Le « souffle du serpent » venu de Birmingham continue d'infecter une masse en mal de chaos sonore et de vers nihilistes (merci à leur nouveau label Candlelight Records), un black/grind apocalyptique aussi défini comme du « Necro Black Metal » par ses géniteurs. Leur cinquième album
In The Constellation Of The Black Widow avait su raviver la flamme des anciens défenseurs de leur ultra violence, quelque peu déçus du trop « catchy » et fort contrasté
Hell Is Empty, And All the Devils Are Here. Comme sur
Eschaton, Anaal Nathrakh avait en effet réussi à mieux balancer son penchant mélodique avec sa brutalité passée. Une brutalité qui avait même atteint son paroxysme sur certains passages du brûlot (« Blood Eagles Carved On The Backs Of Innocents » est un pur bonheur de sadisme auditif). Revoilà les Britanniques deux années plus tard, cette fois le groupe misanthrope se concentre sur la thématique de la « passion ». Selon eux, une forme masquée de l'agonie, aussi perçue comme une sorte de solitude pouvant amener à une rage inimaginable...
In The Constellation Of The Black Widow avait enchanté bon nombre de malentendants, les chroniques jonchant la toile iront en mon sens. Mais il n'était pas exempt de tout reproche. Anaal Nathrakh ne faisait que suivre la ligne directrice initiée en 2004 par
Domine Non Es Dignu, aucune prise de risque et des morceaux assez formatés au bout du compte (couplet « fin du monde » / jolies mélodies / refrain au chant clair très « théâtral »). Sur
Passion, les Anglais reprennent encore ce « pattern » qui a le mérite de faire des ravages. Une efficacité prouvée dès le titre d'ouverture « Volenti Non Fit Iniuria ». Et ainsi comme à chaque nouvel album, le frontman schizophrénique V.I.T.R.I.O.L. progressera et confirmera sa suprématie. Ce chanteur n'est pas humain, ce n'est pas possible... Prenez donc votre casque, écoutez attentivement tous les détails de ses vomissements haineux et la puissance de ses cordes vocales… L'un des meilleurs chanteurs du circuit « extrême », indiscutablement. Même lorsqu'il chante en français (« Le Diabolique Est L'ami Du Simplement Mal » ou les joies de Google Traduction) ! La tête pensante Mick Kenney calibrera quant à elle sa boîte à rythme le plus finement possible (quasi-naturelle) et délivrera ses riffs typiques d'Anaal Nathrakh lorgnant entre brutal black aux teintes mélodiques (« Le Diabolique Est L'ami Du Simplement Mal » et l'excellent « Who Thinks of the Executioner? » à l'arrière goût d'un Dark Funeral) et grind. Les auditeurs soucieux de faire saigner leurs tympans, seront d'ailleurs ravis d'entendre des titres tels que « Post Traumatic Stress Euphoria » et « Locus of Damnation ». Une petite minute symbolique pour public averti. Bref, pas de surprise évidente à première vue…
Un
In The Constellation Of The Black Widow-bis ? Quid des nouveautés sur ce
Passion alors ? Elles sont très infimes… Anaal Nathrakh ose avec prudence et tente d'émouvoir son auditoire, quitte à traiter de sujets plus « sensibles ». « Drug-Fucking Abomination » en fait partie. Une introduction touchante (pleurs en fond) et des hurlements remplis de douleurs qui sentent le « vécu » (j'en ai encore des frissons). Une perle. Le pari semble réussi mais ne résume malheureusement qu'à ce titre. Le père Mick semble bien moins inspiré, le reste s'apparentant plus à des chutes de studio du précédent opus sur quelques passages, voire sur certains titres entiers (« Tod Huetet Uebel », incorporant les cris médiocres de Rainer Landfermann, ex-Bethlehem ; l'anecdotique « Paragon Pariah » ; l'incompréhensible «Ashes Screaming Silence »). V.I.T.R.I.O.L. n'est pas non plus innocent, les refrains au chant clair paraissent parfois bien accessoires (on regrette l'époque d'un « When the Lion Devours Both Dragon and Child »)…Tout ça pour se retrouver avec une petite demi-heure au compteur… Trop avare.
Passion confirme la maîtrise d'Anaal Nathrakh dans son registre de musique « Armageddon », un « défouloir » exquis encore au rendez-vous. Les Britanniques se risqueront même à quelques expérimentations et escapades vers un aspect « touchant » (« Drug-Fucking Abomination »). Dommage qu'ils ne l'aient pas d'avantage exploité... Tout comme
In The Constellation Of The Black Widow, la musique du duo commence à s'essouffler et devient trop prévisible. Le groupe gagnerait à se « lâcher » et à s'éloigner de leur style standardisé bien trop « prudent ». Anaal Nathrakh doit complètement déchaîner sa fureur (ils peuvent faire encore bien mieux) et tenter de surprendre ses adeptes. On l'espère pour leur prochaine œuvre.
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