Comme l’a si bien expliqué notre regretté Christliar dans sa chronique de
In Fields Of Pestilent Grief, impossible de débuter son texte sans rappeler la stature du groupe Funeral, considéré comme l’un des géniteurs du funeral doom grâce à sa première offrande
Tristesse (1993) mais aussi comme l’un des premiers à user d’un chant féminin (
Tragedies en 1995). Face à des problèmes de label et un manque de motivation, il faudra attendre 7 ans avant que les Norvégiens puissent dévoiler leur troisième album (controversé)
In Fields Of Pestilent Grief. Peu de temps après sa sortie, Funeral se séparera de sa jeune chanteuse et subira le suicide de son membre fondateur, le bassiste et chanteur Einar Andre Fredriksen remplacé par un certain Frode Forsmo (ex-Old Man’s Child, ex-Tulus).
From These Wounds fut enregistré en 2004 mais encore une fois des problèmes de label viendront s’interposer. La signature chez Tabu Recordings (Candlelight Record Outre-Atlantique) permettra enfin à Funeral de sortir sa quatrième œuvre (fin 2006 en Norvège, début 2007 pour le reste de l’Europe).
Funeral avait su créer un style quasi-inédit au début des années 90, désormais les Norvégiens piochent dans un doom contemporain aux relents gothiques et bien plus « accessible » (Katatonia, My Dying Bride, Draconian, Green Carnation..), continuant sur la lancée de
In Fields Of Pestilent Grief.
From These Wounds enfonce le clou. Des aspects décriés par les adorateurs de leurs prémices funeral, fâchés par cette évolution relativement « convenue » et « grand public » (production massive et musique accrocheuse dès la première écoute). Le jeune prodige Kjetil Ottersen jouera cette fois un rôle important (composition, paroles et production), épaulant le défunt Christian Loos à la guitare ainsi que la tête pensante Anders Eek. En résulte des titres finement arrangés sous le joug de nappes de claviers célestes parfaitement placées (les démonstrations magistrales « Red Moon » et « Pendulum ») et des mélodies touchantes presque lumineuses, simples et totalement imparables (dans la lignée des premiers Katatonia, le titre bonus « Breathing Through You » ne pouvait pas être plus explicite) sur chaque morceau. L’ouverture « This Barren Skin » mettra déjà en condition, premier hit et premier lead mélodique à ne plus sortir de votre esprit. Et que dire des breaks crucificateurs éparpillés… « The Architecture Of Loss » (5:25, le duo guitare/clavier à sa quintessence), « Red Moon » (la mélodie glaciale de 6:02), « Vagrant God » (son solo majestueux à 4:34)… Juste bouleversant.
Contrairement à certaines formations jouant la carte du « dépressif de façade », la thématique et l’atmosphère dépressive de Funeral n’ont pas changé, elles restent des plus sincères. Le nom (et dénomination) du groupe n’est pas usurpé, le mal-être des musiciens n’est aucunement simulé, il est bien palpable, qu’il soit dans les riffs plombants ou les vers poignants de Frode Forsmo. Les suicides des deux piliers du groupe Einar Andre Fredriksen et Christian Loos demeurent malheureusement quant à eux bien « réels »… Ceux peu friands (c’est mon cas) du chant féminin de Funeral (
Tragedies et
In Fields Of Pestilent Grief) pourront enfin se délecter pleinement des compositions du groupe. Aucune surenchères dans ses lignes vocales « doublées » ni de passages hurlés (quelques rares variantes dans les graves), un chant clair « innocent » presque « timide » et envoutant (le final du titre éponyme) qui sied parfaitement à la musique de Funeral. Nos émotions refoulées sont souvent atteintes (le refrain frissonnant de « Pendulum » ou le ténébreux final « Saturn »).
Funeral n’est plus ce groupe qui « osait », il ne retournera pas non plus au funeral doom de ses débuts.
From These Wounds suit l’évolution de
In Fields Of Pestilent Grief, un doom « simple » aux mélodies entêtantes et gorgé d’émotions qui frôle la perfection. Les passages « bouche trous » aux riffs « power chord » martiaux mièvres (« Red Moon », « Pendulum ») gâcheront l’atmosphère mélancolique et magnifique dégagée. Quant à l’originalité, il est vrai que Funeral se repose parfois trop sur ses influences. Le charme opéré gommera aisément ces défauts, cet album est un bijou de tristesse. Les Norvégiens devront affronter le suicide (encore un) de leur guitariste Christian Loos juste avant la sortie de cet album ainsi que le départ de Kjetil Ottersen. L’absence de ce duo dans la suite de la discographie de Funeral se fera grandement sentir,
As The Light Does The Shadow sera malheureusement d’un tout autre niveau.
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