Fleshrot - Traumatic Reconfiguration
Chronique
Fleshrot Traumatic Reconfiguration
De Fleshrot, je ne me souvenais que d'un bout de concert au Neurotic 2009. Malgré mon bref passage devant les Anglais et le son brouillon, j'avais senti un potentiel intéressant. Le groupe sort en début d'année son 2ème full-length Traumatic Reconfiguration sur Deepsend Records, sans que je me précipite dessus toutefois. Mais le lobbying de plusieurs personnes m'a poussé à me le procurer, le vendant comme une tuerie totale, un candidat possible au trône brutal 2010. L'opus ne prendra finalement pas cette place en ce qui me concerne, mais une chose est sûre: ça bute!
Ne vous fiez pas au look des Rosbeefs (qui sont moches quelle que soit la musique de toute façon), aucune trace de deathcore ici. Il y a bien un ou deux passages saccadés sur l'opus mais ils n'ont pas grand chose à voir avec des mosh-parts. Non ici c'est blasts et gutturals pour le plus grand plaisir des amateurs de poésie. Et ce qui ressort d'abord de ces 37 minutes, c'est une puissance de feu redoutable. Avec en première ligne une production grosse comme ça. Typique de tous ces groupes modernes peut-être, la batterie sonne trop synthétique sûrement mais qu'est-ce que ça envoie! Et puis elle va de paire avec la musique sans concession (ou presque) du combo d'outre-Manche. Fleshrot joue vite, blaste souvent et aplani le terrain. Ce tourbillon de brutalité se trouve renforcé par un duo vocal growl/shriek classique mais foutrement efficace, rendant les neuf morceaux d'autant plus intenses lorsqu'il y a superposition. Le quintette nous laisse quand même quelques moments de répit, notamment sur des riffs en mid-tempo bien gras mais qui donnent eux aussi envie de tout casser ("From The Abyss" à 2'04, "Essence Of Decay" à 4'09, "Venatic Perversion" à 0'58 et surtout le riff bulldozer à 2'10 de "Traumatic Reconfiguration"). Même le bref passage saccadé de "Venatic Perversion" passe très bien! On notera aussi un bon sens du groove lorsque la formation ne blaste pas et quelques séquences plus lentes ou même mélodiques comme sur l'intro de "Dispossessed" et le riff surprenant d'"Oblivion" à 1'20.
Fleshrot l'a bien compris, rien ne sert de blaster à tout va. Le combo nous propose ainsi des composition certes très brutales et directes, gavées de blast-beats, mais suffisamment variées pour ne pas lasser. Un autre apport important est celui des solos. Hé oui, les guitaristes se laissent aller à quelques plaisirs solitaires! Oh, rien d'extraordinaire ni de révolutionnaire mais c'est plutôt bien fait, jamais déplacé et ça contribue à l'effort mélodique-mais-pas-trop toujours de bon aloi sur un album de bourrin ("Essence Of Decay", "Purging Impurity", "Expanding The Void", "Traumatic Reconfiguration", "Inherent Perdition"). On a même quelques lignes de sweeps sur "Essence Of Decay"! Mais là où Fleshrot se détache de la masse, c'est bien au niveau des riffs. D'habitude, on ne peut même pas parler de riffs sur beaucoup trop d'albums d'ultra brutal death et quand certains méritent ce nom, ils ne dégagent rien. Sur Traumatic Reconfiguration, c'est tout le contraire! Non seulement les riffs y sont discernables mais ils sont aussi assez travaillés pour dégager quelque chose et être facilement mémorisables. Ce n'est pas toujours génial et tous les riffs ne se valent pas mais le lot reste bien plus garni que la moyenne. Quelques exemples? Le riff blasté en intro d'"Essence Of Decay" qui se voit rallongé et "tremoloïsé" un peu plus tard, "Dispossessed" qui se fait carrément entraînant à partir de 1'53 pour repartir de plus belle en blasts, les enchaînements riffs cools/blasts de la très brutale "Expanding The Void", le riff de début sur "Venatic Perversion" à la mélodie discrète mais vicieuse, ou encore "Oblivion" à 0'37 plus aéré mais tout aussi efficace. Je ressens même parfois une ambiance evil ("Purging Impurity" à 2'58) ou un côté bouillonnant à la Hate Eternal (le début de "Purging Impurity", "Dispossessed" à 0'43, "Traumatic Reconfiguration" à 3'07).
Décidément, le UK nous offre de bonnes surprises ces derniers temps et se fait remarquer sur une scène plus souvent contrôlée par ses cousins américains. Cruciamentum, Grave Miasma ou encore Craven Idol en old-school, Trigger The Bloodshed, Embryonic Depravity (RIP), Annotations Of An Autopsy (bon eux je n'aime pas mais ils ont du succès!), Ingested ou Introrectalgestation en moderne brutal dans le courant dont fait partie Fleshrot, les groupes anglais qui font parler d'eux ne manquent pas. Traumatic Reconfiguration n'est pas parfait (des passages moins bandants, des rythmiques vocales pas toujours tip-top ou des parties de chant parfois un peu trop yaourt bas de gamme entre autres) mais l'album est clairement signé par un groupe talentueux. Brutalité, puissance, technique, groove, modernisme (dans le bon sens) avec ce qu'il faut de mélodie pour faire passer le tout, Fleshrot devrait trouver pas mal d'adeptes ici. Ne passez pas à côté!
| Keyser 17 Novembre 2010 - 1882 lectures |
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