lâche enfin les chevaux à partir de 3:15. Du pur EUROPE 80's comme on n'en retrouvera malheureusement jamais sur le reste d'un album un peu avare en moment forts. Signalons tout de même le groove retrouvé du bassiste John Levén sur une « Run With The Angels » où Joey Tempest, qui n'est pas prêt de postuler chez ENTOMBED, pousse enfin une gueulante bien salutaire mais également « The Beast », un titre rageur aux guitares
incendiaires qui aurait pu faire l'économie d'un break mélodique cassant une bonne dynamique de jeu. Le reste est conforme à ce qu'on peut attendre d'un groupe comme EUROPE et renoue en partie avec la ferveur de « Prisoners In Paradise » (« Gonna Get Ready », « Mojito Girl »). Peu à peu, EUROPE renoue avec des méthodes de composition qui ont fait sa gloire mais pour être honnête, au delà d'un timing malchanceux qui les met en concurrence directe avec un ALICE IN CHAINS au sommet de son art, la marge séparant un bon petit album de hard rock d'un indispensable est encore grande. On conseillera donc au groupe d'enclencher pour de bon la marche arrière et à John Norum de réécouter les premiers VAN HALEN, le manque de flambe de l'ensemble étant quelque peu préjudiciable à un « Last Look At Eden » tout de même satisfaisant.
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