On pourra reprocher ce que l’on veut aux Belges de Possession (manque d’originalité, recette répétée ad-nauseam...) mais s’il y a bien un chose que l’on ne leur enlèvera pas, c’est leur dévotion à cet art noir qu’ils exercent depuis 2012 et la générosité avec laquelle ils le pratique. Car si le groupe n’a sorti qu’un seul album depuis sa formation il y a maintenant huit ans, le nombre de sorties annexes ne cesse d’augmenter. De splits en EPs, le groupe a toujours fait en sorte de se rappeler à notre bon souvenir. Dernier coup d’éclat en date, la sortie simultanée de deux splits parus sous les étendards de ses plus fidèles alliés, Invictus Productions et Iron Bonehead Productions.
Intitulé
Passio Christi Part I / (Beyond The) Witch's Spell, le premier de ces deux splits voit les Belges collaborer avec Salspan, leader incontesté puisque seul membre à la tête du groupe américain Spite. Une collaboration qui en soit n’a rien de nouveau puisque les deux groupes s’étaient déjà retrouvés sur le premier volume d’une supposée série intitulée
Evil Spell, Volume I éditée en 2014 par le label new-yorkais Electric Assault Records (Antichrist, Bastard Priest, Occult Burial, Stone Dagger...). Pour illustrer ce premier volet, Possession à fait appel une fois de plus aux talents de Chris Moyen pour une oeuvre qui, forcément, pue toujours autant le blasphème. Du côté de Spite, c’est Rob Curry aka Death Dealer de Vomitor qui signe un artwork lui aussi bien dans le thème du titre inédit ("Beyond The Witch’s Spell") proposé par le one-man band américain (je vous laisse visualiser en grand la pochette à votre droite et cliquer sur la flèche pour admirer le travail de l’Australien).
Possession étant ici le maitre de cérémonie, c’est lui qui va ouvrir le bal avec deux nouveaux morceaux en plus d’une longue introduction religieuse et très cinématographique qui va permettre de planter ce décor ouvertement blasphématoire que cultive les Belges depuis leurs débuts. Passé cette belle mise en situation, Possession va rapidement nous rattraper dans ses filets avec ce riffing mid-tempo entêtant et sinistre dont il a le secret. Une séquence en apparence très monotone mais néanmoins bourrée de petites subtilités à l’image de ces leads en arrière plan qui au-delà d’étoffer l’atmosphère vont également apporter du relief à cette entame diablement efficace. La suite, Possession va la dérouler avec toujours autant de ferveur mais surtout davantage d’intensité. Passé ainsi 2:56, le rythme va s’accélérer franchement à coup de blasts dispensés en quasi-continu sur lesquels vont venir se greffer les riffs simples mais résolument vicieux d’I. Dveikus et S. Iblis passé à la seconde guitare après la sortie d’
Exorkizein en 2017. Cette longue séquence menée le couteau entre les dents sera contrastée par quelques passages bien sentis au groove particulièrement redoutable (à 4:17 et 6:16) avant que ne s’amorce une conclusion à l’atmosphère toujours aussi chargée mais résolument moins tendue.
Avec "Temptatio", Possession ne change bien évidemment pas son fusil d’épaule, laissant plutôt transparaître dès les premières secondes l’influence d’Archgoat sur son riffing ainsi que sur le son de ces guitares particulièrement épaisses. Ce qu’il y a par contre de beaucoup plus surprenant ce tapis de double extrêmement confus (pour ne pas dire buggé) que l’on peut entendre de 0:59 à 1:58. Pour le reste, les Belges mènent leur assaut pied au plancher du début à la fin, offrant néanmoins ce qu’il faut de variations intéressantes (rythme, voix, leads, solos, etc) histoires de rompre un minimum avec la nature répétitive de ces riffs sinistres. Certes, difficile de passer après l’excellent "INRI" mais ce "Temptatio" demeure néanmoins de très bonne facture, dans la droite lignée de ce que Possession a toujours su proposer.
Après cette première partie pour le moins engageante, c’est donc à Spite de prendre le relai. Les présentations n’ayant jamais été faites en ces lieux, sachez qu’il s’agit donc d’un one-man band new-yorkais formé en 2010 par Salpsan de Horns & Hooves et Impure (il fût également durant un certain temps musicien live pour Occultation, Negative Plane et Amulet). À l’occasion de ce split, celui-ci nous propose un titre inédit ("Beyond The Witch's Spell") ainsi qu’une reprise du groupe colombien Manitú ("Cruel Creator"). Le moins que l’on puisse dire à l’écoute de ce premier morceau c’est que celui qui a un temps joué sur les planches en compagnie de Negative Plane semble avoir emporté avec lui un peu (beaucoup) de ce riffing alambiqué et si particulier. En effet, la ressemblance avec le groupe de Nameless Void est relativement frappante dans cette manière qu’a Spite d’amener ces fameux trémolos mélodiques (eux-mêmes largement inspirés par la scène tchèque et un certain Master's Hammer) ainsi que ces roulements de batterie chaloupés au groove pour le moins irrésistibles. Pendant ainsi plus de cinq minutes, Salpsan va nous offrir un morceau dont les atours très classiques (du trémolo qui s’enchaîne à toute berzingue et une batterie qui marque le rythme sans jamais fléchir) cachent en fait une construction et un développement bien plus élaborée qu’il n’y paraît. Un titre particulièrement intéressant qui donne envie de se pencher sur le reste de la discographie de l’Américain.
Pour conclure sa participation à ce split, Spite propose une reprise de Manitú (groupe que je ne connaissais pas jusqu’à présent) qui, bien qu’elle s’avère beaucoup plus primitive dans son riffing et dans ce jeu de batterie particulièrement sommaire, n’en possède pas moins une atmosphère bien particulière. On va en effet y retrouver ce qui fait le charme de ces productions sud-américaines des années 90 (ce côté dépouillé et primitif) avec, pour finir, un sursaut mélodique fort sympathique qui va relever le morceau comme il se doit. S’il n’est pas dit que j’aille découvrir la discographie du groupe Colombien, mettre en lumière ainsi un groupe si méconnu est en soit une très bonne chose.
Premier split de cette série qui en compte deux, on retiendra d’abord de Possession cette introduction particulièrement bien fichue et ce premier titre qui s’en suit et qui du haut de ses huit minutes prouve bien que le groupe belge est tout à fait capable de produire un Black Metal varié et intense en dépit d’un riffing qui, rappelons-le quand même, tire son efficacité de son côté sommaire et répétitif. S’il reste de très bonne facture, frappant là où ça fait mal, "Temptatio" s’inscrit dans une démarche moins approfondie et plus proche de ce que le groupe faisait déjà auparavant. Du côté de Spite, on s’en sort également très bien avec un premier morceau très inspiré par les excellents Negative Plane ainsi qu’une reprise plus "facile" mais non moins habitée. Dans tous les cas, en dépit d’un format souvent boudé, cette collaboration s’avère sans surprise être une franche réussite. En sera-t-il de même pour le deuxième volet de cette série en compagnie de Venefixion ? La suite au prochaine épisode (quel teasing de déglinguo...).
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