Sorti de l’Hellraiser grâce au cube-puzzle (« Configuration des Lamentations »), Anaal Nathrakh aura imposé sa musique extrême chimérique apocalyptique (« Necro Black Metal ») et balayé la concurrence brutal black de l’époque (style le plus proche). Le jeune duo sadique de Birmingham inscrit son nom dans le panthéon du genre grâce à un unique album, le manuscrit
The Codex Necro. Il faudra plusieurs enregistrements (étalés sur presque deux ans) pour que les cénobites britanniques puissent engendrer un successeur à ce condensé de noirceur et de haine. Un an et demi après leur premier méfait, l’EP
When Fire Rains Down from the Sky, Mankind Will Reap as It Has Sown (je ne l’écrirai que deux fois dans cette chronique) dévoilé par Mordgrimm en 2003 (puis réédité par Earache) rappellera l’Armageddon sur Terre.
Les débuts d’Anaal Nathrakh ne sont pas à mettre dans toutes les oreilles, loin de là. Encore une fois une mise en condition d’écoute s’impose : une envie soudaine de relâcher ses pulsions enfouies et un volume mis à son maximum (afin de puiser toute la violence dégagée), places aux 26 minutes (conséquent pour un EP) synonymes d’hémorragie auditive irrévocable. A peine débuté, l’enchaînement « Cataclysmic Nihilism » / « How The Angels Fly In (We Can Never Be Forgiven) » vous plaquera la tête sur le bitume et un miasme sonore sera déversé dans vos tympans en agonie. Le triptyque associé à Anaal Nathrakh reste imparable : cris inhumains de V.I.T.R.I.O.L, riffs black démoniaques et batterie marteleuse (programmée) d’Irrumator. La recette bestiale de
The Codex Necro est donc réutilisée mais elle laisse place une musique semblant moins éprouvante. Un sentiment lié à une production nettement moins « raw » (malgré un son de cymbales effroyables de la B.A.R) et des morceaux paraissant moins « denses ». Là où
The Codex Necro paraissait parfois trop « basique », cette fois ce sont des compositions plus « aérées » qui permettent en plus d’approfondir une atmosphère suffocante et malsaine, de peaufiner leurs structures et arrangements. De facto les passages brutaux gagnent en intensité par ce contraste, propulsés par un court moment de répit.
L’évolution future du groupe commence à se faire sentir, le titre éponyme confirmera la chose… Pour la première fois, « l’ange de la souffrance » (tel un Pinhead), Dave Hunt, dévoilera son chant clair. L’aspect « théâtral » fait une timide apparition mais se rapprocherait plus ici d’un chant incantatoire pour l’extermination de la race humaine. J’ai beau avoir écouté en boucle ce titre, le refrain me donnera toujours autant de frissons. Bluffant. Les quelques moments « ambiancés » seront ainsi suivis et écrasés par les vocaux ahurissant de Dave ou un riff annihilateur. Mick Kenney prouve de nouveau son talent, vous sortir des riffs simplismes mais totalement imparables (et quel son ! La distorsion à vous effrayer le Léviathan !). Appuyé de Set Teitan (ex-Aborym, ex-Dissection), chaque morceau est une ode au fracassage de crâne. Un autre invité de luxe viendra faire son apparition, et pas des moindres puisqu’il s’agit du dérangé Attila Csihar sur l’expérimental « Atavism » (alter-ego parfait de Dave). Mick aura fait une apparition sur le fabuleux
With No Human Intervention d’Aborym et vénère
De Mysteriis Dom Sathanas de Mayhem (titre éponyme repris sur
Total Fucking Necro). L’apothéose en somme.
Cette œuvre marque la fin de l’ère du brutal black (aux accents grind) lancée depuis leurs prémices (
Total Fucking Necro) et découverte pour la plupart sur
The Codex Necro. Elle pourrait être perçue comme une sorte de pont vers
Domine Non Es Dignus. Une suite de discographie qui sera d’avantage ancrée dans une musique moins intense et plus accrocheuse (le chant clair devenant indissociable du groupe).
When Fire Rains Down from the Sky, Mankind Will Reap as It Has Sown ou la porte vers la dimension des Enfers, une petite demi-heure (timing parfait) de chaos sonore perçue comme l’une des meilleures œuvres d’Anaal Nathrakh à ce jour (6 titres, 6 tueries). Je ne peux qu’acquiescer, les princes de la douleur auditive confirment leur stature.
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