Anaal Nathrakh revient déjà souffler l’apocalypse dans nos pauvres tympans doloristes, un an et demi tout juste après son sixième album
Passion. Déjà ? Un retour un tant soit peu précipité,
Passion ayant quelque peu déçu par une musique moins mémorable malgré ses timides expérimentations ambiancées (« Drug-Fucking Abomination »). Comme une sorte de chutes de studio de
In The Constellation Of The Black Widow… Une œuvre à la barbarie éprouvante qui avait su redonner le sourire aux anciens adeptes de cette ultra violence exacerbée (à rapprocher même d’un
The Codex Necro) mais qui en même temps dosait avec minutie sa force mélodique. Seulement il manquait encore un je-ne-sais-quoi pour pouvoir atteindre le niveau d’
Eschaton (dernier méfait réellement marquant du duo pour ma part). Chose désormais faite avec leur nouveau brûlot,
Vanitas.
En mal de chaos sonore ? On parle bien d’Anaal Nathrakh. Il arrivera peut-être un jour où Dave Hunt n’arrivera plus à faire progresser ses hurlements inhumains à chaque nouvel opus, ce n’est toujours pas le cas… Bis repetita, je vais encore paraphraser mes anciennes chroniques. Sans surprise, le bonhomme misanthropique (complètement possédé) nous laissera sur le cul sur chaque titre (sans exception) composant ce
Vanitas. Les deux meilleurs exemples (et deux hits inévitables) restent à mon sens « Forging Towards the Sunset » (au final à vous décaper votre vieux papier peint) et « In Coelo Quies, Tout Finis Ici Bas » (la faute d’orthographe est voulue, reprise telle qu’elle d’un texte de Schopenhauer) où son spectre vocal reste le plus étendu. Des cris nihilistes justes hallucinants variant aussi bien dans les aigus extrêmes que le guttural (ou le 21 décembre 2012 dans la bouche de V.I.T.R.I.O.L) pour ensuite laisser l’auditeur charmé par ses lignes claires théâtrales lors des refrains. Cette fois pour ces derniers, aucune surenchère ou passage superflu (exception faite peut-être de « A Metaphor For The Dead », les goûts et les couleurs…), l’intégration est presque « naturelle » et imparable à l’instar d’un
Domine Non Es Dignus et
Eschaton. Du même calibre que « Do Not Speak » ou « When the Lion Devours Both Dragon and Child » ? Positif, je ne m’en lasse toujours pas : jouissif au possible. Evidemment pour soutenir cette folie paroxysmique, une boîte à rythmes encore plus furieuse (sous une production nettement plus puissante), n’hésitant pas à mettre un pied dans les beats électro (façon black indus), comme en témoigne « Todos Somos Humanos » (au refrain simple et redoutable). Mais surtout une pléthore de riffs d’une efficacité chirurgicale de la part de la tête pensante Mick Kenney.
Les leads black scandinaves parsemés dans le passé, deviennent dorénavant le principal nerf de guerre d’Anaal Nathrakh, chaque morceau y ayant droit. Une surenchère qui pourrait sembler « trop » mélodique sur certains passages (le refrain de « To Spite The Face » à la limite du death mélodique ou « You Can't Save Me, So Stop Fucking Trying ») mais de suite rattrapés par une salve dévastatrice de double pédale ou de vociférations d’aliéné. Comment éviter le tube « Of Fire, And Fucking Pigs » ? Balance parfaite entre mélodie et brutalité : riff indécrottable et grognements orgasmiques de V.I.T.R.I.O.L ? A réécouter en boucle. Outre ces aspects mélodiques et extrêmes mieux maîtrisés et plus variés, Anaal Nathrakh n’abandonne pas les quelques expérimentations de
Passion. Le tempo dantesque laisse aussi place à une musique d’avantage tournée vers le travail d’ambiance (le black metal reste toujours présent) sur des morceaux tels que « Feeding The Beast » (aux riffs dissonants frissonnants) ou « A Metaphor For The Dead » (aux légers relents modernes d’un Abigail Williams). Un style pas encore au point il faut avouer mais qui a le mérite d’ajouter une touche d’ « exotisme » à une musique qui peut sembler en « pilotage automatique » depuis trop longtemps.
Aucun bouleversement sous le ciel noir d’Anaal Nathrakh. La chimère à deux têtes venue des enfers renoue avec ses titres à la mélodie et au refrain entêtant sous un socle brutal et schizophrénique. Le duo britannique ne surprendra en rien leur auditoire mais leur recette de « Necro Black Metal » atteint ici presque l’excellence. Le groupe n’avait pas réussi à sortir un tel enchaînement de hits depuis
Eschaton (sorti en 2006), les rares baisses de régimes étant de suite balayées par un lead mélodique ou une avalanche de cris et de blasts miasmatiques. A écouter le volume (très) fort pour profiter au mieux des bienfaits meurtriers de
Vanitas. L’hymne à l’Armageddon de 2012, parfait après une journée exécrable.
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