La passion du Christ, chapitre 2. Pour ce deuxième et dernier volet paru cette fois-ci chez Iron Bonehead Productions, Possession s’est associé aux Bretons de Venefixion pour un split intitulé
Passio Christi Part II / Necrophagous Abandon. Comme on ne change pas une équipe qui gagne et dans un souci évident de cohérence, le groupe originaire de Bruxelles à sollicité pour la nième fois consécutive les talents de l’illustrateur français Chris Moyen. Si la thématique est aujourd’hui usée jusqu’à la corde, elle reste diablement efficace et évocatrice (petite subtilité pour ceux qui possèderaient les dits objets, sachez que les deux artworks mis côté à côte représentent en fait une seule et même pièce). Du côté de Venefixion, le groupe a souhaité lui aussi renouer avec un artiste avec qui il avait déjà collaboré par le passé. C’est en effet Jack Welch aka SeventhBell Artworks (on lui devait déjà la pochette de
Defixio) qui signe ici l’illustration située au verso et visible ci-contre moyennant deux clics de votre part. Un travail bien plus coloré mais tout aussi malveillant dans ce qu’il dégage.
Maitre de cérémonie jusqu’au bout, Possession lance à nouveau les hostilités avec là encore trois morceaux inédits dont une introduction tout en cloches qui rappellerait presque que les fêtes de Noël arrivent à grands pas... Si on lui préférera celle de
Passio Christi Part I / (Beyond The) Witch's Spell, elle reste néanmoins extrêmement bien fichue, ayant pour elle une fois de plus cette ferveur religieuse sous laquelle couve quelque chose de terriblement mauvais et menaçant. Cette fois-ci à l’opposée de ce que le groupe proposait sur le premier volet, Possession se lance dans les débats à travers un titre extrêmement direct puisque torché en à peine plus de trois minutes. Une mise à mort immédiate, sommaire et d’une rare intensité réalisée sans grande surprise à coups de riffs simples et répétitifs (et ce n’est pas un défaut en ce qui me concerne) dont émanent une atmosphère absolument diabolique. On appréciera également de pouvoir entendre ces trémolos infernaux qui, au-delà de la simple présence de S. Iblis au line-up, ne sont pas sans faire le lien entre la musique de Possession et celle des excellents Saqra’s Cult. Enfin, on peut également évoquer les quelques leads entamés en fin de parcours qui permettent justement d’étoffer quelque peu ce riffing aliénant.
Avec "Stabat Mater", Possession se lance cette fois-ci dans un long morceau de plus de huit minutes. Si le titre débute sur un mid-tempo plutôt enlevé, le groupe accélère par contre très vite la cadence (0:58) le temps d’une séquence punitive menée le crucifix entre les dents. Pris de court, l’auditeur appréciera de voir les Belges calmer le jeu à nouveau sur une rythmique chaloupée (1:38) avant de repartir de plus belle (2:54) pour une séance de blasts sur fond de guitares aux mélodies d’abord lointaines et voilées puis beaucoup plus précises et... aériennes (de 3:48 à 4:44) ! Décidément, Possession surprend (et s’en sort merveilleusement bien) lorsqu’il se lance dans ce genre de titres à rallonge. Après un fade-out réussi (oui, certain arrivent à louper l’exercice), on va retrouver ces voix féminines et religieuses qui d’une certaine manière vont faire office de point final à cette passion du Christ en deux parties.
Enfin pas tout à fait puisque nous n’avons pas encore abordé le cas des Bretons de Venefixion qui prennent ici le relai le temps de trois nouveaux morceaux que les amateurs de Death Metal à l’ancienne attendaient de pied ferme. Enfin, "trois" pas tout à fait et "nouveaux" non plus puisque le premier est une introduction (très bien fichue au demeurant) signée du "nouveau" guitariste Reiðō Zweit Eveno à base de piano, de nappes de synthétiseur et de voix fantomatiques perdues dans les brumes du cimetière de l’Est et que le troisième est en fait une reprise des Suédois de Grotesque ("Ripped From The Cross"). La seule véritable nouveauté ici, outre ce line-up largement remanié (bienvenue à Reiðō Zweit Eveno (Hexen Holocaust), Max Abomination (Nuclear Abomination) et R. Cadaver (Cadaveric Fumes, Scumslaught)), c’est donc le titre "Necrophagous Abandon" sur lequel on va retrouver un Venefixion en très grande forme. Dans la lignée de ses travaux précédents, le groupe va nous offrir une leçon de Death Metal largement inspirée par Repugnant et toute la clique de formations ayant marché dans son sillon (Necrovation, Verminous, Beyond...). Ainsi, passé cette introduction qui va permettre d’installer un climat beaucoup plus horrifique que blasphématoire, le groupe va naturellement y aller franco, balançant ses riffs putrides et nauséabonds avec tout l’intensité que l’on est en droit d’attendre d’une telle formation. Du côté de la batterie, K. Desecrator donne la mesure sans jamais flancher, martelant ses fûts avec cette énergie Punk et cette conviction qu’on lui connait. Enfin, si certains ont peu avoir quelques appréhensions suite au départ de F. Goathroat, c’est oublier l’excellent travail que fait déjà Romain au sein de Cadaveric Fumes. On va ainsi retrouver cette même voix écorchée et possédée qui sied à merveille à cet univers poussiéreux et obscure que cultive Venefixion à travers ses paroles où la mort rôde toujours et ou les créatures et autres sorcières du folklore breton prennent vie ! Argh !
À la manière de Spite, le groupe va conclure sa participation à ce split avec une reprise du fameux "Ripped From The Cross" de Grotesque. Comme on pouvait s’en douter, cette relecture de Venefixion reste particulièrement fidèle à l’originale, conservant en premier lieu toute l’intensité de ce morceau mené déjà à l’époque pied au plancher. Si on aurait bien évidemment préféré un titre écrit et composé par Venefixon, on saura néanmoins apprécier le clin d’oeil fait à ce groupe suédois dont l’influence chez d’autres formations de Death Metal est malheureusement bien trop souvent passée sous silence encore aujourd’hui. Allez, comem dirait Kickback, kenavo les bouseux !
En ce qui concerne Possession, je pourrais faire un copier/coller des quelques mots posés en guise de conclusion au premier volet de cette doublette fort sympathique tant le constat reste ici le même. Si la formation originaire de Bruxelles n’a jamais brillé par son originalité ni par sa grande diversité c’est parce que ces deux critères n’ont absolument pas lieu d’être ici. Chouiner sur la simplicité de ces riffs ou bien encore sur le caractère répétitif qu’ils peuvent revêtir n’a aucun sens dans la mesure ou c’est bien ce qui fait le charme de Possession. Ceci étant, ces deux sorties simultanées prouvent que le groupe est tout à fait capable de sortir de sa zone de confort ou en tout cas d’élaborer davantage ses compositions et de leur apporter en passant un poil plus de relief et de profondeur. Si les Belges sont capables d’aller encore sur ce terrain pour leur prochain album, on risque bien de se régaler. Pour ce qui est de Venefixion, il ne fait une fois de plus aucun doute que le groupe à tout ce qu’il faut pour figurer parmi les meilleurs formations du genre encore en activité. Certes, avec le retour particulièrement convaincant de Bastard Priest et celui annoncé de Death Breath la concurrence risque d’être rude mais le groupe à quelque chose que les autres n’ont pas, ses origines bretonnes et cet attachement au folklore de sa région qui, forcément, me parle énormément. Enfin quoi qu’il en soit, un album en bonne et du forme serait désormais le bienvenue !
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