Superior Enlightenment - The Great Obscurantism
Chronique
Superior Enlightenment The Great Obscurantism
Éclaircissement supérieur, voilà un programme qui ne déplairait pas à nos compatriotes du sud de la France. C'est vrai qu'en ce moment, leur ciel est obscurci par les fumées de feux de forêts – qui sont malheureusement les seules choses qui ne méritent pas de brûler dans ces horribles contrées – et qu'ils doivent espérer leur dissipation. Personnellement, j'espère plutôt qu'on entendra parler de Superior Enlightenment, parce que c'est encore un de ces petits groupes ultra prometteurs dont le Québec a le secret. Sauf qu'au lieu du death technique auquel nos cousins de la belle province nous ont habitué, c'est un black/death très froid et blasté que nous propose le groupe avec son premier album, qui semble aussi être sa première réalisation, sans passer par la case démo.
Les premières secondes de The Great Obscurantism annoncent tout de suite la couleur : pas de compromis chez Superior Enlightenment, on a affaire à un black/death déshumanisé, aux riffs froids et incisifs, qui rappellent fortement l'école norvégienne du début des années 2000. L'influence Zykon/Myrkskog se fait sentir à peu près 90% du temps, mais les canadiens poussent le vice encore un peu plus loin en arrosant copieusement leurs compositions de gravity blasts. L'album est très véloce, extrêmement dynamique, mais le groupe n'hésite pas à proposer avec une heureuse parcimonie des breaks plus lents, vicieux, venant aérer des morceaux qui filent autrement à cent à l'heure. Ceci dit, les breaks sont effectivement reposants pour les guitaristes qui se contentent de plaquer quelques accords, mais ce n'est pas l'heure de dormir pour un batteur chez lequel la fonction « ralentir » n'a pas dû être implémentée (à mon grand bonheur), comme le prouve le break central de « Novus Incompositus Seclorum ». Les vocaux sont très variés, passant du très profond au criard, en étant très convaincants la plupart du temps, mais je serais bien incapable de vous dire lesquels émanent de quel chanteur, vu qu'en plus de celui d'origine, il y a trois vocalistes invités sur ce The Great Obscurantism.
N'allez toutefois pas croire que tout l'album soit une avalanche de tremolo à trois cent à l'heure sur fond de gravity blasts, la guitare sèche peut faire de temps à autre une agréable apparition, comme sur l'intro « Ineffable Winds Of Neptune », quelques secondes de « The Burden » ou le magnifique break de « Not To Be ».
Il y a franchement peu de choses à reprocher au premier album de ces sympathiques québécois qui se permettent le luxe d'égaler en qualité les premiers essais de Myrkskog et Zyklon que j'évoquais plus haut. Les riffs sont pour la plupart excellents, comme celui aux guitares harmonisées de « Ineffable Winds Of Neptune » ou « Divided They Fall », qui n'est qu'un exemple parmi tant d'autres de l'extrême efficacité des compositions du groupe. Si vous êtes allergique aux blasts à outrance, vous risquez évidemment d'être rebuté par The Great Obscurantism, qui ne ralentit que peu son propos. Grand bien en a pris au groupe d'ailleurs, car ce sont clairement les ralentissements qu'ils maîtrisent le moins. Tout va bien quand il y a un ou deux de ces ralentissements seulement par morceau, ce qui est le cas la grande majorité du temps, mais c'est moins convaincant quand ils sont à égale proportion avec des riffs furieux comme dans le mitigé « Cesspool » un peu trop mou du genou, aux accords de guitares pas toujours franchement inspirés.
Petit reproche aussi à certains vocaux un peu trop criés, en particulier sur un « Divided They Fail » pourtant absolument parfait si l'on excepte ce point de détail, mais ils sont peut être le fruit d'un des invités dont je parlais plus haut, et heureusement, restent distillés au compte-goutte.
D'aucuns pourraient aussi avoir des doutes, en ces temps de quantisation à outrance et d'utilisation de pro-tools trop répandue, sur l'authenticité des parties de batterie. Très rapides et soutenues, elles paraissent en effet extrêmement carrées, peut être même un peu trop. Je ne vais pas m'avancer et risquer de dénigrer un batteur qui semble par ailleurs excellent, alors je me contenterai de saluer une admirable performance, car même si jamais il y avait recalage, ce n'est absolument pas dérangeant à l'écoute des 45 minutes de ce premier album.
Doté d'une production sur laquelle il n'y a pas grand chose à redire non plus, The Great Obscurantism est un premier album véritablement prometteur pour une formation dont peu de monde avait entendu parler – en Europe au moins. Malgré quelques rares passages un peu trop lourds et trop peu efficaces, il s'avère être d'une qualité admirable et constante, un black/death blasté et sans fioritures dans la droite lignée de la scène norvégienne du début de la décennie. Comme il est écrit sur le promo que j'ai reçu : « A huge fuck off to all those who'll rip and upload this album on internet. This product is the result if hard working independant people ». Voilà une mentalité qui a de quoi me réjouir, aussi franche et directe que leur album, pleine de bon sens également. Vous aimez les groupes sus-cités, le black/death à la fois très brutal et suffisamment mélodique pour donner envie d'headbanguer ? Alors jetez-vous sur le premier opus de Superior Enlightenment, ce pourrait être votre découverte de l'année. Achetez-le !
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