Je sais, c'est un peu con comme début de chronique. Ça fait un peu «
Ma chérie, ces boucles d'oreille vont à ravir avec ton chandail »... Mais pourtant c'est vrai: j'adore la combinaison de la pochette du 2nd album de Clawfinger et de son titre « Use Your Brain ». C'est simple et super efficace. Rien d'incroyablement audacieux, pas de 12e degré, pas de provoc' ni de concept inaccessible au créatif de base habitué à déshabiller une donzelle dans sa cuisine pour vendre du crédit à la consommation. Rien qu'un message réduit à l'essentiel, positif, intelligent et énergique. Ce qui finalement résume également assez bien la musique du groupe.
Pourtant, il y a un « mais »: cet album souffre du syndrome
« The More Things Change », que d'autres appellent aussi le syndrome
« Crimson II », « Scream 2 » ou encore « Allez, ça fait déjà 5 minutes: une 2e petite branlette pour la route » … En gros, le produit est objectivement d'un niveau très respectable, mais il est bien trop proche de son prédécesseur, et quand même moins jouissif. Côté style, le groupe ne change pas une formule qui marche, et avouons qu'on leur en aurait voulu: on retrouve ainsi avec plaisir le phrasé-mitraillette de Zak - et ses racines fortement ancrées dans le hip le plus hop -, ce riffing hyper simple, répétitif et accrocheur, ces apports fréquents mais pas envahissants de scratch et ce son de gratte et de basse au format 2D très sec, peu volumineux mais abrasif et tranchant. Bref, on retrouve le groupe pile-poil là où on l'avait posé à la sortie de
« Deaf Dumb Blind ». Et cette fois encore, l'album contient une sympathique petite collection de bombinettes bien juteuses, telles « Power », morceau simple mais dans la grande tradition de l'ouverture qui décoiffe, « Pay the Bill », plus nuancé et doté d'un refrain bien sympa, ou encore un « Pin Me Down » à la nonchalance décontractée, doté d'un refrain qui vient jeter ses tentacules au plus profond d'un cervelet tout entier offert à cet assaut rampant … A noter encore au nombre des bons points un « Die High » sec et méchant comme un élastique terminé d'une bille en plomb qui vous claque en plein testicule, et un « Undone » plus mélodique, aidé en cela par le featuring inspiré de Freddie Wadling, figure emblématique de la scène indé punk/rock suédoise.
M'enfin si le style reste le même, et si les titres précédemment cités permettent de prendre du bon temps, sans l'effet de surprise du premier opus et en l'absence de tueries absolues comme les « Nigger », « Truth » ou autre « Warfair », on a un peu l'impression que Clawfinger a besoin que sa tambouille tiédisse pour réussir à mettre à contribution sa matière grise. Et en effet, à l'inverse d'un premier opus quasi irréprochable, on se retrouve cette fois avec une quantité non négligeable de déchets dont on se serait bien passé. Ainsi dès la première moitié de l'album, on tombe sur un « Wipe My Ass » lent, fatigué et peu enthousiasmant … Mais c'est surtout la 2e moitié de l'album qui se vautre dans la médiocrité la plus crasse. Si « What Are You Afraid Of » est franchement moyen et que « Easy Way Out » ne casse pas trois pattes à un canard, c'est surtout le pauvre de chez pauvre « Back to the Basics » qui fait carrément de la peine. « Tomorrow » rattrape tout juste cette fin tristoune grâce à un décalage rythmique calculé et un refrain bien sympa. Heureusement pour les détenteurs de la réédition, les quelques bonus supplémentaires, sympas sans être non plus révolutionnaires (
pas de quoi justifier un rachat de l'album en cas de possession de l'original), permettent de retrouver un peu le sourire, grâce à un « Better Than This » cool mais incisif, à un « Three Good Riffs » joyeusement moqueur et à un « Armageddon Down » sautillant et pêchu. En tous cas le manque d'inspiration – compréhensible dans un créneau aussi balisé que celui dans lequel évolue Clawfinger – semble donc bien manifeste, et le groupe va jusqu'à s'auto-parodier en pondant « It » et « Do What I Say », morceaux agréables mais surtout copies conformes, tout au moins dans l'esprit, de « Catch Me » et « Wonderful World ». Côté thématiques, on retrouve cette fois encore les sujets de la lutte contre la racisme et des ravages causés par les drogues, sujets somme toute pertinents mais qui semblent montrer, à force d'être rabâchés, que le groupe a déjà tout dit.
Bon, ne noircissons pas non plus trop le tableau, l'album nous laissant quand même au final sur une impression plutôt bonne. C'est juste que le poids de
« Deaf Dumb Blind » se fait fortement ressentir, et que « Use Your Mind » supporte mal la comparaison. Bref, ce 2nd album s'il est bien entendu indispensable pour les amateurs, rien que pour un « Pin Me Down », un « Die High » ou un « Pay the Bill » des familles, est quand même bien moins inspiré que la première salve. Heureusement, l'album suivant reprendra en main la trajectoire musicale du groupe de manière magistrale ...
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