Vanitas, délicieux miasme sonore sorti il y a tout juste deux ans, tu marquais un retour à l’annihilation auditive terminale après un
Passion expérimental prometteur mais en demi-teinte. Tu étais une succession de tubes à la fois jouissivement ultra violents et aux mélodies/refrains plus qu’entêtants. Une efficience et un équilibre que l’on n’avait pas entendu depuis le vénéré
Eschaton. Tu frôlais l’excellence, ni plus ni moins. Tâche compliquée pour Anaal Nathrakh que de régurgiter une immondice aussi savoureuse. Fort de son succès, le duo britannique délaisse Candlelight Records (après trois opus blasphématoires) pour rejoindre un label plus imposant, Metal Blade. Sous les déjections pestilentielles de Birmingham, la découverte de ce huitième album,
Desideratum (« chose désirée »).
La musique d’Anaal Nathrakh, élégie pour l’extinction de l’humanité reprend exactement ce qu’avait laissé
Vanitas mais ira jouer sur son contraste. La balance « brutalité / mélodie » penche désormais un peu plus d’un côté. Outre une production étonnamment propre (ne parlons pas des auditeurs restés sur les prémices du groupe) mais à la puissance de feu prodigieuse, les vagues de riffs endommageant le cervelet ainsi que la boîte à rythmes supérieure à 15 mégatonnes par battement, laissent dorénavant d’avantage de place à l’aspect accrocheur. Sous un format de composition des plus élémentaires de Mick Kenney, les mélodies primitives teintées scandinaves (le tremolo de « Monstrum In Animo » en tête de liste) et/ou les refrains enchanteurs qui agrippent l’oreille se trouvent sur chaque morceau sans exception. Contrairement à
Vanitas ou aux précédents albums subissant de légères baisses de régimes (de suite déblayées par un riff ou un cri), tout est calibré pour tenir votre attention pendant 41 minutes. L’ouverture destructrice « Unleash » (imparable), le hit monstrueux « The One Thing Needful » (un de plus à ajouter au panthéon d’Anaal Nathrakh), l’épique « The Joystream » (aux relents d’un Catamenia) ou bien « Rage And Red » figurent parmi les meilleurs exemples de cette efficacité.
Le reste de
Desideratum n’est pas à jeter mais il paraît plus anecdotique et prévisible pour les connaisseurs. Mick Kenney semble se contenter de recopier sa recette, les riffs standardisés côtoient de bonnes trouvailles mais donnent au final un arrière goût d’inachevé. La seule « surprise » réside dans les touches électro apportées par le Dj anglais Gore Tech sur l’ensemble de
Desideratum. Effets en tous genres et beats techno qui rappelleront par moment la belle époque d’Aborym. Bonne pioche à conserver. La brutalité ou l’atmosphère malsaine d’antan auraient certainement effacé les déficiences, on retrouvera quelques bribes sur la conclusion « Ita Mori » mais le choc frontal attendu n’arrive pas. La faute en partie à un mixage mettant d’avantage en valeur l’instrumentation, le courroux de V.I.T.R.I.O.L n’a ainsi pas ainsi le même impact. Pilier indissociable dans l’ultra violence d’Anaal Nathrakh, le chaos perd en intensité. Et c’est bien dommage, car l’oreille attentive, le prêcheur du Mal, accompagné du déjanté Niklas Kvarforth (Shining), offre encore une fois des cris hallucinants et même parfois quelques virées aliénées proches d’un Attila Csihar (« Rage And Red » à 2:55). On ne crachera évidemment pas sur les samples disséminés (l’introduction de « Idol » issue de la série TV « Star Trek : Deep Space Nine » : étonnant !) mais ce n’est pas suffisant pour pervertir notre imagination.
Desideratum ou l’œuvre la plus accessible mais aussi la plus fluide d’Anaal Nathrakh à l’heure où j’écris ces lignes. Une sorte de
Vanitas 2.0 au son plus « doux » et au penchant mélodique plus prononcé. Point d’horreur aseptisée je vous rassure, Anaal Nathrakh joue bien son Necro Black Metal (black/grind) mais il reste trop dans la facilité, il lui manque la folie antérieure (composition et ambiance) pour pouvoir complètement atomiser nos tympans et marquer les esprits. Une musique presque « proprette » et semblant en pilotage automatique qui s’écoutera avec un réel plaisir sadique coutumier mais décevra quelque peu ceux encore bluffés par
Vanitas.
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