La nouvelle est passée un peu inaperçue mais le frontman (et fondateur de Belphegor) Helmuth a eu des soucis de santé après une opération en septembre 2011 (on en sait pas plus), Belphegor est en « stand-by » pour une durée indéterminée (et a annulé ses concerts jusqu’à mai 2012)… Un triste évènement qui me rappellera de chroniquer le reste des œuvres blasphématoires des Autrichiens, à une époque bien lointaine de celle de Nuclear Blast et de cette reconnaissance internationale « grand public ». Twilight ressortira au format double CD et remasterisés, les deux premiers albums du groupe en 2004, une aubaine pour compléter leur discographie (il me restera alors le très bon live
Infernal Live Orgasm). Né des cendres de Betrayer (groupe de death/thrash antichrétien) en 1993, Belphegor (démon des découvertes qui séduit ses victimes en leur promettant des richesses grâce à ses inventions) est formé par le chanteur et bassiste Maxx, les guitaristes Helmuth (et chanteur) et Sigurd ainsi que le batteur Chris. Il sortira la même année une démo
Bloodbath In Paradise puis un EP
Obscure And Deep (1994) qui circuleront et alerteront le milieu underground. La bande signera alors rapidement sur le défunt label autrichien Lethal Records afin de sortir son premier album
The Last Supper en 1995 (réédité en 1999 via Last Episode Records).
The Last Supper ou la genèse de leur « supreme death/black metal art ». L’opus marque déjà la collaboration avec le fameux producteur teuton Andy Classen (le bonhomme s’occupera jusqu’à maintenant de quatre de leurs albums) et dévoile leur image provocante (la pochette originale sera d’ailleurs censurée) mêlant antichristianisme exacerbé, violence, immondices (diverses et variées), sexe et autres perversions… Bref, parfait en musique de fond pour les repas de noël qui approchent. Si vous aviez découvert le groupe en 2003 lors de la sortie du furieux et éprouvant jalon
Lucifer Incestus (comme moi) ou plus tard, la digestion de
The Last Supper ne se fera pas sans effort. Cette production bien « raw » (le remastering a tout de même servi) et une violence moindre (le mot est faible)… Pourtant la patte d’Helmuth et Sigurd à la guitare sera aisément reconnaissable (cela dès le titre d’ouverture). Ce croisement savoureux entre du death metal floridien et la scène black metal scandinave. Un black metal ici en retrait cela dit, laissant la parte belle aux références d’un Morbid Angel, Immolation, Deicide et consorts ainsi qu’à une dominante gutturale d’Helmuth. Malgré tout, l’ambiance noire et malsaine se fera sentir tout le long. Les vers possédés d’Helmuth (le final de « March Of The Dead »), ces riffs transpirant le Malin (« The Rapture Of Cremation ») ou la présence d’un clavier occulte (« The Last Supper », « March Of The Dead ») confirmeront bien l’association des deux genres. Des nappes de claviers qui s’estomperont au fil des albums pour finalement disparaître. Mais venons en maintenant à la question que tous les récents adeptes se posent. Lorsque l’on parle de Belphegor, impossible de ne pas penser à un tempo et un jeu de batterie monstrueux. Il faudra passer son chemin. Le batteur dénommé Chris n’a rien d’un manchot au contraire et délivre un jeu soutenu (la déferlante « Krucifixion », reprise de leur ancien groupe Betrayer) plutôt old school et groovy. Ce qui reste très éloigné de l’aspect martial et froid qui suivra. Ainsi malgré des aspects qui feront office de piliers dans la musique de Belphegor (et encore aujourd’hui), le style reste à un stade embryonnaire. Les compositions sont quelques peu bancales et il sera difficile de s’imprégner des morceaux de par sa linéarité. Tout particulièrement en seconde partie de la galette (une fin d’album orientée mid-tempo).
The Last Supper , charpente de leur death/black, ne laissera pas un souvenir impérissable, surtout si on le compare aux albums qui lui succéderont. Il n’en demeure pas moins un bon album de metal, tout particulièrement pour l’époque.
7/10
La métamorphose des Autrichiens commencera dès leur deuxième œuvre, deux ans après
The Last Supper. Belphegor se séparera de son bassiste, remplacé par Mario Klausner (ex-Pungent Stench) et utilisera un batteur de session (une vieille habitude) en la personne de Man Gandler (le groupe de grind Mastic Cum). Le quatuor signera ensuite sur le label allemand Last Episode (qui lui aussi n’est plus) pour accoucher du répugnant
Blutsabbath (littéralement « Sabbat saignant ») en 1997. La bande ne délaisse effectivement aucunement ses provocations (un artwork délicieux et des paroles peu recommandables à la clé) et garde les quelques bases death/black de
The Last Supper. Sauf que le fossé avec son aîné reste des plus conséquents. Belphegor va désormais d’avantage s’imprégner de ses affinités black metal. Le chant criard d’Helmuth n’est plus secondaire (au contraire, il domine) et les riffs transpirent désormais le Mayhem ou le Dark Funeral. Une noirceur frissonnante délectable (« Behind The Black Moon ») qui donne une aura complètement différente à leur musique. Tout comme les guitares, la rythmique devient plus intense. Man (responsable aussi de la batterie sur le mythique
Necrodaemon Terrorsathan) déverse ses accélérations et ce rendu « mécanique » déshumanisé porté par une production froide à la fois claire (chaque instrument est bien percevable) et saturée. En concordance parfaite avec l’ambiance glauque et démoniaque dégagée : la conclusion « Path Of Sin » et les vomissements d’Helmuth ne laisseront aucun auditeur indifférent (impossible pour ma part de ne pas rire à chaque fois malgré tout).
Blutsabbath sera d’ailleurs leur premier effort à dévoiler cette rythmique en dents de scie et aux nombreuses « cassures » (le titre éponyme en tête, marque de fabrique du groupe) mais surtout à exposer les premiers véritables hits de Belphegor, souvent repris en concert. Les bombes « Abschwörung », « Blackest Ecstasy », « Purity Through Fire » ou « The Requiem Of Hell » sont indissociables du groupe. Le style ne semble pas ceci dit encore totalement mûr. On remarquera quelques longueurs et des transitions assez confuses dans les morceaux, empêchant de peu l’orgasme.
Blutsabbath lance ainsi réellement le démon Belphegor. Ce dernier a trouvé son style et il ne reste plus qu’à l’affûter. Ce deuxième opus n’est en fait qu’une introduction au meilleur album du groupe à ce jour,
Necrodaemon Terrorsathan.
8/10
Cette compilation est une sorte de rappel à un Belphegor « underground », connu par bouches et oreilles et dont l’image dérangeante ainsi que la musique malsaine étaient intiment liées. On retiendra surtout de cette compilation leur deuxième album
Blutsabbath qui servira de véritable pattern pour la suite mais aussi pour d’autres formations empruntant un style proche (je pense à Arkhon Infaustus). Un très bon album regorgeant de quelques tubes imparables.
The Last Supper demeure plus une curiosité qu’autre chose mais il saura rassasier un bon nombre. Le « supreme death/black metal art » est né.
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