Farouches disciples de la divinité moabite, nous n’avions jamais attendu aussi longtemps entre deux offrandes. Les graves problèmes de santé d’Helmuth (je vous invite à lire mon interview) étant malheureusement la cause principale. Le frontman et pilier est désormais rétabli, trois ans et demi après un étonnant
Blood Magick Necromance, le duo diabolique Helmuth/Serpenth revient décrasser nos esgourdes à coup de vils blasphèmes et de blasts mastodontes. Le matraqueur de session Marthyn répond encore une fois à l’appel du prince des Enfers. Côté production, après la Suède chez maître Peter Tägtgren (studio Abyss), le groupe autrichien part en Floride pour retrouver un autre grand Monsieur, Erik Rutan (Mana Studios). Place ainsi au dixième (!!!) album
Conjuring The Dead et première réaction sans le son : l’artwork plutôt classieux (ultra détaillé) de Seth (déjà en charge de
Pestapokalypse VI) ne rendra pas aveugle. C’est déjà ça.
En plus de 20 ans de carrière, Belphegor n’aura jamais réellement sorti deux fois de suite le même album,
Conjuring The Dead n’y échappe évidemment pas. Le groupe fait un demi-tour inopiné pour mettre de côté les expérimentations de
Blood Magick Necromance afin de proposer un death/black nettement plus « direct » au penchant death prononcé. Le titre d’ouverture et premier morceau dévoilé « Gasmask Terror » étant une bonne vitrine. Une composition presque simpliste (riffs et structures) mais dont les paroles (caricaturales à souhait) du refrain seront à grogner dans son salon (en caleçon). La grosse surprise réside ici dans la dominante gutturale d’Helmuth, chose que l’on n’avait pas entendu depuis…. Le bijou
Necrodaemon Terrorsathan ! Que les aficionados de ses hurlements black se rassurent malgré tout, ils restent présents mais en second plan ici. Puis viennent les riffs saccadés à la limite du deathcore d’« In Death » (léger aperçu déjà sur « Impaled Upon The Tongue Of Sathan »)… Bis repetita, aucune défenestration nécessaire, le reste de l’album se veut tout autre. L’ambiance outrancière (cris de jeunes demoiselles au rendez-vous) aux samples éparpillés refait même surface, chose malheureusement absente d’un
Blood Magick Necromance parfois trop propret. Le seul réel lien avec ce dernier ambiancé demeure l’occulte « Rex Tremendae Majestatis », peut-être le meilleur titre de la galette. L’interlude acoustique « The Eyes » ou le final de « Pactum In Aeternum » vont aussi dans ce sens et confirment le talent de Belphegor pour son travail d’ambiance presque touchante. Dommage qu’il soit si succinct, n’en déplaise au clan « brutal » ne jurant que par les BPM. Le potentiel est toujours présent.
Pour le reste Belphegor joue du Belphegor. On retrouve le riffing et la patte mélodique typique d’Helmuth (« Gasmask Terror », « In Death », « Black Winged Torment », « Lucifer, Take Her ! ») ainsi que des frappes sans finesse chères aux adeptes. Le son compressé au rendu « synthétique » (un défaut récurrent du studio Abyss) du précédent album disparaît lui au profit d’une production plus claire et d’un mixage équilibré (arrangements perceptibles). Une batterie plus imposante exposant d’avantage l’endurance et la vélocité de Marthyn (« Black Winged Torment »). Je ne pensais pas dire ça d’Erik Rutan, mais
Conjuring The Dead jouit pour ma part de l’une de leurs meilleures production à ce jour. Sur le papier, hormis quelques facilités, cette nouvelle galette semblait renouer avec la qualité d’antan. La présence des deux monstres Attila Csihar (Mayhem) et Glen Benton (Deicide) sur « Legions Of Destruction » allait enfoncer le clou. Amputé de « Flesh Bones And Blood » (ratage complet) voire du morceau éponyme bancal, les 36 minutes de
Conjuring The Dead paraitront bien trop courtes pour finalement très peu de choses véritablement marquantes… Une malédiction qui suit le groupe depuis
Pestapokalypse VI.
Conjuring The Dead n’est pas mauvais, loin de là, il surprendra même par ce revirement death. Mais avec neuf albums déjà sur le tableau de chasse et un dernier opus prometteur, impossible de ne pas masquer sa déception. Tous les aspects (brutalité, mélodies, atmosphère perverse) qui font la force de Belphegor sont effectivement présents mais semblent en demi-teintes. L’album, certainement le plus facile d’accès du groupe à l’heure où j’écris ces lignes, s’écoute ainsi sans broncher mais laisse comme un arrière goût d’inachevé... Pour finalement tomber dans une certaine indifférence.
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