Quand un groupe comme Sòlstafir sort de sa tanière, on ne réfléchit pas : on fonce. Justement parce qu’il n’existe pas de « groupe comme Sòlstafir », ce dernier ayant avec ses débuts typés black metal puis son revirement inauguré par
Masterpiece Of Bitterness créé une musique impossible à catégoriser où des références à Primordial, Sigur Ròs, Hawkwind ou encore Explosion In the Sky se retrouvent mises côte à côte par les chroniqueurs décontenancés. Et ce n’est pas avec son nouvel essai,
Svartir Sandar, que cette originalité va s’arrêter. Au contraire.
Cet album coupé en deux parties semblant s’inscrire dans un concept global (pas d’informations à ce sujet et mon islandais est… limité) déroute une nouvelle fois et je ne vois pas meilleure description pour le désigner qu’un concert d’US Christmas joué par le Killing Joke le plus rock à Reykjavík (pas très clair, j’en conviens).
Svartir Sandar abandonne les quelques restes metal que son prédécesseur possédait encore pour accentuer le versant atmosphérique de sa musique avec comme seul guide son pays, l’Islande, qu’il personnifie jusqu’au dernier brin d’herbe gelé jouxtant l’océan en se faisant froid à la manière d’autres formations de même nationalité. On se confronte à nouveau à ce goût pour les ambiances longuement développées, les cowboys recourant à des chœurs et claviers pour étoffer des compositions dépouillées reposant sur la répétition de mélodies glacées et la voix d’Aðalbjörn Tryggvason. Le leader se met rarement en retrait et transmet principalement la mélancolie épique qui départage l’entité de ses collègues, dépeignant l’île de façon brute, frissonnante, avec la maladresse de l’homme errant à tâtons dans le givre.
Svartir Sandar pourra paraître simple mais n’est en rien facile, le mot « fluide » ayant sa place ici. S’il serait fatiguant pour tout le monde de décrire les changements de thèmes le constituant, un morceau comme « Kukl », les chants féminins surgissant en avalanche sur l’éponyme et « Fjara » ou la presque-chaleureuse entrée en matière de « Melrakkablùs » montrent des titres plus contrastés qu’il n’y parait, le tout progressant jusqu’à la nocturne « Djàkninn » dans une multitude d’idées se révélant écoute après écoute. Grâce à cela et quelques déviations craquelant les plaques de verglas (un « Æra » rythmé ou la basse sous tension de « Stormfari »), ses quelques quatre-vingt minutes ne lassent jamais et l’impression de perdre ses repères est plus présente que sur un
Köld moins constant bien que plus éclatant. La forme varie, l’ambiance est quant à elle rectiligne, abandonnant l’intensité qui se ressentait chez l’ainé : pas de « Pale Rider » ou tubes à la « Love Is The Devil », du paysage ne reste plus que les terres et la brume, les riffs-geysers étant aux abonnés-absents. C’est ce qui fait que l’œuvre accroche directement mais s’inscrit moins en profondeur, les arrangements précieux et la richesse de l’ensemble ne comblant pas l’absence de moments tumultueux.
Difficile de comparer
Svartir Sandar à autre chose que lui-même tant il figure « son » Islande. Son caractère « unique en son genre » ainsi que son ambition exécutée avec sobriété font qu’il trouvera sans doute bonne place dans les bilans de fin d’année de nombreuses personnes. Cependant, la sensation d’être dans l’œil du cyclone de
Köld a disparu et Sòlstafir en perd beaucoup de sa superbe. C’est le seul véritable reproche qu’on pourra formuler à son encontre (les plus sceptiques ajouteront que les courtes « Draumfari », « Stinningskaldi » et « Stormfari » font office de remplissage s’insérant mal au sein de titres côtoyant les neuf minutes). Ceux qui ont été charmé par les Islandais ou recherchent de quoi accompagner leurs heures de solitude ne doivent pas hésiter à y tremper l’oreille car, avec l’automne déjà hivernal couvant au dessus de nos têtes, il pourrait bien transformer leur quotidien en ailleurs !
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