Totalselfhatred - Totalselfhatred
Chronique
Totalselfhatred Totalselfhatred
La lumière extérieure s’affaiblit progressivement, le froid commence à être difficilement supportable, le sommeil devient trop irrégulier, les prochains mois paraissent dénués de quelconque intérêt, la solitude pèse… La dépression saisonnière semble refaire surface, propice à ressortir ses albums les plus sombres et mélancoliques. Une œuvre marquante de 2008 a été malheureusement omise de notre site,
Totalselfhatred (difficile de faire plus explicite quant au style pratiqué). Il est temps de réparer cette erreur. Formé en 2005 à Helsinki par plusieurs membres d’Horna, Totalselfhatred sortira une démo un an plus tard puis signera chez les Français d’Ordo Decimus Peccatum (sous-label black metal d’Osmose) afin d’exposer sa douleur insoutenable à travers un premier album éponyme.
A l’opposé d’une scène (« depressive/suicidal black metal ») empruntant majoritairement au doom et au black metal atmosphérique pesant, Totalselfhatred se positionne sur une musique accrochant dès les premières secondes de par ses mélodies et sa violence relative. Aucun minimalisme ici. Des compositions riches jouant sur deux tableaux, entre passages éthérés ambiancés et moments brutaux dévastateurs. Cela supporté par une production moderne « chaude » et imposante (loin des standards « raw » habituels et du son de leur prochain opus). Black metal dépressif « grand public » ? Pas totalement faux. Une dominante mélodique aux riffs simples mais extrêmement poignants sur chaque titre, dont seuls les pays nordiques ont la recette (et que je vénère). L’imparable « Sledge-Hammered-Heart » (une claque toujours aussi monumentale à chaque écoute) ou « Total Self-Hatred » (cette fin…) ne laissent aucunement indemne. Bouleversant. Le groupe a la particularité d’avoir deux hurleurs principaux (les deux guitaristes), alternant à tour de rôle les cris tourmentés (appuyés du bassiste et claviériste) et les rares passages clairs (« Mighty Black Dimensions »). Deux chants certes puissants (doux euphémisme), mais manquant d’un je-ne-sais-quoi… De sincérité ou d’âme peut-être. Je ne suis touché qu’à moitié. Ça malgré des paroles (anglais et finnois) torturées exhalant le mal-être et suivant la thématique de la haine de soi (nom du groupe et de l’album). Ce sentiment de ne pas être aimé, d’avoir commis des erreurs irréparables ou de cette perfection que vous n’imaginerez jamais atteindre… Les pensées les plus noires en découlent.
Totalselfhatred n’est pas qu’une berceuse sur les lames de rasoir. Cette « haine de soi » se traduit aussi par des passages brutaux, déluge de double pédale et de riffs acérés (distorsion élevée). Aidée de la production « mastodonte », il sera difficile de faire face à ces salves d’ultra violence (les frappes lourdes de l’excellent « Carving »). Efficaces à court termes car bien peu subtiles et assez inégales au bout du compte, le contraste avec les touches émotives étant parfois trop prononcé. On touche à la fois la quintessence et la « banalité » sur un même morceau : le début de « Spirituelles Equilibrium » à son break majestueux (3:10) et « Mighty Black Dimensions » au lead plombant (accentué à 4:50) et son final aux nappes célestes. Un constat alors s’impose, Totalselfhatred excelle d’avantage ici dans son approche atmosphérique. Le clavier discret en soutien et les riffs dissonants arrivent à générer une ambiance glaciale et oppressante. Cette musique en « dents de scie » crée une couche hermétique et empêche de peu l’auditeur de ressortir pleinement ses émotions refoulées, « Sledge-Hammered-Heart » ouvrait pourtant un boulevard. Certainement sur un prochain méfait de ces jeunes Finlandais.
Trop « propret » pour déranger et réellement toucher son auditoire dépressif, des inégalités parsemées, pas assez original pour se faire un nom, ce premier album de Totalselfhatred n’en reste pas moins carré, riche, accrocheur et gorgé d’émotions. Autant d’adjectifs qui auront suffi à le placer parmi les meilleures sorties de l’année (prolifique) 2008 et des groupes les plus prometteurs (encensé par les critiques à sa sortie). Conclusion amplement méritée. La suite
Apocalypse In Your Heart, changement radical d’approche de leur black metal suicidaire, fera débat chez leurs adeptes misanthropes.
| Mitch 30 Novembre 2012 - 3882 lectures |
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