2011 vient à peine de débuter qu‘il est déjà temps pour ma part de la baptiser par une des plus grosses sorties de cette année. Depuis
Pestapokalypse VI qui aura converti bon nombre de disciples à leur cause (Nuclear Blast n'y est pas étranger), les Autrichiens de Belphegor n'ont pas réussi à redorer véritablement leur death/black blasphématoire. D'ailleurs qui ressort régulièrement
Bondage Goat Zombie (leur plus mauvais album) et
Walpurgis Rites - Hexenwahn de son étagère ? Pour ce neuvième album, le père Helmuth ira encore aguicher ses fans par les slogans habituels, entraînant un certain blasement ("This will be the most epic and monumental BELPHEGOR Werk to date"). Sauf que le bonhomme possède un argument de taille cette fois, un enregistrement chez maître Peter Tägtgren au studio Abyss (plus un mastering de Jonas Kjellgren) ! La coqueluche suédoise n'étant pas vraiment du genre à enregistrer des bousins, peut-être qu'Helmuth dit vrai ce coup-ci… Qui sait ? La tête pensante se séparera de son guitariste Morluch (une présence éclair) ainsi que de son batteur intérimaire Robert Kovačić (la fameuse malédiction des batteurs de Belphegor), ce dernier remplacé par Martin Jovanović (un illustre inconnu). Epaulé du fidèle bassiste Serpenth, Belphegor peut enfin divulguer
Blood Magick Necromance (artwork à classer parmi les plus hideux de cette décennie, ça pique les yeux).
A la surprise générale, là où
Walpurgis Rites - Hexenwahn renouait avec la brutalité pré-
Bondage Goat Zombie, Belphegor va complètement changer de stratégie ici. Le groupe peaufine l'atmosphère occulte de ses compositions comme il pouvait le faire à ses débuts. Helmuth prend cette fois un malin plaisir à jongler entre mid-tempo et accélérations massives imprévues, mais surtout à placer moult riffs et arrangements divers (par exemple l'effet vocal sur le titre éponyme). Les titres s'éloignent du pattern primaire habituel (riffs bulldozer + blasts atomiques / refrain accrocheur au riff mélodique) pour tendre vers quelque chose de bien plus subtile et touchant. Album le plus riche de leur discographie ? Helmuth semble avoir dit vrai. La batterie toujours aussi véloce (encore loin certes du monstre Torturer) prend d'ailleurs nettement moins de place dans le mixage afin de laisser à l'auditeur le soin de décortiquer le travail effectué. Ce son compressé et propret (le début limite « core » de « Impaled Upon The Tongue Of Sathan » donnera la moue aux fans de la première heure…), typique du studio Abyss, fera pour sûr débat (contraste énorme avec
Walpurgis Rites - Hexenwahn). Studio cher à Helmuth car responsable de grandes influences de Belphegor (Dark Funeral en tête). La boucle est bouclée.
Les atouts mélodiques et brutaux de Belphegor sont toujours bien présents, vous pourrez le constater dès le titre d'ouverture méchamment efficace « In Blood - Devour This Sanctity » (touche orientale, marque de fabrique depuis
Goatreich - Fleshcult). L'introduction monumentale du titre éponyme (du pur Belphegor en somme) ou peut-être l'une des meilleures compositions du groupe, « Possessed Burning Eyes » (l'aura d'un
Necrodaemon Terrorsathan ?), devront rassasier les fans. Mais cette euphorie des premières écoutes commencera à s'estomper... On remarquera des passages brutaux anodins (« Angeli Mortis De Profundis » ou « Sado Messiah » qui conclut maladroitement l'album) et quelques passages à vide repris sur le fil. Car globalement, chaque titre possède son passage accrocheur, ce qui fait que contrairement aux précédentes galettes, on ne zappe pas systématiquement les morceaux. Un autre point noir majeur, ce sera cette ambiance trop « gentillette » (la production n'aidant pas ce décalage), bien loin du côté malsain et dérangeant que l'on associe à Belphegor. Pas de samples (où sont donc les nonnes nues fouettées ?) ou de paroles outrancières comme l'on pouvait se délecter timidement sur
Walpurgis Rites - Hexenwahn (« Satan… Fuck me ! »). C'est bien dommage…
Avec
Blood Magick Necromance, Belphegor a osé expérimenter et contrairement à
Bondage Goat Zombie, le résultat est plutôt probant. Nul doute que les chevelus s'attendant à du blast à 280bpm pendant 40 minutes seront déçus par un tel virage… Mais avec déjà huit albums derrière eux, ce petit coin de fraîcheur n'est franchement pas déplaisant. Agrémenté d'une atmosphère plus noire ainsi que de titres moins inégaux (et un artwork moins immonde), le futur Belphegor pourrait d'avantage marquer les esprits et ainsi faire de gros dégâts. Affaire à suivre.
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