Secrets Of The Moon - Carved In Stigmata Wounds
Chronique
Secrets Of The Moon Carved In Stigmata Wounds
The corpse will be forgotten soon when the winds of time erase our candles, our houses, our lives…
Carved in Stigmata Wounds, sorti en 2004, et second album des allemands de Secrets of the Moon, a defrayé les chroniques. Partout ou presque, ce disque a été acclamé, encensé par les magazines et les auditeurs. Sur Thrashocore, on ne déroge pas à la règle : pour preuve, ce disque est tellement fabuleux qu'il récolte un 10/10. Mais, au juste, le mérite-t-il ? N'est ce pas, après tout, qu'une énorme machination mondiale visant à remettre la scène Black allemande au goût du jour ? Peut être, mais là n'est pas le sujet de nos préoccupations. Ce qui nous importe à présent, c'est la chronique dudit album, qui ne saurait que trop se transformer en énumération, voire en accumulation de toutes ses qualités.
Après la première écoute, la réaction d'un type lambda devant cet album se voudrait normalement être « Woaw ». La qualité de composition est tellement énorme, les titres étant tous agressifs tout en restant intelligent, qu'on ne peut qu'être cloué devant tant de maîtrise. A 100 lieues des réalisations actuelles, Secrets of the Moon explore, expérimente, mélange les genres, intrigue, et ne s'arrête jamais, tel une machine arrivée du futur pour changer le destin de toute une vie. J'en fais un peu trop ? Oui, certes, mais comment ne pas user de superlatifs devant un tel niveau musical ? Des riffs épiques et puissants à souhaits, une hargne dégagée à la limite du palpable (quitte à faire cliché…), des passages grandioses dont seule la superposition d'adjectifs tous plus mélioratifs les uns que les autres arriveraient à retranscrire le sentiment de puissance dégagé, voici la recette de Carved in Stigmata Wounds.
Les conditions pour apprécier un tel chef d'œuvre ? Un bon casque et une forte capacité à encaisser les décibels. Pour peu que vous montiez le son, vous ressentirez pleinement ce disque, ses émotions et sa magnificence. Comment résister à de tels riffs, assassins et mélodieux ? Comment résister à un jeu de batterie dont la puissance, la technicité et l'endurance rappelle fortement la cadence de tir d'une batterie de missiles ? Froids et complexes, les morceaux sont construits, re-construits, améliorés, et peaufinés à tels point qu'on pourrait titrer le groupe de « progressif ». Remarque, avec une moyenne de 7min30 par morceau, le groupe s'offre le temps de bien faire sa musique. Alignant les passages épiques, ceux à la limite de l'atmosphérique, avec ce clavier d'ambiance inspiré et ne lorgnant jamais vers le grandiloquent, Secrets of the Moon ne se contente pas de nous soumettre : la génuflexion est carrément de mise et mériterait d'être réinstaurée.
Les guitares sont à la fois agressives, lancinantes, offrant une dimension incantatoire, mystique oserai-je même. Ils créent et osent, avec culot et réussite, à enchaîner merveilleusement les riffs en tremolo picking et d'autres à fortes inspirations thrash. Durant la moyenne des 7 minutes des morceaux, la voix n'apparaît que peu souvent, inculquant à Carved in Stigmata Wounds un côté instrumental fortement délectable et jouissif ; c'est simple, il n'y aurait pas de chant qu'on ne le remarquerait pas. Car c'est là effectivement le seul point faible de l'album : la voix se fait parfois faiblarde, car à mi-chemin entre le Black et le « scandé ». Mais ne boudons pas notre plaisir pour si peu, ce défaut étant tellement minime par rapport à l'énorme effort de composition des allemands, qu'on l'oublie aussi vite qu'on l'a remarqué. Plus on écoute ce disque, et plus on s'en imprègne. On se met tout d'abord à remarquer ces mélodies presque insignifiantes mais qui, au total, font la différence sur la durée ; ces roulements militaires bien senties, donnant force et vigueur au Black du groupe ; ces passages calmes, reposants, relaxants même, où la basse règne en maître sur un tableau de désolation et de détresse ; et puis ce clavier, peu remarquable, mais permettant à Secrets of the Moon de nous jeter à la face des atmosphères embrumées, et (je me répète) purement jouissives, nous montrant que même si Emperor n'est plus, leur héritage reste entier, sans sombrer dans le plagiat. Et puis, comment passer à côté de l'excellente Dust, magnifique pièce concluant l'album, entièrement au piano, achevant le processus de désintégration mis en route par Crowns ?
Non vraiment, ce disque est une perle, une perle noire, mais cependant accessible à bien des gens de ce bas monde. Passer à côté de cet album reviendrait à foirer votre vie. J'en fais toujours trop ? Oui et alors ? Non mais oh, c'est vrai quoi, que dire de plus quand l'unique son que l'on arrive à tirer de corps après écoute de l'album est « Gaaah… », tout en ayant un visage stupidement béat, la bave dégoulinant du coin des lèvres ? Les multiples frissons que vous procurerons Carved in Stigmata Wounds n'auront pour seul effet que de vous faire jeter un regard au reste de votre discographie avec un air dédaigneux et méprisant. Au final, que pouvons nous dire ? Déjà, Carved in Stigmata Wounds est un disque qui vous fait faire « Gaaah… ». Remarquez, c'est quand même pas mal ! L'évidence du 10/10 ne se remet même pas en question, et si je ne met pas plus, c'est uniquement parce que l'espoir m'habite (n'y pensez même pas) que Secrets of the Moon nous sorte un album encore meilleur que celui-ci. Enfin bon, je rêve, et puis Carved in Stigmata Wounds est tellement bon que bouder mon plaisir à attendre quelque chose de supérieur m'empêcherait de profiter pleinement de cette offrande des dieux.
Secrets of the Moon, c'est bien, c'est beau, c'est boche.
| Krow 12 Septembre 2004 - 3299 lectures |
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