Imaginé par le duo de guitaristes Ricardo Gelok (Schmerz) et Dick Barelds (Schrat) en 1998, Winter Of Sin ne possède que deux albums à son actif (la chronique de
Woest figure d’ailleurs dans nos colonnes) et a accompagné en live quelques noms connus (Taake, Mörk Gryning, Asphyx, Negura Bunget..). Le groupe néerlandais n’a pourtant jamais réussi à percer et subira un long passage à vide. Tout s’accélère lorsque la brute épaisse Michiel van der Plicht (batteur de Prostitute Disfigurement, ex-God Dethroned, ex-Toxocara) rejoint la formation de Groningen en 2012. Ce dernier appelle l’année suivante son ancien acolyte Henri Sattler (frontman vénéré des adeptes du défunt God Dethroned) pour poser sa voix sur ce nouvel album
Violence Reigns Supreme. La signature chez Cyclone Empire concrétise le retour du groupe, elle met fin à ce long silence (leur dernier méfait datant de 2008) et anonymat. « Winter Of Sin is coming ».
L’artwork « old-school » (aux forts relents d’un Dan Seagrave) de Juanjo Castellano (Bodyfarm) pouvait nous mettre sur la piste « revival ». Winter Of Sin ressort ses albums poussiéreux étiquetés No Fashion Records et rend hommage au black/death mélodique suédois des glorieuses années 90 (quelle époque !). Vous connaissez mon engouement pour ce genre (voir le dossier de 2007 consacré), évidemment je renfile mon vieux t-shirt d’Unanimated (une des principales références) et mon short de bain rouge pour me préparer à l’écoute ! Dès le titre d’ouverture, le constat est implacable. Le style des Bataves a bien changé, le black mélodique des débuts se mue désormais en un death viril (le recrutement d’ex-God Dethroned paraît sensé) tout en gardant ses racines scandinaves. Outre le chant éraillé unique d’Henri, la rythmique vaut son pesant de testostérones. Les fins gourmets adeptes de Prostitute Disfigurement, du défunt Toxocara ou encore du dernier God Dethroned (
Under the Sign of the Iron Cross) savent de quoi je parle. Pas vraiment de finesse ni de variation dans le jeu de Michiel, le bonhomme frappe comme un sourd mesures après mesures (ou comment tripler de volume ses avant bras) et enchaîne les habituels blast-beats, double pédale et descentes de toms binaires dans un débit d’ahuri (pauvres baguettes et fûts). Certains passages me rappelleront même par moment (l’introduction-submersion « Maelstrom ») la brutalité et l’intensité d’un Torturer (ex-Belphegor)… Rien que ça. La production « bio » exemplaire de Jörg Uken au Soundloge Studios (God Dethroned, Dew-Scented, Belphegor, Sinister) sied parfaitement à cette musique « tribute ».
« Death/Black mélodique à la suédoise », derrière cette violence auditive frontale forcément Winter Of Sin ira déballer son lot de tremoli et riffs glacials entêtants (épiques ou mélancoliques) sur chaque morceau. On retiendra particulièrement le morceau d’ouverture « Astral Death Reign Algorithm » (élémentaire mais imparable), « Maelstrom » (qui ne pouvait pas mieux porter son nom), les arpèges de « Infection Of Infinity » (très proche d’Antestor), l’heavy/death mélo « Inheritors Of Pain » ou bien l’interlude acoustique « Virus » (hommage à John Zwetsloot). Rien d’original nous sommes d’accord, mais l’efficacité reste présente. Malgré tout, après quelques titres, la musique perd malheureusement en intensité, la faute à des passages à rallonges dispensables (« Eternal Winter ») et manquant d’âme. On remarquera quelques nappes discrètes (distinguables plus facilement au casque) masquées par les déferlantes de riffs et blasts (« Maelstrom », « Unleash Mayhem »). Un petit « plus » atmosphérique et frissonnant qui demeure bien trop succinct dans un album sans réel fil conducteur. La conclusion « Biomechanoid » presque « mélancolique » (on en redemande) terminera abruptement la galette.
Violence Reigns Supreme aurait pu sortir à la fin des années 90 ou au début 2000, le pari de Winter Of Sin semble réussi. Un death/black direct, froid, bien ficelé, à la production sans artifice, au jeu franc et aux mélodies simples mais fatales qui en rendront plus d’un nostalgique. Une musique sans prise de risque certes mais qui ne tombe pas dans le piège du « calque ». L’album n’évite cependant pas une certaine inégalité, le soufflet retombera sur certains passages moins inspirés. Nul doute qu’Henri Sattler (arrivé à la fin de l'enregistrement) ira proposer ses idées (et son savoir-faire) pour les compositions du prochain opus. Avec un tel line-up et une musique solide, la suite paraît prometteuse. A suivre de très près !
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