La vigilance d'Allain Bougrain-Dubourg s'est visiblement ternie avec le temps. Encore un oiseau meurtri et pas un sourcillement du côté de la Ligue pour la protection des oiseaux.
"Brave Murder Day", "Kocytean
", "Dead End Kings", "Brave Yester Days" et aujourd'hui "The Fall of Hearts", Katatonia semble être passé entre les mailles du filet et continue d'accomplir sa sinistre affaire de déstabilisation du monde ailé. On peut d'ailleurs se demander si ce n'était pas la véritable raison des départs successifs des frères Norrman en 2009 puis du batteur Daniel Liljekvist en 2014, ce dernier n'ayant pu supporter un massacre de plus. Enfin je vous dis ça, personnellement les oiseaux je m'en fous un peu ; s'il fallait choisir, je me passerais volontiers d'en voir ou d'en manger pour pouvoir continuer à m'émerveiller à chaque nouvelle sortie des Suédois. Ce dixième album s'inscrit donc dans un contexte un peu particulier, avec un line-up totalement renouvelé autour du duo fondateur Renkse/Nyström. Il ne restait plus qu'à attendre de voir si nos dépressifs allaient amorcer leur dessente aux enfers à l'instar de leur vieux pote Åkerfeldt. Pitié non...
Comme pour Opeth, a priori sur le papier, cela n'aurait du rien changer ce qui ne m’empêche pas de rester perplexe sur le résultat (mais ce n'est pas le sujet). Toujours est-il que le remplacement d'un Daniel Liljekvist devait être aussi pensé que le remplacement d'un Martin Lopez. Si Mikael a un peu merdé sur son choix, Katatonia a eu la présence d'esprit de recruter le compatriote Daniel Moilanen plus connu pour sa participation à des formations extrêmes (Relevant Few, The Project Hate MCMXCIX, Lord Belial, Heavydeath) et qui se montre d'un feeling et d'une puissance qui fait rapidement oublier l'excellent taulier au poste. Son expérience de matraqueur de fûts bien plus avancée que son précédesseur (et que Jonas hehe) se révèle même être un précieux atout et offre d'autres perspectives à la musique du quintette. Aux côtés de Daniel, la bande accueille également Roger Öjersson à la guitare. Bien que sa participation soit finalement assez limitée sur cet album, impossible de passer à côté de ces solos qu'on n'avait encore jamais entendu sur une de leur productions ; un choix judicieux qui pourrait se révéler précieux à l'avenir. D'un point de vue purement technique, "The Fall of Hearts" rassure et donne envie d'en entendre plus, en espérant que le line-up se stabilise autour de ces 5 hommes.
En léger flottement depuis
"Night is the New Day", c'était surtout sur leur évolution musicale que mes appréhensions se portaient. Entre le décevant
"Dead End Kings", la fumisterie
"Dethroned and Uncrowned" et l'inutile rebidouillage de
"Viva Emptiness", il n'y avait pas de quoi être serein, doutes renforcés par un premier extrait "Old Heart Falls" sorti un mois plus tôt qui, malgré ses indéniables qualités (quel refrain!), tendait à confirmer la stagnation du groupe. Heureusement il n'en est rien et Katatonia annonce la couleur dès l'ouverture "Takeover" dont la transpiration a de sérieux relents de rock progressif, dans ses claviers étonnamment présents, son feeling de guitare (merci Roger) et les prestations vocales de Jonas qui s'enrichissent considérablement. Ce constat s'étend à une bonne partie du reste dont l'exemple le plus flagrant doit être "Serac", le titre le plus long des douze. La longueur des titres s'est d'ailleurs nettement étirée, accordant à l'album une durée exceptionnelle de près de 70 minutes sans que cela se ressente négativement sur l'écoute de l'ensemble. Sans doute portés par leurs expériences "Sanctitude" et
"Dethroned and Uncrowned", on observe également une volonté du combo de se tourner vers l'acoustique, allant même jusqu'à sonner très folk sur le reposant "Pale Flag". Cela va de paire avec le renforcement de l'intégration des percussions de JP Asplund qui avait accompagné le groupe sur leur tournée unplugged et qu'on entendait un peu sur le précédent album. Pour autant, n'attendez rien de radical. Les Suédois ne trahissent pas leur style et proposent avant tout du pur Katatonia, certes globalement plus calme et posé mais avec ce qu'il faut de sublimes mélodies, de riffs imparables et de refrains chargés d'émotions. Ce qui surprend néanmoins, ce sont les contrastes qui ont rarement été aussi marqués : les passages atmosphériques et violents s'alternent en une fraction de seconde, sans aucun ménagement et la présence accrue des passages acoustiques renforcent cette sensation face aux murs de guitares.
En ce qui concerne sa qualité, pour être totalement honnête avec vous, j'ai trouvé "The Fall of Hearts" plus intéressant que bon. Aussi paradoxal que cela puisse paraître vis-à-vis de ma note, je reste plus touché par les pièces de
"Dead End Kings" même si ce dernier n'apportait pas grand chose à leur discographie. Ce dixième album manque pour moi de titres forts et souffre d'une certaine linéarité et ce malgré une atmosphère générale prenante et résolument nostalgique ; le titre dégageant le plus d'émotions se révèle être le plus classique finalement : "Old Heart Falls". Je n'ai pas non plus été convaincu par le renforcement des percussions : bien que discrètes, elles sonnent pour moi souvent hors-sujet comme elles l'étaient déjà sur "Sanctitude". Toutefois, en tenant compte de ces défauts et si les ambitions demeurent un peu trop mesurées encore, la plupart des compositions et la prestation du groupe apportent une fraîcheur qui accordent à l'ensemble une aura particulière, une étincelle qui pourrait donner de grandes choses par la suite. En attendant, loin d'être une perle dans une discographie prestigieuse, "The Fall of Hearts" mérite qu'on lui laisse sa chance. Qui sait, vous pourriez être surpris.
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