Ether - Hymns of Failure
Chronique
Ether Hymns of Failure
Je n’aime pas mettre des bonnes notes à la suite. Parce que si je mets trop de bonnes notes, le sens de la qualité se perd. Si je donnais au moins 8 sur 10 à tout ce que je chronique je donnerais l’impression d’aimer tout et n’importe quoi. Et pourtant j’en suis déjà en 2015 à avoir recouvert de louanges MARDUK, GLACIATION et plus récemment NYSEIUS. Mais c’est un fait, l’année est riche en surprises et me mène de plaisir en plaisir, de talent en talent.
Et cette fois-ci, c’est ETHER qui est parvenu à me marquer suffisamment pour que la note explose. Je connaissais pourtant déjà le groupe canadien grâce à son précédent album, son premier, un Depraved, Repressed, Feelings qui avait titillé la curiosité des fans de la scène québécoise avec un black à tendances dépressives encore imparfait mais prometteur. Seulement il aura fallu attendre 7 ans pour qu’une suite arrive enfin, il était donc prévisible qu’une telle période de battement ait vu l’unique membre, Scythrawl, avoir d’autres envies et murir. Il a pris son temps pour créer, composer et peaufiner ses nouveaux gros bébés. Oui, de « gros » bébés car même s’il n’y en a que 6, ils font entre 9 et 23 minutes pour un total de 89 minutes. Je dirai d’ailleurs que c’est là le seul défaut notable de cet album, avoir imposé des conclusions à rallonge à chaque titre et ainsi obligé l’album à tenir sur deux CD. La palme revient à « Isolation » qui ne fait pas du tout les 23 minutes annoncées, mais s’arrête au bout de 14 pour laisser place à 9 minutes de sons légers en fond. Toutes ces conclusions ont pourtant un objectif, atteint, qui est de faire retomber la pression avant un nouveau morceau, histoire de recréer des ambiances de zéro à chaque fois. C’est juste d’un côté pratique que l’on trouvera dommage que tout ne tienne pas sur une seule galette à cause de bruits du vent interminables (« Coldness »).
Place maintenant à ce qui est positif, et là il y a encore plus à dire. ETHER sort un album fort, très très chargé émotionnellement. Mais attention, pas dans l’étiquette black dépressif classique tel qu’on l’imagine. ETHER utilise un nombre incroyables de palettes musicales et vocales pour transmettre des sensations torturées, douloureuses, mais aussi fragiles et teintées d’un espoir vain. J’en entends déjà qui grognent : « le black, c’est la force, c’est la HAINE, c’est du caca dans ta bouche, pas des geigneries ! ». Comme si ces sentiments étaient innés et ne venaient de nulle part... Il y a toujours quelque chose qui a déclenché la haine, et c’est généralement une déception du monde, un mal-être, la misanthropie. Et ETHER fait ressentir tout cela. Avec un talent monstre et des nuances très variées d’une piste à l’autre.
Le premier titre, « Failure » met tout de suite la barre très haute. C’est sûr et certains, la première fois que vous l’écouterez, vous serez obligé de marquer un temps d’arrêt. Vous allez être happé par la musique nerveuse et envolée. Elle est dingue, venue de loin, de très loin du fond des tripes. Elle est surmontée de mélodies qui transpercent le coeur et surtout de vocaux hurlés comme s’ils provenaient d’un homme acculé, criant au secours. Ils sont terrifiants, tout aussi habités par la folie que ceux de Necropiss de THE ARRIVAL OF SATAN. Ce titre est un hymne au mal-être, il est d’une profondeur remarquable.
Mais le plus incroyable sur cet album, c’est que les 5 autres morceaux ne lui ressembleront pas et ne se ressembleront pas entre eux non plus. Le point commun de toutes les pistes est l’extrêê tension qui s’en dégage. Ce ne sont pas des compositions, ce sont des morceaux de chair humaine crachés au visage. « Enmity » est plus rugueux, avec là encore des parties supersoniques qui coupent le souffle. C’est le seul titre qui n’a pas d’ambiance plaintive, et au contraire il est celui qui essaie de sortir le tête de l’eau, prenant l’auditeur à la gorge, essayant de lui faire croire qu’il lui reste assez de force pour l’anéantir, à la façon de DODSFERD en somme. Mais il ne pourra plus se tenir totalement debout à partir de « Coldness ». ETHER assume tout, ses doutes, ses faiblesses, ses envies aussi. Alors oui, « Coldness » est très dépressif mais il ne se contente pas de faire comme les autres une musique mid-tempo plombée de cris pleurnichards, il se permet des effets de voix claires et trouve les accélérations qui tuent. Les poils se hérissent et pointent même vers le ciel à la 7ème minute... Je n’avais plus ressenti ce sentiment depuis HELLSAW et l’album Trist.
Et les surprises ne sont pas finies, elles ne font même que commencer, les 3 autres morceaux sont aussi intenses... INTENSES, c’est bien l’un des adjectifs qui collent le mieux à ce Hymns of Failure qui tentent beaucoup de choses et les réussit toujours, que ce soit des choeurs, des claviers, des variations de timbre, des samples... Cet album prend place au panthéon des groupes qui savent être tout aussi agressifs que torturés, jouissifs et dérangeant... et il va vite être installé aux côtés de THE ARRIVAL OF SATAN, DODSFERD et HELLSAW !
Pour ceux qui qui ne connaissent pas :
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