Sólstafir - Köld
Chronique
Sólstafir Köld
Ah l'Islande, ses geysers, son volcan qui fout la merde et ses groupes uniques. Oui, vous vous en doutez, votre chroniqueur tout mou et contemplatif est fan de Sigur Ròs (et aussi de Hildur Gudnadòttir, pour les gens de bon goût). D'ailleurs, on écoute souvent Takk sous la douche avec Von Yaourt, et on vous emmerde, on est libre ! Seulement aujourd'hui, je ne vais pas vous parler de mes relations intimes (Yaourt <3) mais grands espaces et road trip en noir et blanc avec Köld, le troisième album de Sòlstafir.
Voilà un nom qui sent l'herbe verte et la turlutte au kilomètre. Mais c'est une musique à la croisée des genres qui vient à l'esprit après l'approche frontale de cette galette. Imaginez : Kyuss batifolant avec Primordial, tellement heureux d'être ensemble qu'ils décident de jouer du post-rock mystique. Rien que ça. On se situe entre un stoner/rockn'roll ravageur, des éléments atmosphériques et surtout, une intensité palpable. Le chanteur, Aðalbjörn Tryggvason, porte à lui seul ces compositions aux cheveux gras et yeux bleus : ses lignes vocales rappellent par leur maladresse touchante les élancements d'A.A. Nemtheanga. Être au bord de la fausse note n'empêche pas la justesse, au contraire : il suffit d'écouter l'appel aux étoiles de « Pale Rider » ou la hargne rock n'burne de « She Destroys Again » pour s'en convaincre.
Malgré cette tendance à s'arrêter l'iris embuée sur des décors de photographies HDR (si vous ne connaissez pas, googlisez et prenez en plein les mirettes), les guitares possèdent ce groove caractéristique allié à une violence étonnante. Les martèlements introductifs du morceau éponyme nous subjuguent après l'instrumentale « 78 Days In The Desert », ode aux camions avec poster de pin-up. C'est que ce rock metalisé cache en réalité un profond mal-être présent à chaque tournant. La tonitruante « Pale Rider » et ses riffs primordialiens laissent un goût de sable gris dans la bouche, une chanson où les éléments parcourant Köld se réunissent et se décuplent à grand renfort de tremolos et blasts. L'occasion de se rendre compte de la complexité de ces morceaux bourrés de grands écarts périlleux au premier abord, mais parfaitement maîtrisés. Le rituel du garagiste mystique trouve sa source providentielle dans le final « Goddes Of The Ages » : une batterie et des larsens lancinants, un piano simple et apaisant soutenant cette voix chantant les dieux de la nature, treize minutes de perfection hypnotique concluant un disque déjà prenant.
Je ne rechigne pas sur une pipe au gasoil, mais quand ça dure trop longtemps, je débande. Les morceaux « Necrologue » et « World Void Of Souls » jouent la carte de la pause ambiant et cassent en deux le rythme de l'album. Prises à part, elles s'avèrent de bonne facture avec leurs petites touches brumeuses, cette basse caressée et ces guitares à l'islandaise, aériennes sans tomber dans l'ennuyeux. Au sein de l'album, elles dénotent dans ce maelström et « World Void Of Souls » aurait suffi à elle seule à nous calmer avant l'entrainante « Love Is The Devil (And I Am In Love) ». Mais cela n'entame en rien le plaisir vu qu'à côté on a des morceaux sublimes qui laissent bouche bée, à enchainer les voyelles.
Comme sa pochette l'indique, Köld nous fait quitter notre corps pendant plus d'une heure. S'il accuse une baisse de régime à mi-parcours, ce voyage unique vaut le prix du ticket. Et vu le nuage de cendres entourant l'Islande, vous avez tout intérêt à vous y rendre via une embardée chez ces rockeurs spirituels.
| lkea 11 Juin 2010 - 2787 lectures |
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