With The Dead - With The Dead
Chronique
With The Dead With The Dead
Tim Bagshaw. Lee Dorian. Mark Greening. Forcément, j'attendais beaucoup d'une telle réunion. Et je n'étais certainement pas le seul : comptant dans leur CV des groupes comme Electric Wizard, Serpentine Path, Ramesses, 11 Paranoias et Cathedral, les membres de With The Dead m'ont tout de suite fait croire qu'ils allaient mettre de l'ordre dans une année 2015 pourtant déjà excellente pour les adorateurs de musiques lourdes et lentes. Un teaser dévoilé quelques temps après l'annonce de la sortie de leur premier album – sur Rise Above évidemment – ne faisait que renforcer ce sentiment, présentant chacun sous sa meilleure nuit. La seule question était de savoir si les identités fortes des Anglais (immédiatement reconnaissables) allaient s'additionner de bonne manière.
Et c'est le cas, With The Dead pouvant à la fois se définir comme une suite logique de la carrière de l'ex-chanteur de Cathedral (dont on retrouve ici des réminiscences du retour au Doom / Death de The Last Spire) et des anciens membres de Ramesses et Electric Wizard. Une alliance qui met peu de temps à montrer son potentiel par un « Crown of Burning Stars » destructeur, délicieusement macabre tout en donnant envie d'écraser des tombes de ses mains. La volonté assumée par Lee Dorrian d'expulser ses émotions les plus noires au travers de références aux films d'horreur des années 60 et 70 se retrouve parfaitement ici, que ce soit dans ces guitares tant baveuses qu'accrocheuses – Tim Bagshaw n'a décidément rien à prouver sur le terrain du riff qui colle aux bronches autant qu'au cerveau, cf. « Living With The Dead » – ou un jeu de batterie pharaonique qui donnera des bouffées de chaleur aux amateurs de Dopethrone.
Un disque qui pioche dans les différents patrimoines des Anglais avec aisance, où les fanatiques viendront pour des raisons multiples selon les morceaux. Ainsi, ceux ne jurant que par le disco-doom de Cathedral iront naturellement vers « Nephthys » et « I Am Your Virus » et leurs refrains où s'imaginer mort-vivant dans un cimetière faisant de ses dalles des dancefloors, tandis que l'homme portant blouson de cuir, grise mine et bottes coquées ira exprimer ses sentences sur les passages autoritaires de « Crown of Burning Stars » et « Living With The Dead » (clairement les meilleurs titres ici). Le tout peut aussi s'apprécier d'un seul trait, comme un retour du trio sur ses origines et ce qui les a influencées (les samples horrifiques disséminés le long du disque).
Si ce goût pour les grands écarts est assez bien rendu pour faire rapidement passer les quarante-deux minutes de ce premier essai, des écoutes répétées montrent que With The Dead semblent chercher une personnalité propre qu'il n'a pas tout à fait. Avec un tel héritage, difficile de donner une patine neuve à des compositions avançant de toute manière en ligne droite vers l'ancien, jusqu'à une production heavy et granuleuse évoquant aussi bien Take The Curse que la période la plus nihiliste d'Electric Wizard.
En résumé, l'addition, bien que réussie, ne permet pas encore la multiplication et c'est bien là le seul véritable reproche qu'on pourra faire à With The Dead, au-delà de quelques moments avançant avec les gros sabots d'un groove pas loin du basique (« The Cross » principalement). Enregistrés rapidement, ces six morceaux sont donc à réserver aux assoiffés regrettant les différentes formations dont le trio est originaire avant toutes choses. En cela, ce premier longue-durée est une petite déception, mais cette dernière passe bien vite devant le plaisir de retrouver les talents de chacun, bien loin d'être aussi moribonds que présentés. Bienvenue chez les morts.
| lkea 30 Septembre 2015 - 1646 lectures |
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