Après une démo (
His Best Deceit) et deux EPs (
Anneliese et
1585-1646), beaucoup attendaient de Possession qu’il revienne avec un premier album. C’est aujourd’hui chose faite avec la sortie il y a seulement quelques jours d’
Exorkizein sur Invictus Productions et Iron Bonehead Productions, deux labels qui accompagnent le groupe belge depuis ses tout premiers balbutiements en 2012.
Cet album marque également la première sortie officielle du groupe avec son nouveau line-up. En effet, courant 2015, Mestema quittait la formation laissant ainsi le poste de chanteur vacant. Il sera alors remplacé par le bassiste V. Viriakh qui, s’il chantait déjà en complément de Mestema, va désormais assurer ce rôle à plein temps. Pour le remplacer à la basse, Possession va faire appel aux services de S. Iblis des excellents Saqra’s Cult. Un line-up scellé autour d’un album illustré pour la deuxième fois consécutive par Chris Moyen qui, après un bébé pendu par les pieds par un chevalier en armure prêt à le sacrifier, rend hommage à la ville dont est originaire Possession en faisant figurer sur l’artwork la Cathédrale Saints-Michel-et-Gudule de Bruxelles (dominé d’ailleurs par ce même chevalier).
En dépit de ces allers et venues, on ne peut pas dire que le Black/Death de Possession ait particulièrement évolué au fil des années. Sans surprise, les Belges persistent effectivement dans cette voie qu’ils ont eux-mêmes tracé et tant pis pour tous ceux qui espéraient naïvement voir le groupe apporter un semblant de fraicheur à sa musique. Il n’y a finalement que le chant de V. Viriakh (accompagné de ces cris lointains sombrant dans un abîme sans fond) qui vient quelque peu trancher avec les précédentes réalisations de Possession. Sa voix, plus grave et profonde, est ici davantage mise en avant à travers une production signée une fois de plus des mains de Phorgath (Blackout studio). Pourtant, malgré une différence de timbre et d’interprétation évidente, la transition avec Mestema ne parait presque pas se faire sentir. Comme quoi…
Exorkizein s’inscrit ainsi comme une suite tout à fait logique aux précédents travaux de Possession. Malgré un riffing simple et répétitif qui pourrait, au moins sur le papier, lui porter préjudice (manque d’originalité, redondance du propos...), on retrouve finalement cette identité si caractéristique qui depuis 2012 fait tout le charme de l’entité bruxelloise. Un riffing aux mélodies sinistres et entêtantes qui, non contentes d’instaurer une atmosphère étrange faite de sentiments religieux contradictoires (ferveur ecclésiastique / possession du corps et de l’esprit), vont s’imprimer au plus profond de notre cortex dès les premières écoutes pour ne plus jamais nous quitter. Un côté immédiat qui rend l’assimilation de ce premier album tout à fait aisé. Bestial et primitif, le Black/Death de Possession n’est donc pas de celui qui prête à la réflexion et au recueillement mais invite plutôt à la baston générale.
Une idée du chaos et de la violence mise en exergue par des séquences mid-tempo particulièrement bien amenées ("Sacerdotium" à 2:09, "Infestation - Manifestation - Possession" à 2:58) qui viennent rompre avec ces riffs répétés jusqu’à plus soif en apportant souvent un groove ("Beast Of Prey", "Take The Oath") face auquel il ne faut pas espérer résister (ces dernières minutes de "Preacher’s Death" que vous passerez à headbanger tranquillement mais sûrement). Possession y trouve ainsi le moyen de casser le rythme tout en amenant l’auditeur à péter les plombs sur des passages où les cervicales seront mises à mal encore et encore et encore... Il n’y a que les titres "In Vain" et "Preacher's Death" qui suivent tous les deux un chemin opposé en étant essentiellement construits sur des rythmes plus posés qui vont laisser place après quelques minutes à des séquences beaucoup plus rapides et bas du front.
Pour ceux qui se sont déjà penchés avec intérêt sur la question de Possession,
Exorkizein s’inscrit tout naturellement dans la droite lignée de ce que les Belges ont déjà pu produire auparavant. Un Black/Death à la sauce sud-américaine à la fois simple et efficace et qui compense sa nature quelque peu répétitive par des passages particulièrement accrocheurs et une durée relativement contenue (sept titres pour moins de trente-sept minutes). Qui plus est, Possession a très bien su gérer ses problèmes de line-up afin de ne pas entacher cette touche tout à fait personnelle qui fait depuis maintenant quelques années tout son "succès". Tout ça pour dire que l’étape du premier album est aujourd’hui franchie et que, pour le coup, c’est plutôt réussi.
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