Depuis la sortie de leur première démo (
His Best Deceit) en novembre 2013, les Belges de Possession enchainent les sorties à un rythme pour le moins régulier. Un peu plus d’un an après un 7" intitulé
Annaliese, le groupe revient donc à la charge avec un nouveau EP au titre énigmatique. Quel évènement mystérieux se cache ainsi derrière ces deux dates? Mes premières recherches sur Google n’ont rien montré de probant puisque c’est le nom de Thomas Howard (14ème comte d'Arundel) qui m’a été proposé. Après lecture de la page Wikipédia qui lui est consacré, il paraissait évident que je faisais fausse route. Une nouvelle tentative m’a finalement mise sur le droit chemin puisque ces dates sont également celles de la naissance et de la mort d’Adrienne d'Heur, brûlée vive à Montbéliard pour sorcellerie.
Après la vie tourmentée de la jeune Annaliese Michel, Possession s’intéresse cette fois-ci à un autre personnage féminin victime de cette chasse aux sorcières qui a marqué toute l’Europe (dont la France) à partir de la Renaissance (XVI siècle). Chaque titre va ainsi illustrer une étape bien particulière ("Obsscurity - Visitation" / "Ceremony" / "Guilty" / "Ablaze"). Pour illustrer cette nouvelle offrande, le groupe à une fois de plus fait appel aux services de Chris Moyen qui livre ici un artwork particulièrement réussi dont on retiendra notamment ce Diable en armure tenant par les pieds un enfant prêt à être sacrifié.
Adepte d’un Black/Death old school extrêmement primitif et bas du front, Possession reprend là où il s’était arrêté il y a un peu plus d’un an. Pas de suspens inutile puisque les Belges maintiennent le cap qu’ils s’étaient fixé dès le départ, s’inspirant toujours autant de la scène sud-américaine de la fin des années 80. Mais malgré le caractère frontal et répétitif de sa musique, Possession est un groupe qui aime également prendre son temps en invitant notamment l’auditeur à pénétrer son univers à l’aide d’introductions toujours particulièrement bien senties (à l’exception du EP
Annaliese qui en est exempt).
A l’occasion de
1585-1646, le groupe n’a pas fait les choses à moitié et propose avec "Obscurity - Visitation" un titre en trois parties de plus de neuf minutes. La première (de 0:00 à 2:41) sert ainsi de base introductive, plongeant très rapidement l’auditeur dans une ambiance médiévale inquiétante (comme le suggère déjà l’artwork de Chris Moyen) à coup de samples (vent, pluie, tonnerre, chevaux hennissants dont les sabots résonnent sur le pavé, chant monastique, cloches menaçantes, femme qui pleure...). Seuls les trois premiers éléments (vent, pluie, tonnerre) demeurent en arrière-plan alors qu’arrive en fade-in un riff sournois et aliénant marquant le début de la deuxième partie. Celui-ci, accompagné par quelques frappes tout d’abord sporadiques puis petit à petit plus rythmées, va alors répéter le même pattern pendant plusieurs minutes (jusqu’à environ 6:30) tout en prenant soin de se développer avant de finalement laisser sa place dans un bruissement de cymbales et un roulement de toms à une dernière partie bien plus directe et agressive.
On retrouve alors tout ce qui faisait déjà le charme des deux précédents enregistrements de Possession à savoir un Black/Death particulièrement aliénant, sublimé une fois de plus par des riffs extrêmement répétitifs ("Guilty" étant très probablement le meilleur exemple). Si certains y verront très certainement un signe de faiblesse, j’y vois plutôt pour ma part le désir sadique de rendre complètement fou l’auditeur, lui martelant ainsi avec insistance la même séquence jusqu’à lui faire définitivement ployer le genou. Ce caractère répétitif et pour le moins primaire est néanmoins contrebalancé par quelques breaks rendus justement encore un peu plus efficaces par cette très nette cassure qu’ils viennent signifier. En effet, comment ne pas tout casser lorsqu’après plusieurs minutes de riffs noirs et aliénants, Possession vient briser cette « routine » malfaisante à l’aide de séquences souvent pleines de groove (notamment le début de "Ceremony" - qui vient rompre avec les trois dernières minutes de "Obscurity - Visitation", "Guilty" à 3:01 et enfin cette dernière partie sur "Ablaze" à partir 3:52?
Si la production est une nouvelle fois signée des mains de Phorgath (Enthroned), on notera une légère évolution dans le rendu du chant de Mestema qui semble ici user de moins de réverb qu’auparavant. Sa voix arrachée et bestiale prend alors davantage d’ampleur, trouvant ainsi sa place au premier plan là où elle était auparavant plus en retrait. Un choix qui ne change en rien l’atmosphère old school qui habite chaque seconde de ce nouveau EP mais vient donner peut-être davantage de poids à cette voix machiavélique (d’ailleurs toujours épaulée par quelques backings).
"Le Diable marche avec moi". C’est sur ces quelques mots sans équivoque que se clôture
1585-1646, nouvelle sortie toujours aussi redoutable et convaincante des Belges de Possession. Rien de neuf sous le soleil, c’est vrai, mais ce n’est pas vraiment ce qui importe ici. Non, ce qui compte c’est bien la capacité de Possession à livrer des brûlots Black/Death puant la mort et le souffre. Et à ce petit jeu-là, les Belges n’ont de leçon à recevoir de personne.
1585-1646 s’impose donc comme le digne successeur de
His Best Deceit et
Annaliese. On espère maintenant que la suite se fera sous la forme d’un album. En attendant, sachez que la version CD qui sortira dans quelques jours sur Invictus Productions offrira également en guise de bonus les deux titres du EP
Annaliese. S’il vous fallait une raison supplémentaire pour mettre la main sur
1585-1646, vous l’avez désormais.
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