Christian Mistress - Possession
Chronique
Christian Mistress Possession
On remarque qu'un genre est tendance quand les gros labels commencent à alpaguer des groupes qu'ils n'auraient jamais signés autrement. Christian Mistress s'est fait connaître en 2010 avec son premier et sympathique full-length Agony & Opium. À tel point que le combo d'Olympia, Washington a quitté les méandres de l'underground pour tomber dans l'escarcelle de Relapse Records qui bouffe décidément à tous les râteliers. Mais bon, business is business et on ne va pas non plus reprocher à Relapse de signer un bon groupe! D'autant que la maison de disques américaines est une des dernières à envoyer aux webzines des promos physiques.
Hein? Quel genre? Ah oui! C'est vrai que cette pochette étrange plutôt typée stoner/doom ou même avant-garde prête à confusion. Il s'agit en fait de heavy metal. Du heavy metal retro pour être précis. Car pour être retro, Christian Mistress l'est assurément. Possession, deuxième album des Américains, pue le vieux par tous les pores. Mais le bon vieux, pas ce mélange de médicaments, de pisse et de mort imminente qui émanait de la chambre de ton arrière grand-père quand t'avais huit ans. Le quintette joue du heavy comme on en faisait au début des années 1980, avec un feeling 70's à la Black Sabbath. New Wave Of British Motherfuckin' Heavy Metal, ça te parle, l'ami? Diamond Head, Angel Witch, le Maiden de Di'Anno, c'est toute cette époque que les moins de quarante ans ne peuvent pas connaître que déterre Christian Mistress, dont aucun membre n'est pourtant quadragénaire. Ils sont forts ces cons je te dis! Comme une vieille photo jaunie par le temps retrouvée au fond d'un coffre dans le grenier, sauf que le groupe ne la scanne pas pour faire des retouches sur Photoshop mais la laisse telle quelle sans même l'épousseter. Ça c'est du pur vintage mon pote!
Écoute moi cette production. Un vrai chef-d'œuvre de reconstitution! Encore plus crédible que la bataille de Marignan par les sixièmes de la Ferté-sous-Jouarre l'année dernière! Un son analogue naturel, chaud, où l'on se sent comme chez soi. Ah que ça fait du bien! Rarement croisé un son aussi parfait, sauf à revenir trente ans en arrière. Christian Mistress marque des points rien que là. Il va en scorer d'autres avec sa musique. Car une bonne production ne fait pas tout. Pas de problème, les Ricains ont tout prévu et nous sortent tout ce qui fait un bon album de heavy metal. À commencer par des riffs à l'ancienne qui donnent envie d'acquiescer de la tête et de se dandiner. Efficaces, entraînants et surtout simples mais tout le monde n'en est pas capable. Le bon travail des grattes du duo Ryan McClain et Oscar Sparbel (ancien bassiste live des hipsters de Wolves In The Throne Room) se confirme avec de très bons solos souvent assez rapides. Ça shredde sévère quoi! Checke l'enchaînement jouissif de "Pentagram And Crucifix" entre autres. À noter aussi les quelques passages acoustiques bien gérés sur les introductions de "The Way Beyond" qui se poursuit sur une ambiance doom avant de nous balancer à la tronche un riff plus-heavy-tu-meurs, "All Abandon" et sa tristesse touchante avant d'accélérer, et "There Is Nowhere" accompagnée d'une basse rondelette. Parce que ouais mec, même la basse est cool dans ce groupe! Ça ronronne et ça gigote comme on aime.
Du réchauffé? Bah oui, un peu, forcément. La zique de Christian Mistress a beau être bonarde, elle a un côté déjà-entendu difficile à dissimuler. Je t'avouerai aussi que c'est quand même bizarre que le title-track de l'album, "Possession", soit non seulement une reprise mais aussi le meilleur titre. À la fois groovy et doomy, une pure tuerie (et maman, ce solo!). Et puis bien supérieure à l'originale des Suédois de Faith tirée d'un vieux single de 1986. Fallait la chercher celle-là d'ailleurs! Pourquoi elle est bien mieux que l'originale? Parce que Christian Mistress a une botte secrète sans laquelle Possession ne serait qu'un bon album de heavy parmi d'autres: une chanteuse géniale. Te barre pas couillon, rien à voir avec Nightwish, Epica et toutes ces pleureuses. Non, Christine Davis, elle, a du caractère et ne sert pas de greluche marketing. Elle illumine les compos de sa voix chaude, légèrement cassée, ensorcelante et sensuelle. Presque sexuelle j'ai envie de dire. D'ailleurs je le dis, même si ça n'émoustille que moi! Et il est clair qu'aussi talentueux que soient les autres membres, guitaristes en tête, c'est bien elle qui porte le groupe de son timbre charmeur. La classe!
Ah, dernière chose bonhomme. Malgré les apparences, Christian Mistress n'est pas un groupe chrétien. Si le combo a choisi ce patronyme, c'est uniquement parce que ça sonnait bien, sans chercher plus loin. Et il n'y a pas que le nom qui sonne bien. Tout Possession est un plaisir à écouter, tant qu'on est amateur de NWOBHM. Pas de chef d'œuvre ici, juste du putain de bon heavy vintage qui ne se prend pas la tête et rend hommage au début des années 1980, avec un feeling 70's. Et bien sûr la voix envoûtante de Christine Davis, LE gros plus de la formation. Un album cool, tout simplement.
| Keyser 12 Mars 2012 - 2331 lectures |
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