Warfather - Orchestrating The Apocalypse
Chronique
Warfather Orchestrating The Apocalypse
On va ressortir l'argument promotionnel numéro un dès le début: Warfather est le nouveau projet de Steve Tucker. Sans doute requinqué par sa collaboration avec Nader Sadek sur laquelle je ne me suis jamais vraiment penché malgré le plébiscite unanime de la critique, l'ex-Morbid Angel fonde son propre groupe qu'il nomme Warfather. S'ensuit rapidement une signature sur Greyhaze Records et un premier full-length, Orchestrating The Apocalypse, prévu pour le 21 janvier.
Alors je ne sais pas si c'est à cause des photos promos douteuses, de la pochette abominable ou du label inconnu (on aurait plutôt attendu le nouveau groupe de Tucker sur Season of Mist ou une maison de disques d'un calibre similaire) mais je voyais venir le bide à des kilomètres. Ça n'a pas loupé! Pourtant, ça partait bien. Très bien même. Je commence d'ailleurs à ravaler mes aprioris dès les trois premiers morceaux dont une seule écoute a suffi à me convaincre de leur qualité. Malgré une production batterie certes plus naturelle qu'à l'accoutumée (caisse claire non triggée) mais qui sonne un peu amateur et manquant de puissance, Orchestrating The Apocalypse démarre sous les meilleurs auspices. "XII", "Legions" et "My Queen Shall Not Be Mourned" nous présentent sans surprise mais avec talent un death metal purement américain typé scène floridienne des années 1990. Morbid Angel bien sûr (le groupe n'échappera pas à la comparaison!) mais pas tant que ça, Hate Eternal, voire Nile sur des sonorités plus brutales et modernes, viennent à l'esprit. Warfather offre sur ces titres tout ce qui faisait le charme de ce type de death metal. Un riffing inspiré la plupart du temps en tremolo (bon travail sur les mélodies), une ambiance assez sombre et méchante, une maîtrise technique certaine, une intensité prenante (ça blastouille sévère) et le growl puissant et libérateur de Steve Tucker. On a même le droit à des solos mélodiques travaillés, aériens voire cosmiques. On se dit alors que, finalement, ça va le faire ce Warfather!
Puis arrive le quatrième titre qui n'en est pas un puisqu'il s'agit d'un interlude, "Taunting The Deity", d'une trentaine de secondes. Batterie martiale éculée, sample atmosphérique cheap, grognements en background, bref, rien de bien intéressant. Il ne s'agit toutefois que d'un bref entracte. Le vrai morceau qui suit, "The Shifting Poles", lui, déçoit vraiment par rapport au début prometteur de l'opus. Grosse baisse d'intensité et d'inspiration. Un titre moins bien, admettons. "Waltz of The Solstice" viendra d'ailleurs un peu relever le niveau grâce à du bon tremolo et des solos inspirés, et ce malgré des samples atmosphériques discrets mais inutiles et énervants. Le reste de Orchestrating The Apocalypse, avec entre autres deux nouveaux courts intermèdes sans intérêt, sera par contre une longue traversée du désert, animée seulement par quelques leads notables, deux-trois bons riffs (le principal de "Guns And Machines" notamment) et la deuxième partie de la dernière piste "We Are The Wolves" et son refrain couillu et fédérateur. Ça ne fait pas lourd! Warfather se montre ainsi incapable de retrouver le niveau du premier quart du disque. On a le sentiment que le groupe a balancé toutes ses bonnes idées dès le début et qu'il se contente de remplissage sur le reste. Riffs en tremolo fades et sans génie, sensation de mollesse, jeu de batterie brouillon (et ce son de caisse claire irritant!), basse inaudible, il n'y a pas grand chose à sauver sur cette bien longue partie d'album. Et ce ne sont pas ces samples atmosphériques ridicules essayant d'instaurer un soupçon d'ambiance qui changeront la donne. Au contraire, ces légères touches atmosphériques font partie des innombrables motifs d'énervement de ce Orchestrating The Apocalypse. Même Steve Tucker finit par m'agacer. Son growl reste puissant et reconnaissable entre mille mais on a l'impression qu'il se force trop. Et il faudra m'expliquer pourquoi il se retrouve tout d'un coup tellement sous-mixé qu'il disparaît presque du paysage sonore vers la troisième minute de "My Queen Shall Not Be Mourned"!
Difficile toutefois de parler de déception puisque j'avais un mauvais pressentiment dès le départ. Pressentiment qui s'est avéré juste. Warfather ne fait illusion que sur les trois premiers morceaux et quelques coups d'éclat épisodiques. Orchestrating The Apocalypse aurait pu faire un bon EP 3 titres (4 en étant gentil). Au lieu de cela, on se retrouve avec un premier album très moyen qui peinera à convaincre même les plus fervents supporteurs de ce genre de (brutal) death typiquement américain. Soit le groupe s'est précipité à sortir un full-length, soit il a présumé de ses forces et s'est cru trop beau. Quelles que soient les raisons, il est clair que l'on n'aurait jamais entendu parler de Warfather sans la présence de l'ex-Morbid Angel Steve Tucker. Pour mon premier album de 2014 chroniqué, ça commence mal! Heureusement, de biens meilleures sorties arrivent (checkez les prochaines chroniques!). Et pour ceux qui veulent absolument s'enfiler du death floridien récent, optez plutôt pour l'album de Amon ou le maxi 2-titres de Brutality.
| Keyser 17 Janvier 2014 - 1615 lectures |
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