Anaal Nathrakh ou un “serpent” (en ancien irlandais rappelez-vous) au venin tristement de plus en plus inoffensif ? Derrière lui aussi un masque FFP2, il semble que les miasmes du reptile bicéphale n’ont plus d'effets depuis quelques années déjà. En “pilotage automatique” puis en “chute libre” après
Desideratum et sa signature chez Metal Blade, le crash frontal ayant été fait sur la précédente galette
A New Kind Of Horror (sorti il y a deux ans quasiment jour pour jour). Néant musical et pire album des Britanniques à ce jour… Enfin pour votre chroniqueur vénéré du moins (discographie complète sur votre webzine préféré). Le confinement allait-il faire retrouver la misanthropie et la rage antérieures du duo ? La pochette lubrique non censurée de ce onzième (!!!) album
Endarkenment (celle que vous voyez ici) pouvait redonner du baume au coeurs des anciens adeptes de “Necro Black Metal” outrancier. Pas cette fois...
Anaal Nathrakh ne s’enfonce pas plus, c’est déjà ça.
Desideratum avait exposé l’aspect le plus mélodique du groupe,
Endarkenment viendra le détrôner. Sous couvert d’une production nettoyée au gel hydroalcoolique (“Armageddon” façon “lissage brésilien”), chaque morceau possédant (à deux exceptions près) son refrain et sa mélodie bien sucrés, voire au rendu carrément hyperglycémique. Constat fait dès l’ouverture éponyme mais surtout “Libidinous (A Pig with Cocks in Its Eyes)”, “Feeding The Death Machine” (à la limite du metalcore/death mélodique) ou “Singularity” (tremolo post-black). Méchamment “catchy” donc mais aussi méchamment “téléphoné”... Compositions formatées et binaires paroxysmiques, une structure “couplet violent / refrain mélodique” que l’on connaît bien depuis plus de 15 ans il est vrai. Le problème depuis plusieurs albums c’est un contenu devenant encore plus famélique et uniforme, comme si Mick Kenney utilisait un logiciel générateur de ses propres riffs passé. Une musique certes agréable à l’écoute mais tellement “proprette” et “déjà entendue”. Je me demande vraiment comment le gaillard s’y retrouve en concert ou en studio dans toutes ces repompes…
Le cahier des charges “black/grind” est pourtant validé, à des années lumières de son ancienne étiquette mais validé. Quelques passages et morceaux encore “virulents” (Thus, Always, To Tyrants”, “Beyond Words”) mais si “gentillet” (même la B.A.R nos caressera les oreilles) lorsqu’on compare au Anaal Nathrakh apocalyptique qui vous donnait une migraine jouissive. Exit d’ailleurs les quelques aspects indus intéressants que l’on pouvait distinguer sur les précédentes galettes. Côté black on retiendra surtout “Requiem” et son virage final heavy épique. On peut blâmer Mick mais son comparse lui semble ne jamais faillir. Un Dave Hunt aux prouesses vocales toujours aussi impressionnantes que ce soit dans ses hurlements inhumains (“Beyond Words”), poussées gutturales (“Thus, Always, To Tyrants”) et surtout un chant clair théâtral montant une nouvelle fois en justesse. On regrettera peut-être la folie d’antan mais le bonhomme arrive très souvent à sauver des morceaux assez vides par un simple refrain (“Create Art, Though the World May Perish”). Les paroles sont même expliquées assez finement par le frontman dans le livret, et finalement assez recherchées, contraste avec une musique qui ne l’est plus.
Endarkenment n’est pas l’étron attendu, comme une suite logique du ratage
A New Kind Of Horror. L’ultra violence quasi effacée, Anaal Nathrakh bosse un peu plus sa copie et délivre son album le plus “mélodique”. Soit, dans ce contexte le duo britannique arrive à délivrer une galette accrocheuse et fluide de bout en bout. Mais l’oreille plus attentive et avec déjà dix albums, les compositions paraîtront encore génériques et aseptisées au possible (production “photoshopée” incluse). Mélodies de cire, on ne retiendra absolument rien, seule la conclusion “Requiem” pourra relever notre menton ou les vocaux de maître Dave Hunt. L’enregistrement ayant été fait juste avant le confinement, la pandémie actuelle pourrait peut-être donner quelques inspirations “necro black metal” à Mick pour la prochaine galette.
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