Je ne sais pas en ce qui vous concerne, mais je trouve que ça commence à faire un petit bout de temps que l'on n'a pas vu un bon petit groupe frapadingue honoré d'une chronique au sein de la colonne de droite de cet auguste webzine. Ça tombe bien, tombé du carton des zarberies achetées « dernièrement », le deuxième et dernier album des norvégiens cramés du bulbe de Animal Alpha est la galette idéale pour remédier à cette disette, son haut potentiel sympathie justifiant largement qu'on organise une petite séance de rattrapage pour les amateurs de loufdingueries qui seraient passés à côté.
Mais commençons tout d'abord par un triste éclairage sur le qualificatif « dernier » utilisé quelques lignes plus haut. Si « You pay for the Whole Seat » est bien le dernier album en date du groupe, il est aussi le dernier tout court, nos lascars ayant décidé que non, vraiment ça ne le faisait plus, ceci alors même qu'ils commençaient à devenir gros, que leur premier EP était devenu disque d'or dans la mère patrie et qu'ils avaient reçu diverses distinctions, comme celle du meilleur nouveau groupe. Snif, – oui, il y a de quoi snifer au vu du contenu de cet album – c'est donc autour d'un cercueil encore relativement tiède que l'on va se recueillir le temps d'une chronique.
Pour vous mettre dans le bain et situer approximativement le style du groupe, imaginez un habile mélange de (
préparez-vous à une lourde salve de références …)
Skunk Anansie, les
Stolen Babies, Garbage,
Pin-up Went Down, No Doubt, plus du punk et un doigt de stoner. Paf! Ça fait drôle quand même non? C'est sûr, point de
Devourment ni d'
Anaal Nathrakh dans cette liste, désolé, les amateurs de bleuargl peuvent passer leur chemin. Non ici la violence est plus punk, plus crasseuse et le danger plus larvé, plus vicieux, du genre à prendre les traits d'une petite fille livide aux cheveux fous qui caresserait la tête de son petit chien décapité en riant doucement …
La petite fille en question a d'ailleurs un prénom: Agnete. Et elle n'est ma foi pas si petite que ça. Comme souvent, à l'instar de beaucoup de ces combos bien frappés, la prestation de la demoiselle derrière le micro est l'un des éléments phares constituant la personnalité du groupe. Bien qu'elle sache à l'occasion montrer patte de velours et nous caresser les tympans comme ces divas rock ayant leurs habitudes sur la bande FM, la miss évolue plutôt dans un registre « petite teigne à couettes, lame de rasoir en pendentif et t-shirt No Future déchiré ». On pense à Asphodel de
Pin-up Went Down quand celle-ci joue les gamines, mais avec quand même plus de gouaille, de hargne et de menace dans la voix, la gamine en question étant ici une habituée des squats sordides où ça se fighte et s'enfile dans la crasse et l'odeur de vieille bière. De temps à autre, sa prestation laisse également entrevoir l'ombre d'un
Mike Patton en jupons, notamment à 3:30 sur « Bundy », lors d'un passage qui rappelle les « Tchak! » que le sieur balance en rafale à la fin de « Goodbye Sober Day » sur «
California ».
Côté musique, « You pay ... » donne dans le garage punk, dans le metal rock, voire dans le thrash lent et sombre comme
Slayer a su le pratiquer sur la fin de sa période faste (
« Even When I'm Wrong, I'm Right »), le tout baignant parfois dans le tourbe de sonorités stoner (
« Pin You All », « Fire! Fire! Fire! »). Cela n'empêche pas la présence de titres plus softs carrément radio friendly (
Miam sur « Alarm », Mouaif sur « In the Barn »), le succès commercial ayant ses impératifs que la raison ignore. Personnellement, je retiens tout particulièrement l'excellent « Even When I'm Wrong, I'm Right », sombrement thrash, lourdement headbangant, où Agnete manifeste les signes d'une démence sur le point de définitivement l'emporter, et « Master of Disguise », tout aussi magistral et mélangeant avec un habile souci du contraste gouaille menaçante et refrain velouté grandiose. D'ailleurs cette science du contraste se manifeste à plusieurs reprises sur l'album, notamment sur « Tricky Threesome » où Agnete alterne entre une approche scandée à la
Mike Muirette et le moelleux d'un bon refrain soft rock.
« You Pay For The Whole Seat » est donc l'occasion de passer une excellente demi-heure de metal rock hargneux et barré en compagnie d'une troublante maitresse de cérémonie, aussi cinglée qu'attirante. Les amateurs de
Pin-Up Went Down ou des
Stolen Babies devraient y trouver leur compte pour peu qu'ils anticipent l'aspect moins sophistiqué et franchement plus destroy de la musique du groupe. Et puis à une époque où vous abreuvez votre organisme d'huile végétale aux Omega 3 et d'eau minérale lambda, il serait temps que vous offriez à vos oreilles un peu du nectar Animal Alpha.
PS: Il semblerait que la version standard de l'album ne contienne pas « Bundy », ce titre figurant déjà sur « Pheromones », l'album précédent, ainsi que sur la bande son de plusieurs jeux vidéo.
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