Parfois le sort s'acharne, et le labeur qu'endure le chroniqueur est démultiplié par cet enfoiré de petit sournois qu'est le destin. Je ne m'étendrai pas sur les raisons successives qui ont fait traîner la rédaction de cette chronique sur une durée totalement déraisonnable, mais sachez qu'entre des études encore plus chronophages que la réception de l'intégrale de The Shield en DVD, une montagne de promos tous plus chiants et pas enthousiasmants les uns que les autres et une certaine tendance à la procrastination, voilà pas loin de 3 mois que ce
Lightslaying Rituals traîne sur mon bureau. Mais bon, après plus de 4 ans d'attente, on n'est clairement plus à ça près ! Il faut en effet remonter à 2005 pour trouver le précédent, et deuxième, album de Temple Of Baal, qui encore plus que
Servants Of The Beast s'enfonçait dans les méandres d'un black/thrash assez bestial sans toutefois être simpliste. S'éloignant encore un peu plus du black haineux de ses débuts, le groupe prolonge la logique de
Traitors To Mankind, sans toutefois en renouveler les erreurs.
Pour les rares qui n'auraient pas encore entendu parler de ce groupe, Temple Of Baal fait partie de ces nombreux groupes de la scène black metal française à s'être formés à la fin des années 90 et qui ont commencé à faire parler d'eux au début de la décennie. Les franciliens, encore plus vite que les autres, se sont fait connaître grâce aux bons services de Oaken Shield leur assurant une promotion décente, mais aussi et peut être surtout grâce au partage de quelques scènes avec d'autres groupes de qualité, pour des concerts généralement fort bons. Aujourd'hui réfugiés chez les sympathiques polonais d'Agonia Records, Temple Of Baal se fait rappeler à notre bon souvenir avec ce troisième album, qui officie donc dans la veine black/thrash assez primaire, plus proche du black/thrash relativement classique d'un Aura Noire que du black/thrash mélodique et raffiné d'un Deströyer 666.
Mais il y a donc un léger changement depuis
Traitors To Mankind, car à ma grande joie ce nouvel album est beaucoup moins posé, s'appesantit moins sur des rythmiques balourdes comme pouvait le faire "Flames Of Baal", ou étoffe plus ses mélodies que la plupart des morceaux directs du précédent opus.
Lightslaying Rituals retrouve en effet la verve mélodique qui faisait une grande part de l'intérêt de
Servants Of The Beast, mais saupoudre tout de même ses morceaux de gros breaks thrashishant à la mode norvégienne, pas toujours du meilleur aloi oserais-je dire, mais cela n'engage que moi.
Bien que meilleur que son prédécesseur sur le plan des compositions, globalement plus énergique et bien plus élaboré, ce nouvel opus tombe tout de même dans certains travers malheureux qui n'aident pas forcément à démarquer Temple Of Baal de la masse. Je pense particulièrement aux breaks très lents de "Black Sun Of The Damned" et "Dead Cult", pas franchement à même de me réveiller en ce milieu d'album particulièrement quelconque à peine mis en lumière par un "Hate Is My Name" ultra classique. Pourtant il y a de bonnes choses dans ce
Lightslaying Rituals, à commencer par le riff d'ouverture de "Piercing The Veils Of Slumber", ou l'excellent refrain de "Blessings Of Blackfire", sans parler des très bons vocaux d'Amduscias sur l'ensemble de l'album. Oui mais le sentiment prédominant se résume en deux mots : "sympathique" et "déjà vu" (bon ok, ça fait trois).
S'il y a une chose à reprocher par dessus tout à cet album, encore bien au delà de ses compositions inégales, c'est sa production que je qualifierais de totalement ratée. Elle est tellement ignoble que je me suis d'abord demandé si on ne m'avait pas envoyé un cd bourré de mp3, et que j'ai fait l'essai sur plusieurs chaines hifi pour savoir si par un quelconque artefact cette bouillie de basses ne venait pas de mon installation. Et bien non, et même si le résultat passe à peu près à bas volume, pour peu que l'auditeur ait un matériel de qualité et que l'écoute se fasse à haut volume, le résultat est catastrophique. Dans ce sympathique gloubiboulga de graves indistincts, on est bien en peine de distinguer la grosse caisse de la basse, d'autres éléments de batterie (hormis la caisse claire qui ressort très bien), voire même de presque tout le reste, en fait. Imaginez la production du dernier Metallica transposée à un black/thrash qui passe le tiers de son temps à blaster et vous aurez une idée du désastre. Il y a une nette différence entre faire une production cradingue adaptée au black metal et cette horreur où toutes les fréquences se mélangent joyeusement pour former un mur aussi impénétrable qu'elle devient horripilante bien avant la fin de ce
Lightslaying Rituals. Voilà au moins une nouvelle rassurante pour tous les apprentis producteurs de ce monde : il suffit de tout mettre à fond dès que vous voyez un potard sur une table de mixage, et votre avenir est assuré ! J'avais pourtant prié très fort pour que Tue Madsen ne fasse pas de petits...
Si Temple Of Baal n'a jamais franchement brillé par une originalité absolue que les musiciens du groupe ne recherchent d'ailleurs sûrement pas, j'avais pourtant gardé un bon souvenir de leur premier album qui reste à mon avis, et malgré toute ma bonne volonté, leur meilleur à ce jour.
Lightslaying Rituals n'est pas un mauvais album, loin de là, il fait d'ailleurs montre de quelques qualités certaines, et offre de temps à autres de très bons riffs. Malheureusement, il n'y a pas que son manque d'originalité qui le fait descendre dans mon estime, il y a surtout sa production franchement pénible. Dommage donc qu'en plus de ses quelques vilains défauts qui l'auraient de toute façon relégué au sein de la catégorie des "albums bons mais pas plus", sa production lui vaut une sanction dans la notation pour une note qui s'avèrera donc assez sévère. Il n'y a plus qu'à croiser les doigts pour que Temple Of Baal croise la route d'un producteur compétent dans un futur proche !
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