Katatonia et Peaceville auront décidément exploité ce septième album jusqu'au bout. Au single
"My Twin" disponible un mois avant la sortie de
"The Great Cold Distance", se sont ajoutés deux autres singles
("Deliberation" et
"July") mais aussi une version box de l'album (avec le mauvais clip de
"My Twin") ainsi qu'une version remixée en Dolby 5.1 dont l'intérêt reste à démontrer. Et comme si leurs fans avaient encore des sous dans leur portefeuille, le groupe décide de nous faire le coup de l'album live. Aller c'est la période de la reproduction alors on les excuse, d'autant plus qu'il s'agit en fin de compte, de leur premier album live en plus de 15 ans de carrière. Et oui, 15 ans déjà...
1. L'objet
Comme vous le savez sans doute déjà, "Live Consternation" se compose de deux disques, un CD et un DVD, le second comprenant exactement la même chose que le premier, mais avec les images et le son 5.1 en plus (un DVD quoi). Et tout ça pour le prix d'un simple album, oui j'ai bien dit le prix d'un simple album mesdames et messieurs (sans doute par pitié pour les malheureux qui ont succombé au charme de toutes leurs sorties. Enfin bref, je m'égare...). L'artwork est une nouvelle fois signé par Travis Smith (avec Anders Nyström) qui reprend son travail réalisé sur
"The Great Cold Distance", en bien moins inspiré je trouve. Mais qu'importe, le livret se veut très complet, avec photos et paroles (comme ça avec l'album et la compilation
"The Black Sessions", vous les avez 3 fois). En tous cas, pour un album live, c'est rare et ça fait plaisir.
Etant donné que le CD contient exactement le contenu du DVD, je m'attarderai uniquement sur le DVD par la suite. Merci de votre compréhension.
2. Présentation et moyens
Le cadre étant posé, passons maintenant aux choses sérieuses. Le concert que le groupe nous propose ici, a été enregistré le 17 août 2006 au Summer Breeze Open Air Festival en Allemagne, à une heure visiblement tardive et heureusement car voir Katatonia en plein jour ne doit pas avoir le même impact. Ceux qui ont eu l'occasion de visionner leur précédent DVD ("Live In Krakow", présent sur la compilation
"The Black Sessions") ont peut être encore en mémoire ce montage et ces plans supersoniques qui donnaient la gerbe (mes autres n'ont presque rien loupé). Katatonia a apparemment tiré les leçons de ce premier essai et nous propose ici quelque chose de plus naturel, privilégiant la superposition d'images au lieu de passer de plans en plans. Alors ça va quand même très vite et ça n'est pas toujours de très bon goût, mais le montage et la réalisation sont globalement satisfaisants.
Comme on était en droit de l'attendre, les moyens mis en oeuvre sont conséquents. Les nombreuses caméras offrent des images d'à peu près tout ce qui se passe sur et en dehors de la scène, en long, en large et en travers. Ajoutez à cela un éclairage de très bonne facture (festival oblige) et une image de qualité correcte et vous obtenez un spectacle vraiment pas dégueux à regarder. Mais à écouter alors ? Et bien après un petit détour par le studio (Castillo Sound + Fascination Street Studios), c'est un vrai régal et il fallait bien ça pour donner de l'intérêt au CD. Je ne parle évidemment que du son stéréo car je vous rappelle que je ne suis toujours pas équipé en 5.1, mais celui-ci se suffit finalement à lui-même.
3. La setlist
Nous voici donc lancés dans l'éternel débat du choix des titres d'un album live ou d'une compilation : la setlist. Comme on pouvait s'en douter, le dernier album
"The Great Cold Distance" occupe une grande place mais à égalité avec
"Viva Emptiness" (4 morceaux de chaque album). Arrive ensuite "Tonight's Decision" (2 titres) puis
"Discouraged Ones" (1 titre). Et oui, c'est tout. En excellent connaisseur de Katatonia, vous aurez remarqué l'absence totale de
"Last Fair Deal Gone Down" (que l'on pourrait expliquer par la tendance plus violente du set), mais tout de même, un petit titre de
"Brave Murder Day" n'aurait pas été de refus pour conclure cette prestation. Bien sûr, comme j'aime refaire le monde tout seul (je n'ai maheureusement pas d'ami...), j'aurais personnellement écarté des titres comme "Leaders", "Right Into The Bliss" ou
"July" pour en placer d'autres ("For My Demons", "Murder", "Burn The Remembrance", ... les exemples ne manquent pas) mais au final, le show se tient et maintient une certaine intensité durant ses 52 minutes. De plus, la réinterprétation live fait ressortir la qualité de certains titres qui avaient tendance parfois à m'ennuyer dans leur version studio ("Soil's Song", "Cold Ways" étonnant). Pour terminer la dessus, je tiens à remercier le groupe (et Dieu s'il existe car si oui, on ne serait pas là) pour avoir inclus "Wealth", un des meilleurs morceaux de
"Viva Emptiness" pour moi.
4. La prestation
Contrairement à leur précédent DVD, Katatonia nous offre ici une excellente prestation. Devant un public venu en nombre pour les voir et visiblement actif (en tous cas plus qu'à Cracovie), les suédois se lâchent et... bougent. Oui, vous avez bien lu, notamment Anders et un Jonas méconnaissable qui headbangue à tout va. Il est d'ailleurs assez marrant de le voir pousser de petits hurlements et mimer la batterie de temps à autres en se dirigeant vers Daniel (sans doute les réminiscences d'un souvenir lointain mêlées d'une certaine jalousie face à un tel niveau). En tous cas, tous assurent dans leurs rôles respectifs avec une mention spéciale pour Daniel, exemplaire derrière ses fûts, et Jonas vraiment très expressif et rarement faux. Je pense que l'on doit cette énergie à la setlist dont je vous parlais précédemment, taillée pour les concerts et représentant la partie hurlante du groupe qu'est devenu Katatonia aujourd'hui. Et je vous assure que ça fait plaisir à voir.
Pour conclure, ce "Live Consternation" peut sans problème être classé dans la catégorie des bonnes nouvelles de l'année et devrait ravir les adeptes du combo suédois. Un concert intense qui reprend tout ce que Katatonia à de plus écrasant dans ses derniers albums, du bonheur à voir ou simplement à écouter, cette idée de coupler un CD au DVD se révélant être une façon plutôt intelligente de prolonger la vie du concert. Et pour le prix d'un simple album, il serait vraiment dommage de ne pas en profiter...
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