Ahab… Un nom qui résonnera forcément en toi si tu es amateur de funeral doom de très haute volée. Suivi depuis leur premier LP, le fabuleux
The Call of the Wretched Sea, je ne les ai jamais quittés. Comme d’autres noms immenses de cette scène – Skepticism, Mournful Congregation et tant d’autres – Ahab ne déçoit jamais. Mieux encore, le combo allemand est capable, au pire, de composer deux albums proches d’un niveau inatteignable pour 99% des suiveurs (
The Call of the Wretched Sea,
The Divinity of Oceans), au mieux, de partir dans des expérimentations qui les voient tutoyer d’autres sommets (The Giant, The Boats of the Glen Carrig).
Pourtant, je dois le confesser, même si tous ces albums placent Ahab hors de portée de la concurrence, rien n’égale leur tout premier LP.
The Call of the Wretched Sea demeure inégalable. Depuis 2006, je guette chaque sortie du groupe pour savoir si, à un moment ou à un autre, un album viendra lui tenir la dragée haute.
The Coral Tombs sera-t-il celui-là ? Peut-être. Inspiré du livre de Jules Verne « Vingt mille lieues sous les mers »,
The Coral Tombs va vous emmener loin. Très loin.
Fidèle à la tradition Ahab,
The Coral Tombs est long. Plus d’une heure pour 7 titres, qui avoisinent tous les 10 minutes. Et comme à l’habitude, les ambiances sont ultra travaillées, la musique étant naturellement à l’unisson. Tout juste note-t-on une entrée en matière plus directe, plus brute avec Prof. Arronax' Descent into the Vast Oceans, mais très vite entrecoupée de magnifiques mélodies qui donnent à contempler les fonds marins. Très rapidement, l’univers marin s’impose, gracile et aérien, jusque dans la voix de Daniel Droste, enchanteresse. L’atmosphère est féérique et l’auditeur éprouve littéralement le sentiment de flotter dans l’immensité de l’océan, en contemplant ses merveilles. On se laisse ainsi porter durant de longues minutes, comme en apesanteur, juste secoué par instants par des guitares plus lourdes mais toujours magnifiées par un son très profond, très chaud aussi. La voix, étonnant mélange de profondeur et de d’emphase, se pose avec une infinie délicatesse sur la structure. Le funeral est bien là mais il est simplement enjolivé d’une multitude d’arrangements, d’influences et de solis lumineux. Ainsi, Colossus of the Liquid Graves et Mobilis in Mobili progressent-ils sous forme d’arabesques aériennes mais en étant accompagnés cette fois-ci d’une voix d’outre-tombe, qui rend le funeral d’Ahab plus abyssal que jamais. L’alternance avec la voix claire et profonde fait des ravages tant elle sert l’ambiance globale, qu’elle matérialise au travers de tableaux nautiques palpables (les petites notes cristallines, comme des bulles d’air remontant à la surface, sont presque visibles sur Mobilis in Mobili).
Ces trois premiers morceaux marquent un premier temps. Ils sont plus courts et permettent de basculer vers la seconde partie de l’album, dotée de titres beaucoup plus longs. The Sea as a Desert et A Coral Tomb entament cette seconde partie en superposant les couches instrumentales, à l’image d’un Cult of Luna. Des belles mélodies sont égrenées, sur lesquelles viennent se poser d’autres mélodies, plus arabisantes avant que la structure ne soit « écrasée » par le son lourd des guitares et l’accroche ultra chaude de la basse, en arrière-plan. La voix growlée est ici la norme. Ce schéma est celui qui deviendra le fil rouge des derniers morceaux. L’alternance voix claire / growlée n’est pas abandonnée, loin s’en faut, mais le funeral prend plus nettement le dessus tout en se mélangeant avec des structures post du meilleur effet. La longueur des titres favorise cette progression et le développement de ces atmosphères, qui privilégient les ponts centraux tantôt mélodiques (The Sea as a Desert), tantôt plus rampants (A Coral Tomb). L’univers développé est presque ouaté, extrêmement rassurant et parfaitement magnifique, comme si chaque note permettait de découvrir un recoin d’épave abandonnée gorgé de poissons colorés, comme si chaque phrasé musical offrait de partir à l’aventure au fond d’un gouffre marin à la rencontre d’espèces inconnues.
C’est que, sans hésitation, The Coral Tomb n’est pas que remarquable d’un point de vue musical. Il est littéralement visuel. La musique donne vie à l’univers des Allemands, le matérialise devant nos yeux. Ainsi, Ægri Somnia et The Mælstrom, les morceaux les plus longs, synthétisent ces idées pour un rendu absolument superbe : des notes douces et fragiles qui ouvrent les titres, qui traduisent l’exploration et l’émerveillement du plongeur, aux accords plus nettement radicaux et aux solis transperçant qui montrent l’hostilité des abysses, tout est en osmose, rien ne manque. A noter d’ailleurs, cerise sur la proue du navire, la participation sur The Mælstrom de Greg Chandler d’Esoteric. Quand les grands esprits se rencontrent…
The Coral Tombs est une merveille, tu l’auras saisi. Ahab ne faiblit pas. Ahab se renouvelle, enjolive son style, le mélange sans que jamais de faiblesse ou de faute n’apparaissent. Remarquable de bout en bout,
The Coral Tombs donne à voir et à entendre.
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