chargement...

haut de page
Remontez pour accéder au menu
200 visiteurs :: Invité  » se connecter  » s'enregistrer

Furia - Nocel

Chronique

Furia Nocel
Notre lectorat amateur de Métal noir sait à quel point l'Europe de l'Est est un véritable vivier de formations exceptionnelles. Loin du strass et des paillettes de Behemoth, la Pologne est une terre marquée par le sigile du pentacle, des blast-beats et du tremolo picking. Si la scène "classique" est bien représentée par des groupes comme Mgla, Infernal War ou Cultes des Ghoules, elle cache également des groupes plus "confidentiels", désireux de renouveler le genre à leur manière. Le fer de lance de cette nouvelle garde, le mâle alpha de cette meute de loups, c'est sans aucun doute Furia.

Peu de groupes peuvent se targuer de compter une discographie sans aucun écueil, aucune déception majeure, et le groupe dont nous parlons aujourd'hui fait partie de cette petite élite qui n'a jamais réellement déçu ses auditeurs. Parvenant chaque fois à faire varier sa recette, à apporter toujours plus à son Black Metal, la bande à Nihil, en dix ans d'existence, n'est jamais tombé dans le piège de la facilité. Tour à tour atmosphérique, expérimentale, mélancolique, chancelante, l'entité Furia possède de multiples facettes et réussit à apporter une dimension toujours plus personnelle à un genre de plus en plus stagnant, entre pépites d'agressivité véloce ("Grudzień za grudniem"), concentrés de spleen ("Marzannie, królowej Polski") ou expérimentations pures et simples ("Halny"), Furia n'est jamais là ou on l'attend - tout en pondant ses créations avec la régularité d'un coucou Suisse. Poule aux oeufs d'or de l'écurie Pagan Records, le quintet récidive avec "Nocel", la plus longue et intense de leurs offrandes. Création exigeante qui nécessitera attention soutenue et multiples écoutes pour révéler ses secrets.

"Nocel" sonne comme la synthèse de tout ce qui fait de Furia un groupe unique. Mixé par Nihil lui-même, chaque instrument y est à sa place, jouissant d'un son massif sans pour autant dénaturer le côté "organique" des fûts et des cordes - les lignes de basse de Sars, comme à l'accoutumée, font mouche à chaque note. Artwork volontairement simpliste, friche industrielle à dominante rouille, le groupe offre à "Nocel" une pochette qui colle merveilleusement bien à son contenu - et par la même, reste raccord avec les thèmes abordés par le groupe : de la difficulté de vivre en Pologne, de la nécessité de maintenir une tradition intacte dans un univers qui voudrait l'étouffer. En huit titres pour près d'une heure, Furia ballotte l'auditeur entre Black Metal, Punk, titres plus expérimentaux et ambiances hantées, une randonnée sauvage en Silésie, dans ces carcasses d'usines hantées par les spectres du folklore.

"Nocel" déborde d'une rage toute mélancolique. Furia l'administre avec parcimonie, préférant la répandre de façon diffuse plutôt que de la concentrer en un seul et douloureux impact. La morsure froide des riffs de "Opętaniec", ouverture de la danse, ne viendra pas me contredire. Solide base rythmique, guitare mélodique à peine en retrait, le groupe prend le temps de planter le décor, avant de faire entrer le chant grave (dans tous les sens du terme) de Nihil, habité par son art. Résolument Black Metal jusqu'à l'accélération finale, Furia prend une tournure bien plus Punk sur l'ouverture de "Ptaki idą", jusqu'à l'arrivée de ces arpèges lointains, fantomatiques, véritable marque de fabrique de la formation. Autant les premiers pas dans l'univers de "Nocel" rappellent les plus belles heures de ""Marzannie, królowej Polski", autant Furia tient à convoquer à notre mémoire les chimères curieuses qu'étaient "Halny" ou "W melancholii". "Niezwykła nieludzka nieprzyzwoitość " pourrait passer pour un enregistrement improvisé, tant l'ensemble est en décalage avec ce qui a été entendu précédemment, tant le chant semble sorti de la gorge d'un pauvre erre complètement ivre. "Nocel" est dôté d'une production exemplaire, et si le son est homogène, son contenu en est à l'opposé. Ce qui est loin d'être un défaut, à l'heure ou chaque album du genre comporte plus de maquillage que de bonnes idées. Si les expérimentations de l'album pourraient apparaître bancales, sans réelle cohésion, elle sont pourtant ce qui font la force du quintet, et lui évitent de se noyer dans la masse. "Nigdy i nigdzie", invoquant presque l'esprit du Shining suédois, reste symptomatique de ce que je viens d'évoquer : un titre long, qui rend hommage à ses racines purement classiques tout en les transformant, en cherchant à y incorporer des éléments nouveaux. Une complexité du fond plus que de la forme, des nappes bruitistes et du jeu décalé plutôt que du riffing véloce et des plans de batterie impossibles à suivre. Si "W melancholii" avait dérouté, Si "Halny" avait pu lasser par sa longueur et ses interludes presque Jazz, "Nocel" réussit à stabiliser le contenu instable de ces deux composés, en en raccourcissant la longueur, en en structurant la moëlle par des rythmiques à part entière plutôt que par des explosions éparses.

Un sans-faute ? Presque, mes amis, presque. "Nocel" est la réalisation la plus longue de Furia, une heure au compteur. Et, malheureusement, elle manque un petit peu d'accélérations épiques qui faisaient toute la saveur de "Grudzień za grudniem". Si l'ensemble reste très poignant, toujours très touchant, quelques agressions primaires, quelques attaques un peu plus violentes n'auraient pas été de refus. Furia a voulu synthétiser expérimentations et classicisme, et l'alchimie fonctionne. Néanmoins, "Nocel", malgré son excellence qui le classe dans le haut du panier des sorties de l'année dernière, manque de mordant. Raccourcir le très long "Niezwykła nieludzka nieprzyzwoitość" aurait permis de retrouver la superbe des riffs classiques de "-" ou le poids de l'écrasant "Są to koła" (tous deux figurant sur l'album "Marzannie, królowej Polski"). Quoiqu'il en soit, le Furia cuvée 2014 reste un album d'une indéniable qualité, qui supporte le poids des écoutes successives et nécessitera un déshabillage attentif pour en capter toutes les teintes, en palper toutes les textures. Le léger manque de punch est bien vite rattrapé par les nombreux moments forts que comporte le disque.

DONNEZ VOTRE AVIS

Vous devez être enregistré(e) et connecté(e) pour participer.

AJOUTER UN COMMENTAIRE

 
Vous devez être enregistré(e) et connecté(e) pour participer.
Furia
Black Metal
2014 - Pagan Records
notes
Chroniqueur : 8.5/10
Lecteurs : (2)  8/10
Webzines : (5)  7.39/10

plus d'infos sur
Furia
Furia
Arte à 2h du matin - 2003 - Pologne
  

tracklist
01.   Opętaniec  (05:38)
02.   Ptaki idą  (06:42)
03.   Zamawianie drugie  (03:50)
04.   Niezwykła nieludzka nieprzyzwoitość  (13:19)
05.   Nigdy i nigdzie  (08:12)
06.   My bełkoczą  (09:50)
07.   Beze mnie  (04:32)
08.   Ogromna noc  (07:49)

Durée : 59:52

line up
parution
16 Octobre 2014

voir aussi
Furia
Furia
Guido (EP)

2016 - Pagan Records
  
Furia
Furia
W śnialni

2021 - Pagan Records
  
Furia
Furia
Księżyc milczy luty

2016 - Pagan Records
  
Furia
Furia
Grudzień za grudniem

2009 - Pagan Records
  
Furia
Furia
Marzannie, królowej Polski

2012 - Pagan Records
  

Essayez aussi
Ad Mortem
Ad Mortem
In Honorem Mortis

2024 - Purity Through Fire
  
Gharmelicht
Gharmelicht
Gharmelicht

2020 - Cultus Caliginous
  
Mayhem
Mayhem
Daemon

2019 - Century Media Records
  
Prieuré / Vermineux
Prieuré / Vermineux
Split (Mini-Split)

2023 - Purity Through Fire
  
Lvpvs Infestvs
Lvpvs Infestvs
Post Fata Resvrgo

2009 - Black Shirts Records
  

Vader
Blood (EP)
Lire la chronique
Terminal Violence
Moshocalypse
Lire la chronique
Mass Disorder
Hupokrisis (EP)
Lire la chronique
Oozing Wound
We Cater To Cowards
Lire la chronique
Lifeless Dark
Forces Of Nature's Transfor...
Lire la chronique
La photo mystère du 16 Décembre 2024
Jouer à la Photo mystère
Refore
Illusion of Existence
Lire la chronique
Dunkell Reiter
Thrash Never Dies
Lire la chronique
Agressor
Towards Beyond
Lire la chronique
La photo mystère du 1 Décembre 2024
Jouer à la Photo mystère
The Black Dahlia Murder
Servitude
Lire la chronique
Prestige
Reveal the Ravage
Lire la chronique
Witches
The Fates
Lire la chronique
La photo mystère du 16 Novembre 2024
Jouer à la Photo mystère
La photo mystère du 1 Novembre 2024
Jouer à la Photo mystère
Deceased
Children Of The Morgue
Lire la chronique
Enforced
A Leap Into The Dark (EP)
Lire la chronique
Muscadeath 2024
Lire le biographie
Ireful
Agents Of Doom
Lire la chronique
Muscadeath 2024 Jour 2
Aborted + Ad Patres + Disfu...
Lire le live report
Scumripper
For A Few Fixes More
Lire la chronique
La photo mystère du 16 Octobre 2024
Jouer à la Photo mystère
Morbid Saint
Swallowed By Hell
Lire la chronique
Machete Law
Chains of Despair (EP)
Lire la chronique
Scolopendra
Citadel Of Torment (EP)
Lire la chronique
Aggressive Perfector
Havoc At The Midnight Hour
Lire la chronique
La photo mystère du 1 Octobre 2024
Jouer à la Photo mystère
Armoros
Pieces
Lire la chronique
Laceration
I Erode
Lire la chronique
La photo mystère du 16 Septembre 2024
Jouer à la Photo mystère
Überserker
Ineffable Force of Will
Lire la chronique