Souvenez-vous de
"Shame", album Ô combien réussi dont je vous vantais les richesses il y a quelques semaines. Imaginez l'impatience des fans de No Omega, qui avaient été proprement soufflés par la puissance de feu de cet album, sorti de nulle part et qui avait réussi à mettre tout le monde d'accord. Suivi de plusieurs tournées à l'international pour le défendre, les Suédois reviennent avec un court EP de 17 minutes, sobrement intitulé "Occupants". Artwork énigmatique, durée cruellement faible... Le No Omega véhément de
"Shame" se serait-il reposé sur ses lauriers, n'offrant qu'un piètre os à ronger à ses plus ardents défenseurs ?
Loin de moi l'idée de vouloir jouer le Voici de l'extrême, mais ce choix de format court peut s'expliquer de bien des manières : l'épuisement dû au rythme des tournées (il suffit de regarder leur page Facebook pour comprendre qu'ils sont partout, tout le temps), le manque de temps à consacrer au studio, manque d'inspiration après avoir tout vidé dans
"Shame" et "Metropolis"... Les Suédois auront préféré faire court, mais simple, plutôt qu'un format long qui n'aurait qu'un goût de semi-réussite. Un choix judicieux, puisque le bien-nommé "Occupants" va très certainement s'installer durablement dans votre platine. Les cinq déflagrations le composant se plaçant encore un cran au dessus de son prédécesseur.
Un réel effort a été fourni sur le travail du son.
"Shame" pêchait parfois par un manque de clarté dans les parties rapides : l'ensemble des instruments se mélangeait de façon pas toujours digeste, formant un mur compact où il devenait difficile de comprendre ce qui se passait. La batterie bénéficie, cette fois-ci, d'un véritable traitement de faveur par rapport aux autres instruments. Un son qui claque aux tympans, évitant l'écueil du "synthétique" et de la compression pour dispenser rythmiques fracassantes ("Passing") et parties bien plus subtiles ("Takers"). Guitares compactes, basse perceptible en arrière-plan (enfin !), les armes sont prêtes et affûtées. No Omega ne s'encombrera pas d'introduction ou de sonorités superflues, "Occupants" sonnant plus comme la lutte acharnée d'un homme contre la vie que
"Shame", qui baignait dans une atmosphère complètement désespérée. Là est la principale différence entre les deux albums. Le long-jeu est à dominante Hardcore quand son petit frère préférera s'orienter vers le Screamo.
Son côté tragique n'est là que pour souligner une beauté sans commune mesure, mélancolique, fragile. Le chant a d'ailleurs évolué, se muant en hurlements plus rageurs que suicidaires. Contrairement à ce que l'artwork pourrait indiquer, "Occupants" est un disque urbain. A écouter de nuit, à la lueur des lampadaires, dans l'une de ces grandes villes polluées et froides. No Omega clippe d'ailleurs toujours sensiblement les mêmes choses : l'errance entre les grands ensembles. Là ou l'âme en peine de
"Shame" était vouée à se laisser mourir, celle de "Occupants" cherchera plutôt à détruire les murs. "Man/Monster" (qui se voit sublimée par l'intervention du chanteur de This Gift Is A Curse) et ses rythmes taillées pour faire se déchaîner le pit, "Takers" dont les coups de boutoir rythment la fuite vers des horizons plus cléments, ou encore "Comfort". Dernière piste de l'EP, elle est la parfaite synthèse du savoir-faire des Suédois. Batterie démente, guitares écrasantes, mais aussi riffing cristallin, jeu plus en retenue. Sur 17 minutes, No Omega prouve sa maîtrise musicale et sa capacité à tisser des atmosphères toujours différentes, entre tristesse et énergie, entre uppercut frontal et ambiances plus rampantes.
"Occupants" est une réussite, souffrant simplement d'une durée bien trop faible, tant l'ensemble est convaincant. Gageons que les Suédois gardent le cap pour nous offrir un deuxième full-length qui place, encore une fois, la barre un cran au dessus.
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