Antediluvian - Through The Cervix Of Hawaah
Chronique
Antediluvian Through The Cervix Of Hawaah
Il est étonnant de constater comment quelques signatures peuvent rendre un label hype (ou non) aux yeux d'un public pourtant si ridiculement petit. Aujourd'hui, certains se plaisent à dire que le label Américain Profound Lore est devenu le label metal underground à la mode, celui sur lequel il est donc de bon ton de déverser sa bile sous prétexte que ses dernières signatures seraient peut-être un peu trop "hype". Oui, mais encore? Pas d'autres arguments un peu plus sérieux? Non, bon bah laissons ces quelques aigris pisser dans des violons alors.
Le groupe qui nous intéresse ici est à la base un duo Canadien qui se nomme Antediluvian. Formé en 2006, on lui doit déjà plusieurs enregistrements dont quelques démos (Prehistorik Khaos, Primeval Cyclical Catastrophism, Under Wing Of Asael), un split en compagnie de Nuclearhammer et ...[l]ight Am I'... ainsi qu'un EP sorti début 2011 et intitulé Revelations In Excrement. Notez qu'est également paru chez Invictus Productions une compilation (Watcher's Reign) regroupant les deux premières démos ainsi que les titres du split. Une discographie déjà assez fournie marquée par la sortie il y a quelques semaines de ce premier album intitulé Through The Cervix Of Hawaah.
L'univers musical d'Antediluvian n'est pas des plus faciles à appréhender. Son death metal est probablement parmi les plus denses, exigeant et intense qu'il m'ait été donné d'entendre. Car au delà même du concept de cet album qui semble s'inspirer de la Genèse et surtout du personnage d'Eve (Hawwah signifiant Eve en Hébreux), il faut bien comprendre que nous sommes ici en présence d'un disque incroyablement primaire, torturé et boueux. La musique d'Antediluvian provient des bas fonds de la Terre, là où règne la puanteur et l'obscurité, la moiteur et nombres de terreurs indescriptibles. Dans ces méandres insaisissables, nos désormais quatre messagers s'évertuent à déchaîner les éléments pour inonder la surface d'un effroyable et inévitable déluge. Pourtant, les choses ne semblaient pas si effrayantes avec un "Rephaim Sceptre..." certes inquiétant mais pourtant terriblement attirant. Car derrière cette batterie primaire et aliénante se cache une mélodie aguicheuse aux résonnances progressives que n'aurait pas renié un Baroness ou un Mastodon. Mais tout ceci n'est que ruse perfide, la colère d'Antediluvian se déverse ainsi dès les premières secondes de "...Through The Cervix Of Hawaah". Il est alors trop tard puisque la raison à quitté ces lieux pour laisser place à une folie destructrice sans nom. De ce chaos sonore, il ne restera que puanteur et immondices.
Antediluvian n'est donc décidemment pas un groupe à mettre entre toutes les mains. Tout dans la musique des Canadiens est absolument repoussant. La production volontairement étouffante, donne le sentiment d'écraser ainsi chaque instrument pour un rendu d'une densité aussi intense qu'impénétrable. Il faut dire que les riffs n'aident pas vraiment l'auditeur à adhérer aux propos poussiéreux et destructeurs d'Antediluvian. Placées en retrait, on distingue effectivement très bien que les guitares font parties intégrante de l'équation. Seulement, en saisir les riffs, les mélodies et les patterns est presque de l'ordre de l'utopie tant leur but n'est pas de séduire mais bel et bien d'annihiler toute forme de vie. Seuls les passages plus aérés permettent d'y voir clair et de cerner toute la noirceur de ces riffs étranges, torturés et dérangeants. Le jeu de batterie, s'il n'y paraît pas, se révèle pourtant varié avec beaucoup de changement de rythmes et de nuances même si la prédominance est au martelage intensif. Il reste enfin cette voix effroyable. Sans aucune nuance, elle n'est que cris primaires sortis du plus profond de la terre. Menaçant, ritualistique, incantatoire, profond... le chant n'est qu'un moyen supplémentaire pour Antediluvian de submerger l'auditeur dans ce déluge sonore quasi cacophonique. Malgré ce constat qui peut sembler peu encourageant, la musique d'Antediluvian réussit à captiver. D'abord par curiosité mais ensuite parce qu'on se rend compte que l'on est toujours inéluctablement attiré vers tout ce qui est sale, horrible, effrayant et dérangeant. Et c'est exactement ce qu'est Antediluvian.
Ce qu'il y a d'étonnant avec ce genre d'album c'est qu'il y aura toujours d'un côté des gens pour trouver ça horrible, totalement inaudible et incroyablement mal interprété et de l'autre des gens capables de s'enthousiasmer pour une musique qu'on sait extrêmement difficile à cerner et à appréhender. Through The Cervix Of Hawaah est un album dangereux qui vaut autant pour sa musique que ses ambiances toutes deux éprouvantes et intenses. Et malgré le fait qu'il faille s'armer de patience pour en saisir les subtilités et même parfois l'intérêt, on finit par se rendre compte que l'on est sans cesse attiré par cette musique d'un autre monde.
| AxGxB 20 Janvier 2012 - 8471 lectures |
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