Sordide - La France a Peur
Chronique
Sordide La France a Peur
SORDIDE est un groupe français qui débarque sur la scène avec un grand coup de pied dans la porte, sans tambour ni trompette, et prenant donc par surprise le monde du black. Ah ça, l’entrée est fracassante ! Personne n’en avait jamais entendu parler, rien n’était annoncé, et c’est pourtant chez le célèbre label Avantgarde qu’il signe ses débuts, celui-là même qui nous a régalé cette année 2014 avec ses cadors, ABIGOR (Leytmotif Luzifer) et DARKSPACE (III I) mais aussi des formations aux ambiances atypiques : N.K.V.D. (Hakmarrja) ou OFDRYKKJA (A Life Worth Losing). L’année a été belle et a effacé les errements de 2013, année qui a fait grincer des dents avec The Strange Inconvenience de NAHAR et Percezione de ASOFY. Et maintenant qu’il ne reste plus que quelques jours avant de passer à une nouvelle année, l’écurie sort de sa manche SORDIDE, carte pour le moins surprenante qui divisera à coup sûr les auditeurs.
Le premier contact peut effectivement faire très mal, et donner envie de vite éloigner ses oreilles de ces 7 morceaux bruts aux défauts grossiers. La première surprise vient du style, éloigné de ce que propose habituellement Avantgarde. Le titre, La France a Peur, laisse penser que la musique sera franchouillarde, peut-être bien lorgnant vers PESTE NOIRE, et l’on peut dire que c’est plutôt le cas des vocaux. Le timbre est râpeux, venimeux, parfois même bouseux, accompagnant des textes en français la plupart du temps audible, et trop fréquemment maladroits... J’adore les textes en français, mais là, certains passages laissent à désirer...
D’abord sur « Blâme », c’est la répétition excessive du mot devenu titre qui agace :
« Blâme celui qui chiale,
Blâme celui qui boit
Blâme celui qu’est sale
Blâme celui qui se came...
Blâme... Blâme...
Blâme celui qui fuit,
Blâme la peur et l’ennui
Blâme celui qui saigne
Blâme celui qui s'traîne...
Blâme... Blâme... »
Ça me rappelle HIMINBJORG en 2014 et son foutu « Futhark »... A la base j’ai du mal avec les paroles qui tournent en rond, mais là, c’est le ponpon ! C’est bien entendu le but du titre, jouer sur la répétition comme le Suicide Social d’ORELSAN qui tape sur tout le monde, mais c’est ici lassant et lourd. Remarquez, si ça ne me plaît pas, c'est peut-être un problème personnel, auquel cas je suis le seul à blâmer...
« Blâââââââme Saaaaakrifiss »
Ensuite, sur « La France a Peur », deux voix braillent en canon pour le final, et là encore c’est assez raté.
« La France a peur
Et nous avons peur
Et c’est un sentiment
Qu’il faut déjà combattre
Parce qu’il débouche
Sur les envies folles
De justice expéditive
De vengeance
Immédiate
Et directe... »
L’effet aurait pu faire mouche, il manque sa cible et n’inspire pas grand chose si ce n’est deux gars en train de gueuler la même chose...
Sur « Violence », ce sont les rimes qui sont moches :
« Je détruis tout ce qui est dur
Et je souille tout ce qui est pur
Tête ravagée, dans la tourmente
Et pour mieux tout mépriser je chante :
Lalala lala la»
Les « Lalala lala la » sont ridicules. Le chanteur a bien une idée derrière la tête, mais des « Lalala lala la » volontairement faux ne servent pas le titre.
Ces problèmes ne viennent pas de l’incompétence des chanteurs, mais du fait que le groupe se focalise parfois trop sur le concept, lui donnant plus d'importance que le plaisir auditif. Il veut faire passer un sentiment de ras de bol, avec un certain « je m’en foutiste » qui semble crier « allez vous faire foutre » durant 43 minutes. Les vocaux se font aussi trop gueulés et la mayonnaise ne prend pas à ces moments-là. L’idée est louable, pas toujours efficace.
Il en va de même pour la musique. Il y a là aussi la volonté d’être direct et cru avec un enregistrement assez primitif. Sans être improvisés - vous n’écoutez pas FAITH OF GESTALGT non plus - les morceaux ont dû être enregistrés en une seule prise, en direct de la cave de Nekurat (HYADNINGAR), Nehluj (ATARAXIE) ou Nemri, les trois membres du projet. Pas d’éléments ajoutés, pas d’artifice perturbateur, juste 3 gaillards, leurs tripes et leurs instruments. Alors volontairement tout n’est pas idéalement accordé, pas très bien intégré, et le résultat est une ambiance très organique. Le résultat est mitigé, moins bon que chez DYSTER, meilleur que chez AGHONE...
Pour les textes je parlais de PESTE NOIRE , alors que j’aurais pu citer SALE FREUX qui a en plus un timbre très proche, mais la musique quant à elle rappelle plutôt les efforts d’autres groupes français, ceux qui apprécient couler une mélodie dans un marécage de dégoût et de souffrance tel que LES CHANTS DE NIHIL. On retrouve effectivement des riffs très envolés. On retiendra en priorité ceux à 3:16 sur « Gloire » et à 5:49 sur « Ni nom ni drapeau ». La tension y est forte !
SORDIDE sonne finalement très français. La scène toulousaine n’est pas loin, le black « rural » non plus. En navigant entre les deux, il dégage une aura forte. Et malgré les défauts apparus au début, qui sautaient aux oreilles et restaient en mémoire comme une tâche sur le smoking ou un cheveu dans la soupe, les bons moments s'imposent au fil des écoutes. Il est évident c’est que ce premier album se place parmi les découvertes de l’année et que le groupe obtient sa place dans les formations à suivre.
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