Officium Triste - Mors Viri
Chronique
Officium Triste Mors Viri
Bientôt 20 ans de carrière pour ce combo hollandais et tout comme Saturnus, il m'aura fallu tout ce temps pour poser une oreille sur leur musique. Aussi gros pondeurs que leurs homologues danois, cette année 2013 marque l'arrivée de leur cinquième album, mettant un terme à une attente de près de six ans. Découvrant le groupe avec ce "Mors Viri", je ne saurais vous dire s'il surpasse "Giving Yourself Away" sorti en 2007 ; quoiqu'il en soit, mon sentiment sur cette galette reste mitigé.
Et Saturnus justement me paraît être un bon point de départ pour commencer cette chronique tant cet album partage des similitudes avec leur musique. Rien de très original ici, le doom/death d'Officium Triste trace des chemins sinueux entre souffrance et contemplation, soigneusement balisés par des mélodies claires et limpides qui contrastent avec une base rythmique écrasante et un chant des plus caverneux. Reposant principalement sur les guitares, leur style multiplie les leads, les solos et se tourne parfois plus radicalement vers un death lourd et rugueux. Plus discrets, les claviers restent pour moi le principal vecteur d'émotion et donnent à ces 8 pièces une incroyable densité. Ils sont le charme des compositions et l'unique levier à pouvoir basculer les atmosphères, entre recueillement et voyage ancestral. D'ailleurs, leurs sonorités un peu *cheaps* ne sont en rien problème ; elles vous rappelleront peut-être les superbes débuts d'Avrigus pour ceux qui ont eu le chance de poser une oreille sur "The Secret Kingdom". Quant à Pim Blankenstein, à défaut d'être original, son chant guttural apporte la gravité qu'il manque à certaines ambiances, notamment quand elles osent s'aventurer vers la lumière ("To The Gallows", "You Fall From Grace").
Malheureusement, "Mors Viri" est un album qui séduit autant qu'il déçoit. D'un côté, on prend plaisir à parcourir les terres désolées dépeintes durant ces 50 minutes, à endurer le souffle épique des compositions, à savourer ces airs fluides et habités. Les compositions surprennent souvent dans leur progression et offrent de nombreux temps forts tels que l'envolée mélodique de "Burning All Boats and Bridges" (à 3'10), la seconde partie de "The Wounded and the Dying" (à 3'10 aussi) ou la reprise Slumberienne de "You Fall From Grace" (à 4'07). D'un autre côté, au risque de me faire flageller, j'ai trouvé certains passages frisant l'amateurisme dans leur manque de feeling, leur côté brouillon (les premières parties de "To The Gallows" et "The Wounded and the Dying", l'effroyable narration de "One with the Sea"...). De plus, les passages death d'une manière générale se révèlent désespérément poussifs et insignifiant la plupart du temps.
Frustrant, "Mors Viri" l'est à bien des égards, un album que l'on a envie d'aimer mais dont la qualité fluctuante freine l'immersion. La conclusion "Like Atlas" ne fera que renforcer ce sentiment de frustration. Véritable hymne au désespoir, sa beauté et sa force évincent tout le reste, un morceau quasi-parfait comme si le groupe avait été touché par la grâce. Pourquoi tout le potentiel de ce groupe ne se concentre-t-il qu'à la fin ? Si l'on avait pu ressentir tout au long de l'album, le poids du fardeau que porte ce dernier souffle, l'expérience aurait été tout autre. Je reste donc un peu sur ma faim.
| Dead 1 Avril 2013 - 1588 lectures |
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