Je m’en souviens comme si c’était hier et pourtant c’était il y a déjà deux ans. De jeunes allemands passablement énervés avaient envahi l’Europe à grand coup de riffs tranchants, de breaks Thrashs efficaces et de rythmiques Crossover imparables. Protégés derrière une bannière Napalm Record qui ne les rendait que plus crédibles et attrayants, ces jeunes Teutons scandaient
Violent Demolition à qui voulait bien les entendre. Nostalgiques du bon vieux temps, celui de la genèse du Thrash typé de la Bay Area, les membres de
Dust Bolt s’étaient servis de ce que leur avaient enseigné leurs aînés pour nous servir un skeud puissant et parfaitement maîtrisé. Ce dernier laissait d’ors et déjà entrevoir un potentiel, une maturité et un feeling rare pour ce genre de groupe à la moyenne d’âge aussi jeune, qui plus est quand ils évoluent sur le terrain surchargé du Thrash Old School. Deux ans plus tard (cette année donc, pour ceux qui sont très nuls en maths), les allemands de
Dust Bolt reviennent à la charge et comptent bien éveiller les foules jusqu’à en créer des émeutes, nous présentant donc leur deuxième album
Awake the Riot.
Ceux qui, comme moi, avaient été charmés par le premier méfait du quatuor allemand peuvent tout de suite être un petit peu rassurés, malgré la note plus maussade on retrouve dans cette nouvelle offrande beaucoup d’éléments Thrashs qui faisaient partie de la force de
Violent Demolition. On retrouve donc dans cet opus la fougue et la maîtrise qui caractérisaient si bien ce jeune groupe, additionnées d’une science du riff incontestable. Tout est encore une fois fait pour faire headbanguer l’auditeur, qu’il soit un vétéran chevronné du style ou néophyte dans le Thrash. Que se soit l’énorme break de "Linving Hell", la tempête de riffs dévastateurs de "Soul Erazor" ou les rythmiques terriblement efficaces de "Living a Lie", chaque morceau de cette galette nous donne inéluctablement envie de secouer la tête.
Toujours maître dans l’art d’écrire des riffs Thrash ultra efficaces,
Dust Bolt n’a donc presque pas changé sa formule. Cependant c’est finalement ce « presque » qui m’a le plus dérangé dans cette nouvelle fournée, quasiment au point de m’en ruiner l’écoute. Tout d’abord ce nouvel album jouit d’une production plus claire et plus puissante que celle du premier album, ce qui permet au groupe de pleinement laisser parler la foudre tout en gardant un son parfaitement net. Cependant je ne suis vraiment pas adepte de ce nouveau type de production, lui préférant largement celle du premier album qui était plus étouffée et donnait donc une saveur particulière à l’album, jouant même beaucoup dans le rendu Crossover de la galette. Ici, le groupe étant dépossédé de sa production qui les différenciait un tantinet des autres groupes de genre, il est encore plus difficile de différencier
Dust Bolt des autres protagonistes de la scène Revival Thrash. Si le niveau intrinsèque de cette nouvelle offrande est donc cette fois encore de très bonne facture, le groupe se tire une balle dans le pied en rejoignant la plupart des groupes de Thrash et en jouant exactement sur le même terrain. En effet, en plus de cette production aseptisée au possible, le côté Crossover est également abandonné au niveau des compositions elles mêmes, ce qui rend la musique du groupe bien plus classique. Là ou le groupe parvenait à souvent me surprendre sur
Violent Demolition me laisse ici constamment une saveur de déjà entendue très désagréable. Seul "The Monotonous – Distant Scream" sort du moule, mais est finalement la plus mauvaise chanson de l’album. Dommage, qui plus est quand on sait qu’il s’agit également de la plus longue.
Néanmoins, malgré toutes ces critiques, vous avez pu vous apercevoir que la note reste plutôt correcte et n’est finalement pas très en deçà de celle de leur premier album. La raison à ceci est toute simple. Malgré sa production aseptisée, le manque d’originalité et la perte du peu de personnalité que possédait le groupe, cet album n’en reste pas moins un bon album de Thrash. Des chansons comme "Living A Lie" et "Soul Erazor" ont tout pour devenir des hymnes du Revival Thrash. L’album est de plus de qualité très homogène si on excepte le faux pas "The Monotonous – Distant Scream".
Au final cet album est donc une semi-déception. Déception par son côté « je rentre dans le moule » et parce qu’il paraît finalement moins mature et audacieux que le premier album du groupe. Par contre si on aborde le groupe avec cet album et que l’on est un inconditionnel du bon Thrash à l’ancienne, alors cet album a tout pour nous combler. Au final je prends donc plaisirs à écouter ce
Awake the Riot même s’il me laisse un petit goût amer dans la bouche et que j’y reviendrai sûrement moins souvent que sur le premier. Au final la fin de ma chronique du premier opus du groupe illustre bien cette petite désillusion : « Voilà donc un jeune groupe talentueux, aux compétences d'écriture et d'interprétation très intéressantes, qui espérons le, a juste besoin d'évoluer encore un petit peu pour trouver son propre son. ». Deux ans plus tard et alors que je chronique leur deuxième opus, je me rends compte que finalement le groupe a fait exactement l’inverse. Dommage.
2 COMMENTAIRE(S)
09/09/2014 09:28
Oui ça reste largement au dessus du lot des autres jeunes groupes de Revival Thrash à mon avis. Je t'encourage à (re)écouter leur premier album si tu a aimé celui-là
06/09/2014 17:54