Soirée maussade coutumière à Birmingham, entre quelques pintes insipides (bières anglaises), Mick Kenney (Irrumator) et Dave Hunt (V.I.T.R.I.O.L., qui aura tout juste intégré Benediction), deux illuminés à peine majeurs, souhaitent déverser leur haine incommensurable dans un projet musical. Concevoir une musique résonnant comme la quintessence même de la brutalité et de la noirceur, ode à l’Armageddon et au nihilisme. La finalité ? Devenir le groupe le plus extrême de la planète, tout modestement. Dave au micro et Mick s’occupant de tous les instruments : Anaal Nathrakh (« Souffle du serpent », tiré du sort de Merlin dans le fabuleux « Excalibur » de John Boorman) est né. Après deux démos, les Britanniques signeront chez Mordgrimm (Arkhon Infaustus, Covenant, Dies Ater, Dragged Into Sunlight…), sous-label de Cacophonous Records. L’abomination
The Codex Necro peut sortir de son cocon.
Après des débuts typiquement (raw) black metal (démos ressorties sur la compilation
Total Fucking Necro), le style pratiqué mutera vers une musique extrême chimérique. Anaal Nathrakh ira puiser aussi bien dans le black metal norvégien que dans le grind/death de leur patrie (génitrice du genre). Ceux comme moi ayant découvert le groupe plus tard, retrouveront déjà les bases du groupe à peine le hit d’ouverture «The Supreme Necrotic Audnance » lancé. Les vocaux hallucinants de Dave Hunt, l’alternance de riffs intenses cataclysmiques et de notes sombres épiques ainsi que la batterie infernale programmée de Mick Kenney. Le « Necro Black Metal » est créé. Un socle black metal marqué qui rappellera le brutal black de 1349 (arrivé en même temps qu’Anaal Nathrakh), s’imprégnant de Mayhem, Gorgoroth, Carpathian Forest et autres Urgehal mais sans les « corpse paint » et balades dans les forêts enneigées d’Europe du Nord (torche à la main). Un univers moderne post-apocalyptique (similaire à celui d’Aborym et The Axis Of Perdition) transpirant l’ambiance malsaine et poisseuse. Une atmosphère portée par ce côté « mécanique » / « déshumanisé » (l’utilisation de « beats electro ») et les vers prônant l’annihilation de la race humaine de Dave mais aussi par l’utilisation conséquente de divers samples dérangeants de films (Excalibur, Event Horizon, La Maison des damnés, La Malédiction finale, Platoon…). Les monstrueux « When Humanity Is Cancer », « Technogoat » ou encore « Human, All Too Fucking Human » sont de vrais régals pour nos instincts dérangés.
Les morceaux s’enchaînent et nos tympans commenceront rapidement à crier douleur. Cette ultra violence interminable atteindra son paroxysme sur l’incontournable « Pandemonic Hyperblast » (et son lead à invoquer le Malin). Masochistes dans l’âme, difficile d’en sortir indemne… Evidemment Anaal Nathrakh aura su égaler ce chaos sonore (je pense surtout à
In The Constellation Of The Black Widow) mais jamais avec une telle intensité (46 minutes éprouvantes). La production « raw » (spécifiquement black metal) utilisée ici en est grande partie responsable. Connaissant la suite de leur discographie, les compositions sembleront très « primaires » pour certains, que ce soit dans la structure des morceaux ou l’emploi de riffs « basiques ». De fait certains passages peineront à convaincre, particulièrement en fin d’album (« Paradigm Shift – Annihilation », « Incipid Flock ») mais cette sincérité rattrapera ces défauts de jeunesse. Il en ira de même pour les hurlements peinant en puissance de Dave (atteignant leur apogée sur les derniers opus). Reste que le misanthrope V.I.T.R.I.O.L possède une rage tellement indescriptible, usant de cris inhumains dans des modulations inimaginables (« Technogoat » et « The Codex Necro ») que déjà en 2001 le frontman imposait son style. « Die on your knees ! » du tube « Submission Is For The Weak » me donnera à chaque fois ce petit sourire sadique… Jouissif au possible.
Œuvre vénérée des disciples d’Anaal Nathrakh, le livre manuscrit
The Codex Necro pose les bases musicales du duo anglais dégénéré. Les racines black metal commenceront à s’effacer par la suite, l’évolution du groupe allant de plus en plus vers la mélodie (le jalon étant
Domine Non Es Dignus avec l’apparition du chant clair, aspect désormais indissociable du groupe). Anaal Nathrakh n’aura à ce jour jamais sorti un album aussi brutal (« Pandemonic Hyperblast » comme étendard) et dérangeant. Une expérience musicale qui vous laissera des cicatrices auditives… A placer indiscutablement parmi les meilleurs albums de brutal black.
« DIE ON YOUR KNEES !!! »
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