Pyramids - A Northern Meadow
Chronique
Pyramids A Northern Meadow
Un line-up de folie. C'est la première chose qui m'a frappé lors de la découverte de Pyramids. En plus d'avoir déjà quatre membres réguliers – sur lesquels je n'ai pas trouvé d'information – le quator Texan, pour son premier album faisant suite à un split avec Nadja a recruté. Et leur DRH est sans conteste un caïd de la discipline puisqu'il a recruté Colin J. Marston (Krallice / Gorguts / Dysrythmia), Vindsval (Blut Aus Nord) et William Fowler Collins, collaborateur reconnu pour son travail avec Isis ou Horseback. L'idée ? Elle est relativement simple : mélanger du Black Metal avec du Shoegaze le tout soupçonné de quelques touches de Drone, d'Avant-Garde et d'une petite lichette d'Industriel. Seulement, tout le monde sait que réussir quelque chose de simple est franchement compliqué...
Lâcher ce genre d'annonce, c'est bien mais encore faudrait-il que cette histoire ne soit pas qu'un feu de paille devant sa popularité à une liste de types réputés enchaînés au patronyme du groupe et à un label en vue (Profund Lore, toujours dans les bons coups). Avec ce genre de projet, on en attends forcément beaucoup. Déjà, on voit Blut Aus Nord ce qui nous oriente vers quelque chose d'expérimental et de très marqué. Deuxio, on voit Krallice et là, même constat puisque la formation de Brooklyn possède un style très particulier. Quand on sait en plus que la formation a collaboré avec Cocteau Twins ou Der Blutharsch, la somme d'influence à digérer comment à peser méchamment dans la balance. Pour les quatre membres de départ constituant Pyramids, le but du jeu et de réussir à tirer le meilleur des nouvelles recrues dans l'optique de servir et de peaufiner la musique. Et ce dont on va très vite s'apercevoir, c'est que certains petits nouveaux sont relativement omniprésents.
Dès le premier titre, nommé « In Perfect Stillness, I've Only Found Sorrow », un détail frappe : la batterie. Cette percussion de fond est reconnaissable entre mille puisque c'est celle de « MoRT », ou de « The Work Which Transforms God » ou encore de « 777 – The Desanctification ». Pour faire simple, c'est celle de Blut Aus Nord et elle sera présente pendant toute la partie. D'ailleurs on notera également quelques réminiscences de Vindsval dans les guitares parfois distordues. D'ailleurs, elles sont également Kralliciennes à certains moments (« I Have Four Son, All Named For Men We Lost To War »), quoi de plus logique me direz-vous. Autant ne pas se mentir, on a très peur au premier abord que ce « A Northern Meadow » ne soit qu'un vulgaire copié-collé d'influences sans fondement autre que de rendre un énième hommage à des formations qui y sont habituées. Heureusement non, un élément original, novateur et faisant clairement office de déclic à l'appréciation de Pyramids s'enclenche dès la première piste...
Ce déclic, c'est le chant. Intégralement en clair, il surplombe l'opus avec ses déclamations lancinantes et réverbérées. On pense un peu à un Enslaved à qui on aurait ôté le côté évident des mélodies. Ce qui est sûr, c'est que l'ambiance est nettement plus proche de la potence que de la plage ou des étoiles dans les lignes de chant. Véritablement mélancoliques et plombées, elles apportent au disque une patte personnelle profonde. Sachant se faire doucereuse autant que légèrement révoltée, la voix semble chercher une sorte d'ascèse dans le calme et la plénitude. Comme si on tentait d'effacer des gravures antiques qui nous - êtres humains -, rappellent beaucoup trop nos pêchés passés. « I'm So Sorry, Goodbye » transcrit parfaitement ce sentiment de regrets illustré par une instrumentale bancale mais délicate et sublimée par les enchevêtrement mélodiques qui clôturent le titre.
« A Northern Meadow » est une ode à la nature perdue, écrasée par tant d'années de pulsions et de désirs de l'humanité. Piétinée mais cherchant à s'élever, à renaître comme une chose nouvelle, plus forte, plus résistante aux ravages quotidiens. Ne s'étendant pas trop sur une durée hors-limite qui pénaliserait son écoute, le disque s'enchaîne comme une formidable ballade parfois empreinte d'un peu de légèreté mais majoritairement voûtée sous le poids du temps, de la condition humaine et de la toute puissance naturelle. Une sorte de film en Super 8, légèrement vieilli mais respirant à plein poumon l'air du temps. Il y a de ça, pour sûr.
Alors Pyramids ? Un Blut Aus Nord encore plus naturaliste ? Un Krallice suffisamment dilué pour ne pas se paumer dans le ciel ? Non, Pyramids, c'est autre chose qu'une simple compilation de sonorités. « A Northern Meadow » est définitivement un tout indivisible, qu'on ne peut comprendre, concevoir et apprécier qu'en tant que tel. À mi-chemin entre le Sturm Und Drang et la douce quiétude d'une nuit hivernale et silencieuse, la formation Texane fait son chemin. Un choix des plus intéressant qui préfère s'arrêter après la fin, ne pas en faire pas assez et se contenter d'être brut. Bizarrerie ? Sûrement, mais ce qui est sûr, c'est que Pyramids n'a pas fini de faire son cinéma...
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