Après deux albums et quelques EP, Katatonia effectue LE grand changement de son histoire, à tel point qu'on aurait pu se demander s'il s'agissait bien du même groupe. En effet, le combo entame une nouvelle étape dans sa carrière, en sortant ce "Discouraged Ones" qui est en beaucoup de points différent de son prédécesseur,
"Brave Murder Day" (sur lequel j'éviterai de m'attarder pour éviter de m'emballer...). On pourrait presque se demander si Katatonia n'a pas fait exprès d'effectuer autant de changements en si peu de temps, comme pour effacer rapidement un passé pourtant glorieux, allant même jusqu'à changer de logo (qui s'accorde certes plus à cette nouvelle direction musicale). Leur musique passe donc d'un doom vraiment très sombre a un style plus rock mais qui garde tout même l'essence musicale des premiers jours.
Après avoir fait appel à Mikael Akerfeldt (principalement chanteur/guitariste d'Opeth au cas où quelqu'un ne le saurait pas encore où ce serait malencontreusement perdu) pour assurer le hurlement sur leurs précédents albums (Jonas Renkse ayant perdu la faculté d'éructer dans le micro), le groupe a décidé de ne proposer que du chant clair et c'est Jonas qui s'y colle, ayant fait ses classes sur quelques passages de
"Brave Murder Day". Et il s'en sort plutôt bien, révélant au grand jour sa voix si particulière, fragile et touchante, s'accordant si bien avec les guitares acérées de Fred Norrman et d'Anders Nyström (ce dernier ayant abandonné le pseudonyme de "Blakkheim").
Et musicalement justement, le changement est également très brutal. Oubliez les 10 minutes de "Brave" : Katatonia est revenu a des morceaux plus "formatés", dépassant rarement les 5 minutes où l'on peut extraire des couplets et refrains. L'album est d'ailleurs beaucoup plus facilement captable, les morceaux étant assez accrocheurs et simples. Et simplistes ? Pas du tout justement. Car Katatonia n'a pas décider de se lancer dans le commercial et s'il y a bien une chose qui n'a pas changé, c'est la puissance émotionnelle que dégagent leurs compositions. Il ne fait aucun doute que ces petits gars ont du talent et savent viser juste, tellement il y règne une sensation de désespoir et de tristesse profonde. Ils jouent d'ailleurs toujours aussi bien avec les dissonances ce qui donne ce cachet si particulier à leur musique.
Ce premier coup d'essai n'est évidemment pas parfait, ne serait-ce qu'en ce qui concerne le chant clair de Jonas (je me demande même si cette phrase est française), encore un peu hésitant et pas tout le temps juste, mais qui ne cessera de s'améliorer dans le futur. Les lignes de chant sont parfois un peu plates et l'album est dans l'ensemble un peu trop homogène, variant rarement les tempos et les ambiances. De plus, le son et le mixage ne sont pas excellents, mais ne gênent (heureusement) pas spécialement le plaisir d'écoute.
"Discouraged Ones" est donc un album charnière dans la carrière du groupe, le premier d'une série de trois albums qui les mèneront jusqu'au chef-d'oeuvre qu'est
"Last Fair Deal Gone Down" (cf. chronique sur Thrasho). Et malgré ses défauts, il n'en est pas moins un album somptueux, qui saura sûrement vous toucher de la plus simple des manières, avec seulement une belle voix et quelques notes de guitare... Chapeau bas messieurs !!!
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