La preuve par l’image : Les deux premiers albums d’Ahab présentaient des artworks austères, où la grandeur de leur funeral doom/death trouvait à s’exprimer aux travers de peintures classiques figurant chacune à leur manière la bataille opposant l’homme aux océans. Des illustrations on ne peut plus adaptées, leur magnificence d’un autre âge devenant une clé pour lire une musique pareillement symbolique.
The Giant, quant à lui, tranche par un dessin éloigné du concept rencontré auparavant, non pas par ses thèmes – l’eau et sa fureur sont toujours présentes – mais son côté « Comics » étrange pour une formation ancrée dans le traditionnel, au point d’entrainer incompréhension puis déception. L’objet est moche. Il donne peur, même. Et malheureusement, il n’est pas le seul élément à déplorer ici.
En effet, le sentiment causé par la vision de la pochette trouve écho dans ce troisième jet, celui-ci fonçant tête baissée dans une direction que
The Divinity of Oceans avait su éviter : remplacer définitivement le funeral doom ayant fait le succès d’Ahab par un doom/death atmosphérique déraisonnablement simpliste. Là où son prédécesseur faisait se demander quel Dieu les Allemands vénéraient,
The Giant laisse penser qu’il ne se trouve nulle part et certainement pas dans ces structures empruntant leur linéarité au post-rock (introduction arpégée/guitares heavy/break en guise d’accalmie/relance… Vous êtes sûrs que ce n’est pas Caspian s’essayant au doom que j’écoute ?). Une perte en inspiration que le chant clair de Daniel Droste maquille peu, tout juste le temps de premières plongées encourageantes où la relève d’un Pantheist parti vers un rock/doom suranné semble assurée, le leader des créateurs de
The Call of the Wretched Sea n’ayant rien perdu de sa pureté plaintive. Le principal grief se fait à l’encontre des moments lourds des compositions : ils ne sont que lourds, appuyant sans but autre qu’un changement de rythme des parties cadrées à en devenir convenues incapables de transmettre cette ambiance aqueuse dont le groupe se veut le conteur. Dépourvues de cette capacité à écraser d’hectolitres sans prévenir, les variations de « Deliverance Shouting at the Dead » ont du mal à faire valoir leur contraste, rendant les passages liturgiques peu prenants. A ce sujet, la production de l’ensemble est révélatrice : cristalline mais aseptisée, peinant à transmettre la beauté esseulée d’un
The Divinity of Oceans, elle ajoute du chlore à ce qui n’a déjà plus grand-chose d’un voyage en haute-mer.
Voir Ahab se contenter du petit bassin après avoir dépeint des profondeurs aussi abstraites que concrètes, forcément, la tentation de s’énerver et écrire des métaphores pourries telles que « jeter le bébé avec l’eau du bain » est grande ! C’est sans compter sur trois morceaux rattrapant partiellement l’inégalité parcourue (notamment lors du titre-éponyme et « Fathoms Deep Blue » – les œuvres d’Ahab ont toujours faibli dans leurs conclusions mais là, le pompon est tenu en matière de rabâchage !) et permettant à
The Giant de trouver temporairement une place parmi ses ainés : « Further South » et « Aeons Ellapse » (l’un ouvrant l’opus par une solitude recueillie aperçue sur
The Divinity of Oceans, l’autre jouant d’une voix posant puissamment sa déroute et guitares ballotant leur vague à l’âme) ainsi qu’« Antarctica the Polymorphess » et sa formule sublimée où les plages électro-acoustiques transpercent de froideur aigüe et religiosité éperdue, des notes grêles s’écoulant lentement jusqu’à une libération par l’amplification et un Daniel Droste nous offrant une de ses performances les plus éclatantes.
La preuve par l’image : le trait est forcé, le graphisme enfantin bien que parfois en grande pompe, assez pour se croire dans un « Pirates des Caraïbes » mais trop peu pour faire une quelconque référence à Melville. Une sacrée redescente sur terre pour qui imaginait Ahab continuer à emprunter des voies solennelles où la mélodicité sert l’isolement et l’appel implorant qui veut bien l’entendre. Sûr, la note pourra paraître salée ; il n’en est pas de même concernant ce disque,
The Giant laissant finalement un goût trop fade au palais.
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