Hateful - Coils Of A Consumed Paradise
Chronique
Hateful Coils Of A Consumed Paradise
Pour prendre son temps, Hateful l'a pris, son temps! Formés en 1997, les Italiens sortent une première démo en 2000. Six ans après, le combo apparaît sur un split avec Impureza et Hellspawn. Débarque enfin début 2010, soit 13 ans après sa conception, un premier full-length baptisé Coils Of A Consumed Paradise sur le mystérieux label Horrors Of Yuggoth, Sevared Records s'occupant de la distribution sur le territoire américain. Un album non dénué de qualités qui montre à la fois l'originalité du groupe mais aussi son manque de maturité.
Si Hateful a mis du temps pour accoucher de ce Coils Of A Consumed Paradise, j'en ai moi mis pour l'apprécier. Les premières écoutes furent en effet laborieuses et ce n'est que petit à petit que j'ai enfin pu prendre la mesure du talent des Ritals. Il faut dire que le trio a choisi des influences plutôt inhabituelles pour concevoir un death metal assez frais, sans être révolutionnaire toutefois. Pensez à un mix entre Gorguts période Obscura et du early Ulcerate, avec quelques pincées de Suffocation pour ne pas se sentir trop perdu. On se retrouve ainsi avec treize titres aux rythmiques variées entre mid et up tempo, légèrement dissonants, sombres, assez techniques et complexes mais très loin d'une quelconque démonstration puisque Hateful arrive toujours à se montrer efficace, notamment grâce à un bon sens du groove. Les Transalpins s'en sortent également très bien au niveau des riffs dont la qualité globale se révèle bien supérieure à la moyenne. Tantôt brutales et directes, tantôt plus catchies et groovies, tantôt plus mélodiques ou ambiancées ("The Dawn Of Clarity" à 2'11, "Last Days Of Heaven" à partir de 2'05 et surtout ce riff énorme à 1'27 sur "Piercing Through Shadows (Mortal Embrace)"), avec même deux-trois solos pas dégueulasses ("The Dawn Of Clarity", "Last Days Of Heaven") ainsi que quelques leads discrètes mais encourageantes ("Painting The Abyss", "Every Impulse Eradicated", "Piercing Through Shadows (Inception)"), les parties de guitare sont assurément l'oeuvre d'un groupe talentueux qui a de l'idée. Le batteur n'est pas non plus en reste et livre une performance nerveuse mais diversifiée, enchaînant les courtes rafales de blast-beats avec des plans plus groovy ou travaillés. Quant au chanteur, rien de plus classique avec du growl monotone, pas vraiment convaincant et clairement pas le meilleur atout de Hateful. J'allais oublier le bassiste, là non plus rien d'extraordinaire mais au moins on peut l'entendre, ce qui n'est déjà pas si mal!
Toutes ces qualités se trouvent toutefois encore à l'état larvaire, ce qui laisse la place à une marge de progression importante. Deux gros défauts empêchent ainsi Coils Of A Consumed Paradise de viser plus haut. Tout d'abord, l'album manque cruellement de punch, de brutalité, d'intensité, appelez ça comme vous voulez. Hateful a beau accélérer régulièrement et envoyer souvent des blasts, l'opus est mou. Même quand les Italiens appuient sur le champignon, on est tout sauf collé au mur et les vitesses atteintes n'ont rien de fabuleuses. Les blasts pourraient ainsi être bien plus véloces et tenus plus longtemps. Et la production, correcte techniquement mais trop gentillette, n'apporte pas la puissance de feu nécessaire. L'autre point noir, c'est la durée des titres. Deux minutes en moyenne. Pour un death metal qui se veut plus fouillé que la moyenne, ça fait désordre. On a donc souvent l'impression que les morceaux s'achèvent sans avoir donné tout ce qu'ils ont. Pas assez développés, limite bâclés parfois, ils laissent penser à un groupe manquant encore de maturité. Pour un premier full-length, cela n'a rien de surprenant, mais si on considère que Hateful a près de 14 ans, il y a de quoi s'inquiéter.
Je tire malgré tout mon chapeau à Hateful pour ne pas avoir choisi la facilité. Son (brutal) death s'écarte des sentiers battus sans se perdre en chemin. Une volonté louable de se démarquer un peu mais à l'instar de Decimation, elle s'accompagne d'un manque d'intensité regrettable. Pour un premier essai longue durée néanmoins, l'opus s'avère satisfaisant et prometteur. Je ne manquerai donc pas de guetter la prochaine sortie des Italiens, en espérant qu'ils développent davantage leurs compositions. Pour le moment, ce Coils Of A Consumed Paradise reste l'exemple typique d'un potentiel encore mal exploité.
| Keyser 6 Janvier 2011 - 1528 lectures |
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