La scène USBM est extrêmement florissante et l’année 2012 aura été riche en sorties avec entre autres
Krallice,
Manetheren mais encore
Mutilation Rites, chroniquées dans nos pages. Et, s’il en est une qui m’a particulièrement marquée c’est bien ce « III » de Bosse-de-Nage, dont la devise pourrait bien être : « Un an, un album ».
Ce groupe avait déjà suscité la curiosité et l’enthousiasme (l’ennui profond pour certains…) en 2011 avec « II », son artwork des plus abstrait et la part belle faite aux expérimentations. Les Californiens nous livraient là un album beaucoup plus mature et personnel qui ne laissait présager que du bon pour la suite.
Et, grâce à la sortie de ce nouvel opus via Profound Lore, le groupe va passer au niveau supérieur avec notamment une production beaucoup plus massive et moins brouillonne. C’est la première chose qui nous frappe à l’écoute de « The Arborist » titre d’ouverture rageur avec ces changements de rythmes et accalmies chers au groupe qui prend l’auditeur aux tripes. Car la recette reste ici inchangée, nous retrouvons donc les mêmes structures proches des groupes de post-hardcore avec des morceaux relativement longs riches en breaks et en émotions qui nous captivent et tiennent en haleine. Une musique très sombre et menaçante qui va nous happer crescendo, le meilleur exemple en étant l’ excellent titre fleuve « The God Ennui » avec sa longue introduction de 5 minutes très épurée mais empreinte de beaucoup de nostalgie et de mélancolie, qui part doucement avec seulement quelques notes de guitare à laquelle vont petit à petit se greffer les autres instruments ainsi que la voix claire de B. pour ensuite laisser place à une avalanche de fureur et de frustration.
Parmi les nouveautés et réussites de « III » nous pouvons donc citer ces nombreuses interludes avec des mots parlés, susurrés même avec un ton blasé qui allègent les morceaux et donnent plus d’impact à l’ensemble. Car nous sommes véritablement portés et bercés par cet album riche en émotions avec des ambiances et des sonorités très Shoeagaze/post-rock (« Cells »). Un aspect déjà présent sur leur précédente réalisation mais qui est ici beaucoup plus marqué, assumé et abouti. Un son qui nous fait penser à un autre groupe US,
Deafheaven, avec lequel Bosse-de-Nage a d’ailleurs partagé un split un peu plus tard cette même année 2012. Cette richesse donne à l’auditeur de nombreux contrastes comme nous pouvons l’entendre sur « Desuetude » avec des riffs rock très pêchus et la voix black très éraillée de B. À noter aussi, les parties de batterie vraiment fabuleuses, bien maîtrisées, puissantes avec des changements de rythmes à la pelle qui donnent de l’intensité aux titres.
Bosse-de-Nage nous livre un très bon album beaucoup plus inspiré et abouti avec une musique très personnelle et atypique en adéquation avec les différents thèmes abordés. Car, non ! On ne pouvait terminer cette chronique sans avoir parlé de leur patronyme extrêmement bizarre pour un groupe de black metal (pour un groupe tout court même…). Les Californiens crachent leur désespoir et leur colère face à l’absurdité de notre monde, la stupidité des hommes et de leurs religions (pour faire bref). Et, ils vont beaucoup s’inspirer de l’œuvre d’Alfred Jarry , plus particulièrement de son roman néo-scientifique « Gestes et opinions du docteur Faustroll, pataphysicien » dont un des personnages se nomme, vous l’aurez compris, Bosse-de-Nage. Voilà pour la petite explication !
Voilà donc un groupe des plus productifs et imaginatifs que je recommande vivement aux fans de groupes tels que
Krallice,
Castevet ou
Deafheaven, pour ne citer qu’eux, et auxquels les mots post ou avant-garde ne donnent pas de l'eczéma. Penchez-vous donc sur ce groupe qu’est Bosse-de-Nage en écoutant leur album
ici.
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