Temple Of Baal est un groupe qui aime prendre son temps. Quatre ans après le très bon
Lightslaying Rituals, les parisiens signent enfin leur retour (il y a bien eu le split avec Ritualization mais ça ne compte pas vraiment) avec la sortie il y a quelques semaines de leur quatrième album intitulé
Verses Of Fire.
Avec son précédent album, Temple Of Baal avait commencé à opérer un léger revirement stylistique, délaissant ainsi ses influences Thrash au profit d’un Black Metal aux sonorités Death Metal de plus en plus évidentes.
Verses Of Fire confirme ce virage tout en propulsant Temple Of Baal parmi les groupes Français les plus intéressants en la matière.
Première bonne surprise, l’artwork. On le doit à un jeune atelier de création parisien du nom étrange d’AAAAA-Atelier (qui a d’ailleurs travaillé avec Seth sur
The Howling Spirit ou
Les Blessures De L’Âme). Tout en conservant certains symboles propres à l’univers de Temple Of Baal (la Brimstone, une paume de main tendue, un triangle barré dans lequel on retrouve un soleil), ces deux jeunes artistes ont réussi a proposer une vision moderne, graphique et coloré (un peu à la manière d’un Metastazis) d’un univers où prédomine pourtant un certain traditionalisme.
Deuxième bonne surprise, le contenu de ce quatrième album qui devrait définitivement asseoir Temple Of Baal comme l’une des principales références hexagonales en matière de Black Metal aux côtés d’Aosoth, Antaeus, Hell Milita et autres Arkhon Infaustus. Comme évoqué plus haut, le groupe continue sur la voie de ce Black/Death particulièrement virulent sans jamais perdre de vue l’idée d'une certaine identité les distinguants du reste de la masse. Et force est de constater que
Verses Of Fire est un album bien plus mature, réfléchi, élaboré et personnel que le reste de la discographie des parisiens. D’ailleurs le timing ne ment pas. Avec presque soixante minutes au compteur pour dix titres,
Verses Of Fire affiche en moyenne vingt minutes de plus que chaque précédente réalisation de Temple Of Baal. Des morceaux souvent longs et fouillés allant de trois à dix minutes (dont sept au dessus des cinq minutes).
Le groupe a donc souhaité s’émanciper de certains standards au profit d’une musique riche qui n’hésite pas à brasser les genres tout en restant cohérente. Black Metal, Black/Thrash, Black/Death, Black Orthodoxe… Temple Of Baal a laissé tomber ses œillères et s’affirme ici à travers des compositions intenses, sombres, religieuses, exigeantes, parfois mélodiques, parfois lumineuses, souvent malfaisantes.
Verses Of Fire s’ouvre ainsi sur "Το αστέρι 418", un titre de plus de sept minutes construit en plusieurs parties. Une première tout en blast avant l’arrivée d’un break à 2:28 servant à introduire une partie plus étouffante mais aussi plus mélodique avec notamment ce lead à 4:03 avant de conclure par une troisième séquence identique à la première avec en sus ce sympathique solo à 6:12. Une entrée en matière particulièrement convaincante mais qui n’est pas un cas isolé. Après le redoutable "Bloodangel" sur lequel sévit un Temple Of Baal le couteau entre les dents (trois minutes au son d’un riffing Thrash glacial et d’une caisse claire en mode mitraillette), les parisiens nous offrent le très surprenant "Arcana Silentium". Un titre d’une extrême religiosité marqué par l’arrivée de ce chant clair et mélodique à 3:50 suivi par cette prière déclamée en français à 6:29. Mentionnons également "The 10th Aethyr", un titre mid-tempo illuminé par ce solo épique à 4:54 qui, petit à petit monte en intensité jusqu’à la conclusion quelques minutes plus tard. "Gnosis Of Fire" qui renoue avec ce Black Orthodoxe lumineux, notamment à partir de 3:58 où arrive cette voix mélodique légèrement en arrière plan. Enfin le très bon "Serpens Luminis" tout en ambivalence et doté d’un feeling toujours aussi épique et glacial notamment grâce à ces quelques soli.
Mais si ces quelques titres font état d’une certaine variété sur le plan de la rythmique et/ou de l’atmosphère, d’autres s’enfoncent tête baissée dans un registre Black/Thrash extrêmement virulent. Il y a bien évidemment "Bloodangel" évoqué un peu plus haut mais on peut également citer "Gates Of Death" et "Golden Wings Of Azazel" (ainsi que "Lord Of The Raging Seas" dans une moindre mesure). Deux titres intense et brutal marqués par des solos chaotiques et, pour le second, un cri aigu et perçant du plus bel effet (à 2:16). Enfin, Temple Of Baal conclue ce nouvel album avec l’éprouvant "Walls Of Fire". Dix minutes d’un Black Metal mené pied au plancher avec tout juste de quoi reprendre son souffle le temps d’un break construit autour d’un autre de ces fameux solo Heavy mélodique.
On saluera également l’effort fait en matière de production pour offrir à l’auditeur un disque organique où chaque instrument trouve naturellement sa place, sans excès. Les guitares dominent au côté du chant. La voix d’Amduscias est impeccable: haineuse, religieuse, menaçante alors que les backings assurés par Arkdaemon offrent puissance et lourdeur. Pour le reste, basse et batterie sont très bien mixées. La basse est présente sans être exagérée alors que le son de batterie est naturel et incisif.
Avec
Verses Of Fire, Temple Of Baal signe un album d’une grande maturité et prouve par la même occasion qu’il est encore possible de surprendre sans sacrifier à l’efficacité ou à sa propre identité. Une identité qui d’ailleurs s’affirme de plus en plus en s’éloignant d’un Black Metal primaire et souvent trop restrictif au profit d’une musique plus approfondie. Assurément l’un des albums de 2013, tous styles confondus.
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